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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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faut d’abord
choisir un thème, à la fois original et confortable.
Chacun propose son idéal du bien-être. Plusieurs
suggèrent de transformer la hut en pub . Finalement,
Yves Guéna, foisonnant d’idées, propose d’en faire
un rendez-vous de chasse en en tapissant l’intérieur
avec les troncs de bouleaux qui prolifèrent dans la
forêt alentour.

    La réalisation est plus délicate que nous ne l’imaginions : les troncs de cette espèce sont particulièrement étroits, alors que la surface à couvrir nous
paraît démesurée. Ce défi stimule notre ardeur.

    Après quelques jours de travail acharné, le résultat est à la mesure de nos espérances. Comme il
s’agit d’un concours entre provinces françaises,
nous baptisons la nôtre « Bretagne », ce qui en fait
le symbole d’un camp où vivent 80 % de Bretons.

    En cours de réalisation, nous visitons les huts voisines afin de découvrir d’autres projets et l’état
de leur avancement. Bien entendu, nous les jugeons
pitoyables et ne doutons pas d’être les vainqueurs…

    Jeudi 5 décembre 1940

     

    Mort du bataillon

    Le futur parad ground étant toujours impraticable, nos officiers nous rassemblent sur le terrain de
sport avoisinant, où le Général nous passe en revue.
Sur la route maintenant bitumée d’accès au camp,
nous défilons ensuite devant lui.

    De Gaulle est accompagné du général Petit, du
colonel Angenot et de son aide de camp, le capitaine de Courcel, que nous avons déjà vu à ses côtés
à l’Olympia. Après la dispersion, nous rejoignons
notre hut . Le grand moment arrive.

    Au pied de nos lits, anxieux, nous attendons le
Général. Soudain, dans l’encadrement de la porte
ouverte, Saulnier paraît : « À vos rangs, fixe ! » De
Gaulle entre, salue et, sans un mot, avance lentement entre la rangée de lits.

    Il scrute chacun de nous, comme à l’Olympia,
avec le magnétisme d’un hypnotiseur. Son visage
sévère demeure impassible. A-t-il remarqué notre
décoration ? Avant de sortir, il se retourne : « Je
vous félicite, c’est très sympathique ; on se croirait
au Canada. »

    Ces mots nous confortent dans notre orgueil :
nous sommes les meilleurs !

    Dès son départ, nous sortons dans la bousculade
pour le rassemblement. Dehors, nous rejoignons les
autres groupes, les interrogeons à la ronde, sûrs de
notre victoire : « Que vous a-t-il dit ?

    — Il nous a félicités : “C’est sympathique.” »

    Dégrisés, nous réalisons que nous sommes
pareils aux autres.

    Après la visite des huts , on appelle, dans chaque
section, les élèves qui préparent les grandes écoles
afin de les présenter au Général. Nous sommes
curieux de connaître son avis sur le bataillon.

    Le grand Podeur nous rapporte ses propos :

Jeunes gens, la France a besoin de vous pour
encadrer les troupes noires que nous mobilisons
en Afrique. Vous vous êtes entraînés en vue du
combat aux échelons modestes de la hiérarchie.Il vous faut maintenant devenir les chefs dont
nous avons besoin. Le bataillon de chasseurs va
se transformer en pépinière d’officiers, sous-officiers et techniciens. Vous serez les grains de
la moisson prochaine. Les cadres de la France
nouvelle, c’est vous ; le grain, c’est vous.

    Ainsi, de Gaulle, dont nous attendions l’ordre de
rejoindre nos camarades sur le champ de bataille
de Libye, annonce la mort du bataillon ! Nos rêves
de gloire s’écroulent.

    Foudroyante, la rumeur se propage, confirmée
par d’autres camarades et surtout par le lieutenant
Saulnier. Pour beaucoup, dont moi, c’est un vrai
chagrin : nous pensions que le bataillon était le
corps franc de la France éternelle.

    Nous avons atteint une cohésion fraternelle qui
surprend même nos supérieurs  : « Un bataillon plein
de fanatisme, même en face de ces vieux légionnaires rompus à tant de combats », selon le commandant Hucher. Nous-mêmes en avons conscience
dans les manœuvres : le goût de la perfection est en
accord avec la volonté de nos officiers d’être un
corps d’élite.

    Vendredi 6 décembre 1940

     

    Élève aspirant

    Le rêve s’achève dans la mélancolie, pour ne pas
dire plus. Les effectifs sont redistribués dans différentes compagnies : élèves aspirants, sous-officiers,
spécialistes mécanique, transmissions, éléments portés, etc. Cette dernière recueille les chasseurs sans
formation.

    L’égalité entre les volontaires disparaît, alors

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