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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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– commun à de nombreuses mystiques – que nous convient la plupart des héros des épopées celtiques. » Voilà pourquoi la tradition populaire orale des campagnes fait très souvent allusion à « l’homme de la lune » et qu’elle met parfois en garde les femmes qui vont uriner devant la lune, car « la lune engrosse les femmes ». Il est vrai que la tradition populaire garde précieusement dans sa mémoire, la plupart du temps sans les comprendre, les réminiscences d’une sagesse archaïque.
    La femme celte, telle qu’elle apparaît dans le légendaire de différents pays d’Europe occidentale, ne fait que refléter un état antérieur qui a connu la prééminence de la femme-soleil en tant que révélateur. « Nos soupçons se confirment quand on constate encore plus, dans cette perspective singulière où la lune, par son humidité, devient la médiation de la chaleur solaire fécondante et induit précisément la fécondité générale dans la transformation du brasier en un feu doux et tiède, que les dieux-lunes des plus vieilles religions gouvernaient en effet la fertilité de la terre, et qu’on pense aux doublets irlandais de Tristan   : l’amant de Déirdré, Noisé, grâce à qui toute vache et tout animal qui l’entendait donnait deux tiers de lait en plus , ou Diarmaid dont les lits légendaires possédaient une telle vertu que les femmes stériles s’y rendaient pour être guéries de leur mal (65) . » De là l’importance du couple mythique Tristan et Yseult qui, en concrétisant, dans le cadre d’une histoire , la volonté de revenir à l’unité primordiale (androgynat primitif supposé) met l’accent sur la fusion des êtres en ravalant au second plan la procréation si chère à la tradition judéo-chrétienne. Dans cette symbolique, Tristan ou Diarmaid n’existe en tant qu’individu que par la présence d’Yseult ou de Grainné, de même que la lune est invisible – et donc inexistante – sans la lumière qui lui parvient du soleil.
    Il en est de même pour le personnage complexe de Lancelot du Lac dans ses rapports amoureux, beaucoup plus torrides qu’on ne le croit généralement, avec la reine Guenièvre dans la vaste épopée qu’on appelle les Romans de la Table ronde, dont les origines sont à rechercher dans la tradition de tous les pays celtes. Lancelot est en effet l’image héroïsée de l’ancien dieu panceltique Lug, le Multiple Artisan, celui qui dispose de toutes les fonctions divines. Quant à Guenièvre, dont le nom gallois Gwenhwyfar signifie « blanc fantôme », elle est le symbole de la souveraineté vue sous l’aspect le plus brillant, le plus « blanc », donc revêtu de beauté, de sagesse et de connaissance, celle dont Chrétien de Troyes, dans Perceval, dit que « d’elle descend tout le bien du monde, elle en est source et origine. »
    Lancelot, surtout dans les versions primitives de la légende, telle celle en allemand de Lanzelet écrite par le suisse Ulric von Zatzikhoven, d’où est totalement absente Guenièvre (66) , a eu de nombreuses aventures féminines, mais aucune n’a vraiment marqué son destin. Or sa rencontre avec la reine Guenièvre va complètement modifier son comportement. Certes, dans le cadre d’un roman courtois du XIII e  siècle, la provocation est très édulcorée, très discrète, enveloppée dans un discours à l’usage du public aristocratique raffiné de l’époque, mais elle existe néanmoins et l’on s’en aperçoit quand on s’arrête aux détails. Car ceux-ci, par leur allure innocente, plongent au plus profond du psychisme de l’héroïne.
    La scène se passe à la cour d’Arthur, où Lancelot, guidé par sa mère adoptive, la Dame du Lac, autrement dit la fée Viviane, vient de faire sa première apparition. « Frappé par sa beauté à son arrivée, elle lui semble incomparablement plus éclatante à présent, et il lui paraît plus grand et plus fort   ; la reine prie Dieu de faire de lui un homme valeureux pour la plénitude de beauté dont il l’a favorisé. Elle jette sur lui de doux regards, et lui de même, toutes les fois qu’il peut discrètement tourner les yeux vers elle, émerveillé d’une si mystérieuse beauté   ; celle de sa Dame du Lac et de tant d’autres femmes s’estompent (67) . » C’est évidemment le coup de foudre , ce qui est normal, en vérité, puisque Lancelot, avatar du dieu Lug, est un « homme-foudre » et que Guenièvre est une

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