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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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regarde en riant : « J’espère que c’est mieux à
Paris ! » Les agents du BCRA sont reliés par une
connivence invisible : ils n’ont pas besoin de parler
pour se comprendre.

    Je lui annonce mon retour rue des Augustins avant
le couvre-feu et file sur le quai de l’Hôtel-Dieu, d’où
l’on aperçoit la fenêtre de la chambre de * Rex. Je
décide de ne pas monter directement chez lui, pour
le cas où la Gestapo s’y trouverait, et d’attendre
pour le rejoindre qu’une lumière s’allume dans sa
chambre.

    Pour ne pas attirer l’attention, je tourne d’une rive à
l’autre autour du fleuve, tout en regardant de temps
à autre vers sa fenêtre. Tandis que le jour s’assombrit
lentement, le salon où vit Mlle Labonne s’éclaire,
mais la chambre de * Rex demeure dans l’obscurité.Peut-être rentrera-t-il plus tard, contrairement à son
habitude ?

    Le temps s’écoule, et je suis de plus en plus impatient. L’impossible s’est-il produit ? Je continue
mon manège jusqu’aux alentours de 11 heures moins
le quart. D’habitude, le dimanche, * Rex rentre chez
lui entre 10 et 11 heures. Pourquoi n’est-il pas là ?
J’ai un mauvais pressentiment, mais mon imagination a une limite, le couvre-feu, qui m’oblige à rentrer rue des Augustins.

    Lundi 14 juin 1943

     

    Les heures du lundi

    Ne connaissant toujours pas la cause des arrestations de Paris, je me sens partout en danger. De plus,
je connais trop de résistants à Lyon et me garde de
me rendre dans les cafés, restaurants et lieux de
rendez-vous habituels. La ville restera hostile jusqu’à
la découverte de la vérité.

    Dans l’appartement, je suis protégé. Avec Montaut,
nous prolongeons notre petit déjeuner. Nous évoquons Pau, le ski, la montagne ; évidemment il parle
des filles, mais je m’aperçois que ce ne sont pas les
mêmes que celles avec lesquelles Domino et moi
jouions au tennis. Il n’a aucune chance de l’avoir
rencontrée. À 11 heures, il a une vacation : je l’abandonne pour rejoindre Cheveigné au restaurant.

    Comme d’habitude, celui-ci m’attend au fond de la
salle. Bien que nous correspondions presque quotidiennement pour traiter des questions de radio, je
ne l’ai pas revu depuis mon installation à Paris. Iln’a pas changé. Cette expression concerne en général
le physique d’un ami, mais, à nos âges et dans ces
circonstances, elle vise le caractère, qui, à l’épreuve
du danger quotidien, peut se modifier.

    Son insouciance, son espièglerie et son insolence
me rassurent : il est indemne. « Toujours dans les
hautes sphères ? » Son rire manifeste une joie de
vivre indestructible. En l’écoutant, j’ai l’impression
de ne l’avoir jamais quitté. Je le regarde intensément
tant je suis heureux que nous nous retrouvions
comme « avant ». Il a horreur des effusions ou de
tout ce qui ressemble à l’expression d’un sentiment
passionné : « Toi non plus, tu n’as pas changé, si du
moins c’est ce que tu penses de moi ! »

    Nous enchaînons : il m’envie d’habiter Paris, qui est
sa ville. C’est le seul détail que je connaisse de son
passé. Nous masquons tous notre enfance, notre
famille, nos études. Derrière la muraille de notre
pudeur et craignant ses moqueries, je n’ose lui avouer
l’émerveillement provincial que m’a procuré la découverte de la capitale, où tout m’est une nouveauté.

    Il m’annonce son départ pour Londres d’un jour à
l’autre. Demain soirpeut-être 7 .

    Le problème de sa succession est facile à résoudre : seul un radio formé dans les écoles anglaises
peut lui succéder. Nous n’avons pas le choix : c’est
Montaut, encore près de moi, l’ultime camarade du Léopold II 8 . Nous remarquons ensemble les coups
de dés du hasard : excellent radio, « perdu » durant
dix mois, je l’ai retrouvé au moment même où nous
avions besoin de quelqu’un pour diriger la WT.

    Je demande à Cheveigné de lui transférer les
consignes, les documents et surtout son réseau de
postes installés à la campagne grâce à Montet, et
par lequel il assure des transmissions enfin régulières. Il m’explique le développement de son réseau.
Je lui répète qu’en tant que victime de la Home
Station , il est le meilleur connaisseur de nos difficultés. Il pourra intervenir efficacement auprès du
BCRA pour faire envoyer du matériel et surtout des
opérateurs.

    « Tu aimes rêver ! » Que veut-il dire ?

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