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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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populaire des Bretons insulaires. Le personnage de Guenièvre n’est en effet pas très net dans certains textes qui la concernent et qui n’en présentent pas l’image stéréotypée qu’on en a d’habitude à cause de ses amours avec le beau Lancelot du Lac. Les Triades galloises font état de trois femmes successives qu’aurait eues Arthur, et qui s’appelaient toutes Gwenhwyfar . C’est ainsi qu’elle est nommée dans le récit gallois de Kulhwch et Olwen , dont la rédaction primitive remonte au XI e  siècle.
    La signification de ce nom ne pose aucun problème   : c’est « blanc aspect » ou même « blanc fantôme », ce qui renvoie au thème populaire traditionnel bien connu des « Dames blanches », et la forme Guenièvre est l’exacte transcription française du modèle sinon gallois, du moins brittonique, qui a donné Guinever en moyen anglais et Jennifer en anglais actuel. Et si l’on remonte plus loin dans le temps, on s’aperçoit que Gwenhwyfar est exactement la transcription galloise du gaélique Finnabair , de même signification, qui est le nom de la fille de la reine Maeve dans des récits irlandais qui sont bien antérieurs.
    Cependant, il n’est pas certain que Guenièvre-Gwenhwyfar soit le nom ancien de l’épouse d’Arthur. Au XII e  siècle, le clerc gallois latinisant Geoffroy de Monmouth l’appelle Guennuara , dans son Histoire des rois de Bretagne , et, sur les sculptures de l’archivolte nord de la cathédrale de Modène, en Italie, sculptures qui datent de 1100, elle est nommée Winlogée , qu’on peut rapprocher du breton armoricain Winlogen . Il s’agit pourtant du même personnage, car ces sculptures racontent l’enlèvement de la reine, puis sa délivrance par les compagnons d’Arthur, comme si cela constituait une illustration d’un épisode du roman de Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette , qui a été écrit vers 1170. Quant au récit français du XIII e  siècle dit Roman d’Yder , il la présente sous le nom de Guenloïe , tandis que dans le texte latin de La Naissance de Gauvain , elle est appelée Gwendolen , autrement dit le nom gallois actuel Gwendolyn. Le seul point commun entre ces différents noms est incontestablement le premier terme gwen , adjectif signifiant « blanc » et, par extension, « noble », et même « saint » en Bretagne armoricaine.
    Cependant, Guenièvre n’apparaît nulle part comme une « petite sainte ». Si l’on explore les documents antérieurs à Chrétien de Troyes et d’autres, plus tardifs mais bâtis sur des données plus archaïques, on s’aperçoit que le personnage de la reine Guenièvre y apparaît bien différemment et que son comportement était beaucoup plus ambigu qu’on ne le pense. Et, à propos de l’épisode décrit par Chrétien de Troyes, concernant l’enlèvement de la reine par le sinistre et maléfique Méléagant, roi du mystérieux royaume de Gorre « d’où nul ne revient », on est même en droit de se demander si elle n’était pas complice de cet enlèvement.
    En effet, les figurations de l’archivolte de Modène sont peut-être à double sens. On comprend d’abord que la reine, quel que soit son nom, a été enlevée par un « méchant » et ce sont trois chevaliers qui se lancent dans l’aventure pour la délivrer. Leurs noms sont gravés sans la pierre   : Galvagnus , c’est-à-dire Gauvain, Galvarium , inconnu des textes littéraires, et Che , en qui on reconnaît Kaï (du latin Caius ) ou Keux, qui apparaît dans les versions continentales comme sénéchal et frère de lait du roi Arthur. Dans le récit de Chrétien de Troyes, on retrouve effectivement Gauvain et Kaï, mais c’est Lancelot du Lac qui est substitué au mystérieux Galvarium. En fait, tout s’éclaire si l’on établit un rapport étroit entre les figurations de Modène et certains épisodes du Roman de Durmart , œuvre française du XIII e  siècle qui raconte cette même aventure.
    On y apprend en effet que la reine est enlevée par un chevalier géant du nom de Carados, qui est peut-être le même personnage que Karadawg Veichbras (« Caradoc au Grand Bras »), héros d’un autre récit arthurien. Ce géant emmène Guenièvre à la Tour Douloureuse, où il la remet à un certain Mardoc qui l’aimait depuis longtemps. En somme, Carados est une sorte d’homme de main d’un roi ou d’un chef qui appartient à l’Autre Monde, puisque Mardoc ne peut quitter sa

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