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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’entour,
    que nous allions à la guerre.
    Tu étais mon ami de cœur,
    tu étais ma race, tu étais mon parent,
    je n’avais trouvé personne qui me fût plus cher.
    Ta mort aurait été un malheur (126) .
     
    Et Cûchulainn d’insister en évoquant leurs souvenirs communs   :
     
    Si je t’avais vu succomber
    parmi les guerriers de Grande Grèce,
    je ne t’aurais pas survécu.
    Nous serions morts ensemble.
    Malheureux est ce qui nous arrive,
    nous les enfants de Scatach   :
    Je suis blessé, plein de sang rouge,
    tu ne voyageras plus en char.
    Malheureux est ce qui nous arrive,
    nous, les enfants de Scatach   :
    tu es mort, je suis bien vivant,
    ce sont de furieux combats que ceux des braves (127) .
     
    Mais ce qui est le plus révélateur, ce sont ces vers enflammés qui décrivent, toujours pudiquement mais explicitement, la nature des relations qu’entretenaient les deux héros au courage indomptable et à la force sensiblement identique   :
     
    Nous avons été amis de cœur,
    été compagnons en forêt.
    Dans la même couche, côte à côte,
    nous avons dormi d’un lourd sommeil
    après de durs conflits
    dans nombre d’étranges pays.
    Ensemble, nous courions à l’entour,
    nous battions tous les bois,
    quand nous étions à l’école de Scatach (128) .
     
    On remarquera que cette liaison amoureuse évidente entre les deux guerriers irlandais ne les empêche pas d’entretenir des relations féminines   : Cûchulainn est marié et a de nombreuses aventures extraconjugales, et Ferdéad, pour accepter de combattre son ami, a reçu la promesse d’obtenir la fille de la reine Maeve. Ce ne sont pas les caractéristiques d’une véritable homosexualité qui supposerait des rapports exclusifs entre hommes, mais c’est l’indice d’une bisexualité qui ne semble aucunement avoir été condamnée dans les sociétés celtiques, même lorsqu’elles ont été christianisées. On en a un exemple frappant avec l’histoire, plus tardive mais fondée sur des données plus anciennes, de Lancelot du Lac, amant de la reine Guenièvre, mais lié d’une « amitié virile » avec un certain Galehot, « seigneur des Îles Lointaines ».
    Lancelot, de plus en plus amoureux de Guenièvre, est retenu prisonnier dans le château de la Dame de Malehaut, et pendant ce temps-là, un certain Galehot lance un défi au roi Arthur   : que celui-ci se reconnaisse son vassal, sinon ce sera la guerre. Et c’est la guerre. Galehot semble un redoutable guerrier. Sa taille est immense. Il est d’ailleurs appelé le « Fils de la Géante ». Et il est aussi le « Noir Chevalier » qui va avoir l’occasion de se confronter au « Bon Chevalier », c’est-à-dire Lancelot, revêtu d’une armure blanche.
    En effet, Lancelot, qui a obtenu l’autorisation de la Dame de Malehaut d’aller au secours du roi Arthur, est amené à combattre Galehot en personne. Il se distingue de façon étonnante, à tel point que Galehot est saisi d’admiration – et d’amour   ? – envers lui. Après le combat, qui se termine d’ailleurs par un match nul, Galehot suit Lancelot, engage la conversation avec lui, s’efforce de lui arracher son amitié et parvient à le décider de loger chez lui, bien que tous deux soient officiellement des ennemis.
    À ce moment, Gauvain, qui est témoin de la scène, appelle le roi Arthur et lui montre un spectacle assez surprenant   : « Galehot, le bras droit autour du cou du chevalier (Lancelot), l’emmène entre la colline et la rivière, bien en vue des gens du roi Arthur. Gauvain, constatant que Galehot l’a retenu, dit à la reine   : – Ma Dame, ma Dame, vous pouvez dire que vos hommes sont désormais vaincus et perdus. Voyez, cette victoire est due à la sagesse de Galehot. La reine en effet se rend à l’évidence   : Galehot emmène le chevalier et elle enrage au point d’en rester muette. Quant à mon seigneur Gauvain, il en est si affecté qu’il s’est évanoui trois fois en moins de temps qu’il n’en faut pour parcourir la portée d’une menue pierre (129) . »
    Qu’est-ce que cela signifie   ? L’anecdote est fort intrigante. Visiblement, la colère de la reine a une double cause   : l’armée d’Arthur, privée de son plus fidèle soutien, risque d’être vaincue, et Galehot, qui est soupçonné d’avoir retourné Lancelot, est sur le point de gagner la guerre. Mais il y a aussi une violente jalousie de la part de Guenièvre. Bien qu’elle et

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