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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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armée alliée que d’être
battu à nouveau dans une armée française reconstituée. De toutes les manières, ce sont les Anglais qui
ont l’argent et les armes. »

    Beaugé a également remarqué que des informations propagées dans le camp sont relayées et légitimées par certaines autorités françaises : « Mme
Bilcocq s’occupe de la Croix-Rouge et est, je crois,
la femme du consul de France à Londres. Elle circule à travers les groupes et engage elle-même la
conversation. Elle affirme que de Gaulle est prétentieux, qu’il veut nous embarquer dans une affaire
louche et qu’il n’a l’appui de personne. Je lui ai
demandé : “A-t-il déjà des cadres ? Y a-t-il quelqu’un
qui le représente ? Pouvez-vous nous mettre en rapport avec lui ?” Devant mon insistance elle m’a pris
le revers du veston et m’a dit : “Voyons, mon petit,
vous connaissez Blum ? — Les journaux en ont largement parlé ces dernières années. — Eh bien, c’est
la mêmechose 3 ”. »

    Le soir, il me tarde de revoir mes camarades pour
recueillir leurs impressions. Ils me confirment que
la majorité des garçons ne sont pas des volontaires.
Afin de me rasséréner, Berntsen me tend le Daily
Mail d’hier (25 juin), qui a publié une interview du
général de Gaulle avec sa photo en première page.
Il m’en traduit des passages : « Mon seul désir est de
sauver la France de Hitler. […] Si la Grande-Bretagne
est attaquée et qu’elle tient bon, cela suffira à mon
avis pour permettre l’organisation d’une résistance
quelque part en France. » Je ne comprends pas
bien ces derniers mots : pourquoi une résistance en
France ? pour devenir prisonnier des Allemands ?

    Nous apprenons que Le Journal officiel a publié
un décret d’annulation de la promotion au grade de
général de De Gaulle, qui se voit placé à la retraite
par mesure disciplinaire. Si c’est vrai, il n’est donc
plus général dans l’armée d’active. À mes yeux, c’est
plutôt un honneur d’être dégradé par le traître
Pétain.

    Pour finir, le Daily Mail cite un extrait de son appel
du 24 juin :

Ce soir je dirai simplement, parce qu’il faut que
quelqu’un le dise, quelle honte, quelle révolte, se
lèvent dans le cœur des bons Français. […] Mais
si cette capitulation est écrite sur le papier,innombrables sont chez nous les hommes, les
femmes, les jeunes gens, les enfants qui ne s’y résignent pas, qui ne l’admettent pas, qui n’en veulent
pas.

    Quel réconfort après les conversations avec les
défaitistes d’Anerley ! Il prouve que les réfugiés parqués dans l’école ne représentent nullement les
quelques Français qui, après le discours de Pétain,
ont refusé la trahison et se préparent à lutter par
tous les moyens contre les Boches.

    Bien que le journal reste muet sur l’Afrique du
Nord, les nouvelles qu’il donne de l’armée française
en Syrie, dont Weygand a pris la tête, concrétisent
nos espérances. L’empire et la flotte, en dépit de
l’armistice, n’ont pas dit leur dernier mot. Grâce
aux informations du Daily Mail , de Gaulle a enfin un
visage et notre engagement une réalité : Cet inconnu
exprime notre credo.

    Toutefois, rien n’est simple : la Syrie est lointaine
et les stimulantes nouvelles de Londres ne répondent
pas à ma question : comment joindre de Gaulle et
où ? Depuis mon arrivée, les autorités anglaises, interrogées par Berntsen, affirment ne rien savoir de ses
agissements et ne fournissent aucune explication
sur les conditions et la date de notre élargissement.

    Maurice Schwob a promis de s’occuper de nous
dès qu’il serait libre. Mais quel est son pouvoir ? À
l’image de Philippe Marmissolle, qui attend placidement — « Tout a une fin », répète-t-il —, mes autres
camarades ne sont pas inquiets outre mesure. Les
rares volontaires d’une légion française que nous
rencontrons, tous bretons, ne savent rien de plus
que les informations que nous avons lues dans les
journaux anglais.

    Après ce premier contact avec la population du
camp, nous nous préoccupons d’organiser notre nouveau dortoir.

    Allons-nous, comme à Pau, coucher à même le
plancher ? Nous avons conscience d’appartenir à
une équipe soudée dans une aventure spécifique.
Perdus dans la foule des réfugiés, nous avons une
histoire commune et l’habitude de vivre ensemble.

    Nous nous mettons en quête de lits. Notre exploration nous conduit

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