Alias Caracalla
mouvements, dont l’objectif commun
est la reprise du commandement de l’Armée secrète.
D’autant que * Thomas 16 , chef d’état-major, est déjà
dans la place.
*Rex espère qu’Aubrac s’opposera à la manœuvre. Heureusement, c’est un agent de Londres qui
contrôle la distribution des armes et du matériel de
sabotage. « Le danger vient de l’influence croissante
des officiers de l’armée d’armistice, dont * Vidal avait
besoin pour encadrer l’AS. Les hommes de Giraud
ont déjà tenté une opération de débauchage appuyée
par les Américains. L’arrestation de * Vidal risque de
déstabiliser le Général, en dépit du soutien du
Conseil de la Résistance. »
*Rex envisage plusieurs solutions : « À Franced’abord, il y a bien des officiers supérieurs, mais ils
sont en mauvais termes avec les mouvements. C’est
peut-être une provocation de les nommer à la tête
de l’AS, même parintérim 17 . »
Je me garde d’interrompre le silence qui suit. * Rex
s’avise que son plan comporte un défaut : « Les mouvements peuvent refuser ce que je leur propose. »
Après un temps, il ajoute : « Dans ce cas, c’est moi
qui prendrais le commandement. » Il me regarde.
Je sais différencier ce regard qui m’efface de celui
qui m’interroge. En l’occurrence, il s’agit du premier.
Puis il s’attarde sur la situation de l’état-major de
l’AS à Paris, qu’il juge plus efficace que celui de
zone sud, malgré la mauvaise humeur de l’OCM. « Le
colonel * Langlois a la situation en main. C’est un
militaire de bonne race. En dépit de la grogne de
*Sermois et *Maxime, il obéira. »
En revanche, * Rex est conscient que les organisations en zone nord sont embryonnaires : « Les
mouvements n’ont pas encore accompli la fusion de
leurs éléments militaires, et ils ont peur de la vérité
sur la minceur de leurs effectifs. La comptabilité
des personnes est la difficulté majeure des vrais
clandestins. »
Il en vient aux consignes : « Organisez avec * Dupin
[Kaan] la première séance de la réunion interzone
des comités de coordination, que je présiderai comme
prévu le 24 juin. Puis, avec * Langlois, préparez
une réunion de l’état-major zone nord pour le 25. »
Contrairement à son habitude, il répète : « Surtout,
prévenez tout le monde à Paris de refuser tout
rendez-vous avec * Didot. »
Après un moment, il ajoute : « Rappelez à * Dupin
de préparer la réunion du Conseil de la Résistance
pour le 14 juillet. À cette occasion, il doit rencontrer
individuellement les participants pour leur en expliquerl’enjeu 18 . »
Les communistes et * Colbert ont réclamé cette
nouvelle séance. Ils veulent imposer leur politique
de neutralité à l’égard d’Alger. En dépit de la certitude
de * Rex, tout le monde ignore l’issue de la confrontation entre de Gaulle et Giraud : en fins tacticiens,
les communistes refusent de s’engager avant de la
connaître.
« Dites à * Dupin, reprend * Rex, que, le 27 mai, j’ai
brusqué la fin de la discussion sur ce point. Vous
avez constaté qu’ils ont tenté de faire adopter leur
thèse par le seul comité de coordination zone nord.
Je regrette que * Morlaix se soit prêté à l’opération.
Il faut que * Dupin entre en campagne pour expliquer
qu’il ne s’agit pas d’un pari. Même si Giraud triomphe provisoirement, c’est le Général qui demeure le
chef de la Résistance. Il doit devenir et deviendra,
seul, le chef du gouvernement de la Libération. »
Soudain radouci, il ajoute : « J’espère que vous
en êtes convaincu. » À son intonation, je sais qu’il
n’attend pas de réponse. Il enchaîne : « Envers et
contre tous, j’imposerai cette politique, qui est le
sens même de la Résistance. »
Est-ce le moment de lui révéler le « secret » de
Copeau ? Dans la situation actuelle de * Rex, ce serait
une trahison de ne rien lui dire.
Après que je lui en ai fait un récit fidèle, il ne semble pas ému par cette manœuvre qui me révolte. Ilrépond à mon indignation : « En politique, le problème majeur, c’est de neutraliser ses adversaires.
Depuis le début, Frenay s’oppose à la politique du
Général. Comme cet homme louvoie en permanence,
le choix d’aujourd’hui était prévisible. Le général
jugera. »
Je suis surpris par son détachement à l’égard de
cette nouvelle affaire suisse. Est-ce la fatigue ? Le
résultat d’une
Weitere Kostenlose Bücher