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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Le spectacle serait comique pour un spectateur éventuel   : le meilleur chevalier du monde laissant choir son épée et fuyant devant une fragile jeune fille   !
    Mais en fuyant, Lancelot s’expose à un autre geis , l’accusation de couardise et de déloyauté. Or la « pucelle » va encore plus loin   : tandis qu’il proteste contre l’accusation de couardise, elle affirme qu’il a fui devant elle, ce qui n’est pas niable, et qu’un chevalier « se couvre de honte qui n’est pas à même de répondre à la prière d’une dame ». On retrouve ici intégralement la provocation de Grainné qui accuse Diarmaid d’impuissance sexuelle. Lancelot étant au pied du mur, il finit par se tirer d’affaire en disant « qu’un parfait amant est incapable d’une infidélité, pas plus de son corps que de son cœur, envers l’être qu’il chérit le plus au monde ». La pucelle, qui ne veut pas reculer, lui fait une dernière proposition   : qu’il lui dévoile le nom de celle qu’il chérit le plus au monde, condition nécessaire pour qu’elle le laisse tranquille. Sinon, elle « lui fera honte dans la plus noble cour du monde ». Lancelot est alors obligé d’avouer qu’il aime la reine Guenièvre, et la « pucelle », consciente de la fidélité inébranlable de Lancelot, n’insiste pas   ; tous deux se réconcilient, se promettant l’un et l’autre aide et assistance en toute circonstance.
    Mais, dans le récit irlandais, le héros ne peut pas se retrancher derrière sa fidélité envers une femme unique. Et, après l’incantation magique que lui lance Grainné, qui met en doute ses capacités sexuelles, il ne peut que s’avouer vaincu   : « Ô femme, il est vrai que je ne t’ai jamais touchée. J’entendais par-là sauvegarder ton honneur et celui du roi ton époux. Mais je ne saurais plus longtemps supporter tes sarcasmes et, toute funeste que me soit ta compagnie, ô Grainné, je te prouverai qu’ils sont injustifiés. » Ainsi la provocation de Grainné vis-à-vis de Diarmaid a réussi. « Aussi, dès le soir, coucha-t-il avec elle entre deux rochers, sur un lit de feuilles et de joncs, non loin d’un tertre dressé sur une montagne (50) . Et il lui démontra qu’il pouvait satisfaire une femme. Et Grainné n’en aima que davantage Diarmaid, fils d’O’Duibhné, qu’elle avait choisi pour être son homme (51) . »
    Et Diarmaid et Grainné reprennent leur errance, aussi folle que cet amour qui maintenant les unit l’un à l’autre. Leurs aventures sont innombrables et ont été développées aussi bien dans des textes littéraires que dans des contes populaires oraux. Le thème des « amants maudits » a toujours été un sujet de prédilection pour susciter l’imagination d’un large public. Il fait « pleurer dans les chaumières », comme on le dit souvent. Cela nous vaut, dans certaines versions orales, des poèmes d’une intensité poétique assez exceptionnelle et surtout d’une émouvante simplicité, tel celui que chante Grainné, une nuit, alors que Diarmaid, épuisé, dort dans ses bras, quelque part sur une colline d’Irlande   :
     
    Dors un petit peu, un tout petit peu,
    et ne crains rien,
    homme à qui j’ai donné mon amour,
    Diarmaid, fils d’O’Duibhné.
    Dors ici, profondément, profondément,
    fils d’O’Duibhné, noble Diarmaid,
    je veillerai sur ton sommeil,
    fils charmant d’O’Duihné,
    Mon cœur se briserait de douleur
    si je manquais à te voir.
    Nous séparer serait séparer
    l’enfant de sa mère,
    éloigner le corps de l’âme…
    Le cerf, à l’est, ne dort pas.
    Il ne cesse de bramer
    dans les buissons des oiseaux noirs,
    il ne veut pas dormir.
    La biche sans cornes ne dort pas.
    Elle gémit pour son faon tacheté,
    elle court dans les broussailles,
    elle ne dort pas dans sa tanière.
    La vive linotte ne dort pas
    sur le faîte des arbres aux belles ramures.
    Le temps est bruyant ici,
    même la grive ne dort pas.
    Le canard gracieux ne dort pas,
    il se prépare à nager,
    il n’a ni repos ni sommeil,
    ici, dans son refuge, il ne dort pas.
    Ce soir, le coq de bruyère ne dort pas
    dans les landes battues par les vents.
    Sur la colline, son cri est doux et clair.
    Près des ruisseaux, il ne dort pas.
    Dors un petit peu, un tout petit peu
    et ne crains rien,
    homme à qui j’ai donné mon amour (52) …
     
    Cela dit, cette épopée ne peut pas se terminer autrement que tragiquement. Finn est acharné dans son désir

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