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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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attentivement pendant toute cette expédition.
    Mais à la première occasion, la « pucelle » s’offre sans pudeur à Lancelot. Celui-ci s’offusque et la repousse énergiquement. Elle lui tient alors un discours très éloquent   : « Holà, seigneur chevalier, il est fréquent qu’un chevalier beau et sage prie une demoiselle d’amour quand ils sont seul à seul   ; et si le chevalier ne lui en adresse pas la prière, par timidité ou parce que ses pensées sont ailleurs, la dame doit l’avertir et le prier de satisfaire ses désirs. S’il la repousse, il est de toute évidence déconsidéré sur terre et n’a plus droit à la parole dans les cours. Parce que vous êtes un bon chevalier et que je suis une belle demoiselle, je vous demande de coucher avec moi tout de suite. Voici un endroit accueillant et confortable   ; si vous ne me faites pas l’amour, je ne vous suivrai plus désormais et, en toute cour où je vous rencontrerai, je vous accuserai d’impuissance, et vous en serez partout honni (48) . »
    La menace est réelle et Lancelot la prend au sérieux. Il cherche à tergiverser, tout imprégné de l’amour exclusif qu’il éprouve pour la reine Guenièvre   : « Morgane vous a demandé de me guider, mais elle vous a placée sous ma protection, partez, car moi je me débrouillerai tout seul. » C’est ce qu’il ne fallait pas dire, puisque, ayant promis sa protection à la pucelle, il ne peut plus la quitter sans être déshonoré. Il est pris au piège. Il poursuit donc sa route en compagnie de la « demoiselle » qui, on le comprend bien, n’est pas prête à le lâcher. Et, le soir, ils sont hébergés tous deux dans une demeure qui a tout l’aspect d’un domaine féerique.
    Les voici donc dans une chambre. Par précaution, Lancelot se couche tout habillé. « Il faisait très clair à l’intérieur, car devant son lit brûlaient deux cierges. La demoiselle les prend, les enlève de sur le coffre, les éloigne et les dépose à terre, pour que la clarté ne parvienne pas à la couche de Lancelot. Il est attentif à ce qu’elle faisait, plus porté à réfléchir qu’à dormir   ; il la voit retirer sa robe, mais non sa chemise, venir à lui, soulever les draps et s’y glisser dedans (49) . » La provocation est ici on ne peut plus nette.
    Lancelot réagit immédiatement. Il proteste et bondit hors du lit, ce qui déclenche évidemment une violente réaction de la « pucelle »   : « Sale lâche, que le diable m’emporte si vous avez jamais été un loyal chevalier, et maudite soit l’heure où vous vous êtes vanté de secourir mon seigneur Gauvain alors que vous désertez votre lit à cause d’une seule demoiselle   !… »
    Voici Lancelot sous le coup d’un autre geis à la mode celtique. Il s’expose maintenant à une accusation de couardise, doublée de vantardise. Comment en effet imaginer un héros prétendant délivrer Gauvain prisonnier de nombreux guerriers redoutables tout en fuyant une simple jeune fille seule   ? Lancelot rétorque en affirmant que jamais personne ne l’a attaqué sans qu’il se défende. La pucelle le prend au mot   : elle se précipite sur lui et veut le griffer, mais elle ne réussit qu’à déchirer sa chemise. « On va voir comment vous vous défendez   ! » s’écrie-t-elle. Lancelot est évidemment pris au piège, mais il se défend avec une élégance courtoise   : « Il la saisit par les bras et l’assied par terre le plus délicatement possible. » Et il lui fait comprendre qu’elle restera dans cette position tant qu’elle n’aura pas promis de ne pas coucher dans le même lit.
    La « pucelle » ruse. Elle prétend qu’elle n’ose pas lui faire une certaine promesse à haute voix et veut la chuchoter à l’oreille de Lancelot. Celui-ci lui tend donc son oreille. La « pucelle » soupire et semble s’évanouir. Elle « s’étend si brusquement de tout son long que Lancelot la croit évanouie   ; il la regarde et à l’instant même, elle jette sa bouche en avant et lui donne un baiser. » Cette fois, la fureur de Lancelot éclate. Il se précipite vers son épée, la saisit et jure qu’il frappera la « pucelle » si elle tente encore quelque chose. Elle sait très bien qu’il ne frappera pas une femme et elle en profite   : elle tente de s’emparer de l’épée. Alors, complètement désemparé, Lancelot « prend la fuite, poursuivi par elle, tant qu’ils sortent du pavillon ».

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