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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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trouvent à la chasse dans un endroit désertique. Ils ont très soif et ne peuvent découvrir de source. Alors survient une vieille femme hideuse, monstrueuse et édentée. Elle propose à l’aîné des frères de lui donner de l’eau à condition qu’il veuille bien lui donner un baiser. Ne pouvant surmonter son dégoût, il préfère se passer d’eau et refuse. Son frère puîné adopte la même attitude.
    C’est le cadet, Niall, qui accepte de donner un baiser à la femme hideuse. Or, dès que ses lèvres ont touché la peau rugueuse de la femme, celle-ci se transforme en jeune fille la plus belle du monde. Et elle déclare à Niall   : « Je suis la souveraineté d’Irlande. C’est toi, parce que tu as eu le courage de me donner un baiser, qui sera le roi d’Irlande. » Ainsi, Niall aux Neuf Otages sera l’ancêtre de toute une lignée royale, celle des O’Neill. Par le baiser qu’il a consenti à donner à cette femme répugnante, il a contracté ce mariage symbolique avec la terre dont il aura désormais la charge.
    On trouve une histoire semblable dans un des récits les plus importants de la légende arthurienne primitive, bien que très peu connu, en l’occurrence un texte anglais du XIV e  siècle, the wedding of Gawain . En réalité, il ne concerne pas du tout le « mariage de Gauvain » si l’on compare ce récit avec d’autres textes anglais, mais indubitablement le roi Arthur lui-même. En effet, il existe, toujours au XIV e  siècle, un court fragment intégré dans une œuvre anglaise latinisante d’un certain Gower, la Confessio Amantis , qui présente la même histoire, mais dans un cadre qui n’est pas arthurien, et, de plus, un conte de l’un des plus grands écrivains de langue anglaise, Geoffroy Chaucer, relate à quelques variantes près la même histoire, cette fois dans un cadre qui est nettement arthurien, et sans aucune référence à Gauvain. On peut ainsi restituer le schéma primitif où se détache le personnage central du roi Arthur, un Arthur très archaïque qui n’est pas roi, mais simple chef de guerre (122) .
    Un jour, alors qu’il est en train de chasser, Arthur est surpris par un homme armé d’une massue qui veut se venger de lui. Cet « homme sauvage », personnage assez commun dans la tradition celtique, lui accorde la vie sauve pour un an, à condition qu’au bout de l’année il lui apporte la réponse à cette simple question   : « Qu’est-ce que les femmes aiment par-dessus tout   ? » Arthur erre dans tous les pays à la recherche de cette fameuse réponse, et ce n’est qu’en toute dernière extrémité qu’il rencontre une femme d’une laideur monstrueuse qui lui déclare   : « Je suis seule à savoir la réponse qu’il te faudra dire, mais je ne te la donnerai que si tu promets de m’épouser. » Arthur hésite, évidemment, mais, contraint et forcé, il prononce le serment.
    Ainsi peut-il répondre à son ennemi   : « C’est la souveraineté. » Le voici libéré, mais pas complètement, puisque l’horrible femme vient lui rappeler sa promesse. La mort dans l’âme, Arthur fait célébrer ses noces, et le soir, il s’en va au lit avec la nouvelle épousée. Immédiatement, il tourne le dos à sa compagne, se demandant s’il sera encore vivant le lendemain matin. La femme lui dit   : « Donne-moi au moins un baiser, par courtoisie. » Arthur se retourne, conscient qu’il ne peut agir autrement. Or, il aperçoit à ses côtés la plus belle femme qu’on puisse imaginer.
    Mais ce n’est pas tout. La femme lui dit encore   : « Tu peux choisir de m’avoir belle la nuit et laide pendant le jour, ou inversement. » Arthur trouve ce choix vraiment trop difficile   : il laisse la femme libre de décider. Alors celle-ci lui répond   : « Tu m’auras donc belle à la fois le jour et la nuit. Ma marâtre, par magie, m’avait réduite à la forme repoussante dans laquelle tu m’auras d’abord vue, et je ne devais lever le sortilège et retrouver la forme sous laquelle tu me vois maintenant que si un chevalier, le meilleur du monde, acceptait de m’épouser et de me laisser souveraineté en tout. Tu m’as donc délivrée par ta courtoisie (123) . »
    On peut supposer que cette étrange histoire, bien qu’elle soit conservée dans des manuscrits tardifs, constitue une version fort primitive du mariage d’Arthur avec la célèbre reine Guenièvre, telle qu’elle a été conservée dans la mémoire

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