Alias Caracalla
d’un Français libre.
Par moments, je ne comprends pas un mot de son
monologue torrentiel, si ce n’est qu’il ne diffère pas
de ceux qu’il tient sur la résistance de la zone nord.
Avant de me quitter, il me demande d’envoyer
d’urgence un télégramme à * Rex, lui transmettant
ses amitiés et lui annonçant une information explosive : il a la possibilité de faire évader le général
Doyen, l’ancien chef de la commission d’armistice,
ainsi qu’Édouard Herriot, tant espéré par de Gaulle.
Rentré chez moi, j’expédie mon premier télégramme à * Rex, pour lui rendre compte de cette
entrevue : « Dire si seriez intéressés par général Doyen
que pouvons faire évader d’Évaux et Herriot éventuellement nécessité coordonner enlèvement rapidement. »
Avant de me coucher, je ne résiste pas à la curiosité de lire la lettre de De Gaulle à * Rex, dont le
Général n’attendait pas la venue après le voyage de
*Frédéric :
[…] Votre immense tâche est en excellente
voie. […] Je suis sûr qu’une autorité accrue vous
permettra de développer encore plus votre action.
Vous avez toute ma confiance. Nous approchons
du but. Voici l’heure des plus durs efforts. […]
Croyez, mon cher Ami, à mes sentiments profondément dévoués.
Tout y est. Je comprends mieux * Frédéric : * Rex
avait-il besoin de partir ?
Mercredi 17 février 1943
Télégramme de * Rex
Le premier billet que je trouve dans ma boîte ce
matin est de Fassin. Il m’annonce que « tout va bien
entre cour et jardin » : le mot de passe que * Rex m’a
communiqué a été lu hier soir à la BBC, indiquant
que le patron est bien arrivé.
Je reçois d’ailleurs son premier câble aujourd’hui :
« De Rex à Alain ». Il me confirme les noms des résistants que je dois faire partir par opération maritime.
Pour Louis Marin, il me demande d’examiner avec
Frenay si son enlèvement par avion est possible au
cours de la prochaine lune : « Général y tient beaucoup. »
J’adresse immédiatement à Frenay un billet pour
le rencontrer vendredi.
Ce soir, je consulte l’ensemble des documents
envoyés par Londres et décode les instructions à
*Rex. Je constate au déchiffrage que ses pouvoirs
deviennent nationaux et sont étendus à la zone
nord :
2 . — Sur le plan politique , ces attributions
comprennent le monopole de l’action politique
au nom de la France combattante.
3 . — Sur le plan militaire , Rex sera le Président
d’un Comité de coordination de ZO analogue à
celui qui existe déjà en ZN O.
À mesure que je déchiffre ces instructions, je
comprends difficilement la nouvelle organisation,
qui semblait très simple dans le projet de * Rex :
[Le Comité directeur des MUR] coiffant les
deux comités de coordination assurera la représentation des groupements de résistance, des
syndicats et des partis politique s.
Il était prévu que ce Comité de direction aurait
un nombre de membres limité, de l’ordre de huit, et
qu’il ne pourrait donc contenir un représentant de
chaque parti et de chaque groupement de résistance.
Je découvre à la fin ce qui me dérange dans cette
nouvelle organisation de la Résistance :
Le Comité de direction forme l’embryon d’une
représentation nationale réduite, conseil politique du général de Gaulle à son arrivée en France .
Sans connaître ce texte d’André Philip, * Rex a eu
raison d’aller exposer ses principes, qui sont plus
simples que ceux de Londres. Tous les partis et syndicats existants doivent être représentés.
Pour finir, je jette un coup d’œil aux lettres remises par * Frédéric, mais dont il a oublié à Londres les
noms des destinataires. Deux d’entre elles m’intéressent : celle dont je présume qu’elle est adressée à
Léon Blum et celle au Comité central du parti communiste.
À l’ancien chef du gouvernement du Front populaire, le Général adresse une longue lettre, fort différente dans le ton de celles à Ceux de la Libération
ou à Paul Bastid. Le parti socialiste a-t-il tant d’importance dans la Résistance ? Lui qui se plaint, après
avoir poussé ses adhérents à s’y engager, de ne pouvoir obtenir la place qui lui revient de droit. Le
Général ignore-t-il ce détail ?
En tout cas, on voit dans la lettre à Blum le grand
cas qu’il fait de la personnalité de ce dernier : « Nous
connaissons ici votre admirable fermeté.
Weitere Kostenlose Bücher