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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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les repérer à travers des épisodes qui ne comportent aucune référence érotique particulière. Car il est indéniable que l’homosexualité féminine a existé chez les peuples celtes, comme elle a existé chez tous les peuples de la planète, à toutes les époques de l’histoire de l’humanité.
    La première raison de l’absence d’informations sur ce sujet délicat, c’est que l’homosexualité féminine ne dérange personne , surtout pas les sociétés organisées selon un système androcratique qui la considèrent la plupart du temps comme un simple divertissement de la part des femmes, sans aucune conséquence sur la bonne santé et la propagation d’une lignée, quelle qu’elle soit. Car une femme homosexuelle ne gaspille pas sa semence et, quoi qu’elle en pense, quoi qu’elle puisse répugner à subir le coït, est toujours susceptible de donner naissance à un enfant. De plus, la relation entre deux femmes ne risque pas de fausser la lignée patriarcale   : il n’y a pas d’intrusion d’un élément étranger à la famille, au clan ou à la tribu, et le « patrimoine » génétique autant que temporel n’est jamais perturbé.
    Car c’est le problème le plus grave qui est soulevé par les relations hors mariage   : la continuité d’un patrimoine exige que la femme ne reçoive aucune semence de la part d’un étranger. D’où la condamnation de l’adultère, non pour des raisons morales, comme on l’a trop prétendu, mais pour sauvegarder la pureté de la race. Si les hommes peuvent avoir des concubines, cela ne nuit en rien à la famille patrimoniale, mais les femmes ne peuvent pas prétendre à faire de même parce qu’elles pourraient donner naissance à des « indésirables », s’infiltrant sournoisement dans une famille et en perturbant la pureté. C’est là qu’il faut voir la condamnation de l’adultère chez la femme et la tolérance – toute relative, d’ailleurs – de l’adultère de l’homme qui ne met pas en péril la lignée paternelle.
    C’est dans cette façon de concevoir la société qu’il faut voir l’indifférence manifestée dans la plupart des sociétés à propos de l’homosexualité féminine. Elle ne présente aucun danger et elle n’est pas plus qu’un divertissement passager où les femmes trouvent parfois un dérivatif à la monotonie de la vie conjugale. Cette conception, sans aucun doute très archaïque, préfigure étrangement les règles de la Fine Amor des XII e et XIII e  siècles, où l’adultère était non seulement toléré mais magnifié, à condition que dans les ébats des amants n’intervienne jamais la pénétration de la femme par l’homme. Tout était permis, les baisers, les caresses, les pratiques qu’on appelle généralement les « bagatelles de la porte », la fellation, le cunnilingus et même la sodomie, au sens propre du terme mais dans un couple hétérosexuel, sans que personne pût y reconnaître le moindre acte contre nature. Là, l’homosexualité féminine appartient au même domaine que celle qui est pratiquée entre hommes. Elle n’a en fait aucune importance. Et si l’on n’a aucun détail sur ce qui se passait réellement dans une relation sexuelle chez les peuples celtes, on peut déduire de cette indifférence qu’effectivement tout était permis sauf ce qui attentait à une transmission familiale consentie sinon légitimée par des règles sociales et morales.
    Cela dit, les comportements homosexuels des femmes celtes ne sont guère explicités dans les textes qui nous restent de ces époques lointaines. Toute considération sur ce sujet demeure pure supputation, sauf peut-être dans le cas de ces deux femmes guerrières qui sont censées avoir élevé et instruit le héros Finna mac Cool   : cette Bodmall et cette Grise de Luachair, qui semblent être autant de redoutables magiciennes que des combattantes. Il est indubitable qu’elles forment un couple de femmes homosexuelles qui assouvissent leurs pulsions maternelles en « adoptant » l’enfant qui leur est confié, exactement comme le font certaines lesbiennes (135) contemporaines en réclamant le droit au mariage, c’est-à-dire de former un couple légitime et une famille.
    Cependant, des questions se posent à propos de ces femmes guerrières d’Écosse qui enseignent aux jeunes gens d’Irlande non seulement les arts militaires, mais la magie et la sexualité. Forment-elles une communauté homosexuelle   ? On

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