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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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toujours rien, sentant que ce n’est
qu’un prélude.

    Le plus important est la fin de la lettre, adressée
à * Lorrain seul, que Copeau a apprise par cœur et
qu’il me récite : « Ceci est maintenant la partie pour
toi seulement. Je demande par ce courrier à * Barrès
d’écrire à Dunoyer pour qu’il câble au Comité de la
Libération nationale qu’il se mette à ses ordres et
sollicite de servir de liaison entre le CE d’Alger et
celui de Paris. Le CD sera mis devant le fait accompli et n’aura qu’à s’incliner. »

    Depuis un an, j’observe jour après jour la saga
Frenay, mais j’étais loin d’imaginer un tel machiavélisme, surtout au moment où de Gaulle est en difficulté à Alger. Copeau le juge aussitôt : « Il ne suffit
pas d’être courageux pour réussir, il faut un minimum de cervelle ! » Cédant à son regard malicieux,
je ris.

    Passant du coq à l’âne, il m’annonce sa venue
prochaine à Paris : « Cette fois, tu n’y couperas pas.
Je t’emmène au théâtre. »

    Je quitte Copeau à 9 heures et file monter la
garde sur le quai de l’Hôtel-Dieu. Je recommence
mon manège, tandis que le crépuscule s’installe,
enveloppant lentement la ville. Comme la veille, la
fenêtre du salon de Mlle Labonne s’allume. Peu à
peu, dans les appartements environnants du troisième étage puis du premier, des lampes brillent et
s’éteignent, au gré de la vie des locataires. Seule lafenêtre de * Rex demeure obstinément dans l’obscurité.

    Mon cœur se serre. Je pense à Bidault, que je n’ai
pu revoir à Paris avant mon départ brusqué. En raison de la confiance que lui manifeste * Rex, lui seul
me semble avoir l’autorité nécessaire pour prendre des décisions face à une situation tragique. Si
l’arrestation de * Rex se confirme, je dois repartir à
Paris par le prochain train et avertir Bidault dès
demain matin. Avec un peu de chance, je pourrai le
rencontrer dans la journée. À aucun prix la résistance des chefs ne doit sentir de flottement dans le
commandement.

    Je dérive longtemps au milieu d’un drame qui me
dévore, lorsque soudain la fenêtre de * Rex s’éclaire.
Le cauchemar prend fin : l’avenir est intact. Je voudrais enjamber le fleuve, entrer par la fenêtre et crier
à * Rex combien j’ai craint pour lui, qui donne un
sens à ma vie.

    Je traverse rapidement le pont de la Guillotière et
monte quatre à quatre au deuxième étage. Je sonne
les trois coups habituels et attends le cœur battant.
Après un temps qui me semble interminable, la porte
s’ouvre, et * Rex paraît, en bras de chemise, la cravate
dénouée.

    Je voudrais l’embrasser, mais son visage se fige
en m’apercevant : jamais je ne me suis présenté
chez lui sans rendez-vous préalable. Il comprend
en un éclair que seule une catastrophe a pu me
contraindre de violer la consigne. Je m’apprête à
parler lorsqu’il pose un doigt sur ses lèvres. Il élève
la voix pour être entendu de sa logeuse : « Vous
êtes en retard, mon cher * Alain, je vous ai attendu
jusqu’à maintenant. Nous devons préparer l’exposition. Je me demandais ce que vous pouviez faire.Descendons au café pour parler des derniers préparatifs. »

    J’attends dans la petite entrée, où il me rejoint vite,
ayant noué sa cravate, enfilé sa veste et pris son
chapeau. Nous descendons rapidement. Pendant
que nous marchons square Raspail, je souffle :
«  * Vidal… » * Rex a compris. « Il n’est venu à aucun
rendez-vous. » Il articule : « Quand ? »

    — Depuis le 9 juin.

    — Pourquoi ne m’avez-vous rien dit lors de notre
rencontre du 10 ? » Sa voix a l’accent d’un reproche.

    « Je l’ai appris le soir de mon retour. Le lendemain, j’ai eu la confirmation par le colonel * Langlois
et * Joseph, qui devaient le rencontrer. Personne ne
l’a revu depuis.

    — Que savez-vous d’autre ?

    — Rien. Personne à Paris ou dans les mouvements
et les services, à part * Galibier, * Terrier et Suzette,
arrêtés eux aussi, ne semble avoir été inquiété. Aucun
local n’a été perquisitionné. »

    Il marche lentement, en silence. Je vois à peine
son visage dans la pénombre du square. Soudain, il
s’arrête : « Redoublez de prudence. Vous rentrerez
à Paris demain après-midi. Avant cela, venez déjeuner avec moi au Coq au vin , à midi. Je vous donnerai mes instructions. Bonsoir. »

    Il fait demi-tour dans la nuit et me quitte

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