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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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et montre « que l’angoisse provoquée par le traumatisme de la naissance peut être vaincue par l’amour rédempteur […]. Ceci ressort d’une façon particulièrement nette dans les contes où le héros, après avoir tué le dragon, tombe lui-même dans un état de sommeil qui rappelle la mort (144) . »
    Un détail remarquable et sur lequel on doit insister est le fait que la caverne et la forteresse sont soit entourées d’eau, soit au milieu des marécages, dans un « gaste pays » couvert de landes et de forêts humides, soit dans une brume opaque et quasi infranchissable, soit franchement dans la mer ou dans un lac. Les marais ont toujours eu quelque chose de trouble et de diabolique dans l’imaginaire humain. Les marais ne sont ni de la terre ni de l’eau, ils sont les deux   : il s’agit d’une zone intermédiaire où tout se fait et se défait. Les êtres vivants ont été formés d’eau et d’argile et ils redeviendront eau et argile dans la pourriture. Les marais sont donc des zones d’échange entre le monde des vivants et celui des morts, et ils sont inquiétants. Ils sont souvent considérés comme une porte s’ouvrant sur les enfers, tel le Yeun Ellez , cette dépression marécageuse au cœur des monts d’Arrée, en Bretagne armoricaine, sous les hauteurs du mont Saint-Michel de Brasparts, même s’ils sont sous la protection de l’Archange de lumière et de la Vierge Marie, plus que jamais « l’impérière des infernaux paluds » selon l’expression du poète François Villon dans sa « Ballade pour prier Notre Dame ».
    Mais il y a plus   : Sandor Ferenczi, l’un des plus audacieux parmi les disciples de Freud, fait remarquer dans Thalassa que l’acte sexuel, pour l’individu mâle, représente, en plus du processus inversé de la naissance, l’actualisation au stade inconscient du désir de retourner vers l’humide, c’est-à-dire en fait la négation de la catastrophe de l’assèchement qui a rejeté le lointain ancêtre de l’existant humain hors du milieu aquatique, il y a des millions d’années. D’où le symbolisme du poisson, image du pénis et de l’enfant dans la matrice originelle, et par là souvenir inconscient d’un état antérieur aquatique expérimenté individuellement par tout humain pendant la maturation fœtale en milieu humide clos. Le désir du héros qui se lance à la recherche de la femme, mystérieuse et engloutie, correspond donc « à l’effort visant à rétablir le mode de vie perdu, et ceci dans un milieu humide qui contienne en même temps les substances nutritives, ce qui veut dire l’existence aquatique dans l’intérieur de la mère, humide et riche en nourriture (145) . »
    De toutes ces spéculations autour de la Sheela-na-Gig , représentation typique de la femme chez les Celtes, on peut déduire que la béance qu’elle exhibe aussi impudiquement est l’entrée ouverte dans le milieu paradisiaque utérin que représente la femme, source de vie et donc de secrétions humides. La divinité indienne Satyavati, dont le nom signifie « vérité », était aussi affublée du surnom de « poisson puant ». Il est vrai que la femme est réglée sur un cycle lunaire de vingt-huit jours, correspondant non seulement à la course de l’astre des nuits, mais à l’action de celle-ci sur les marées. Et l’on sait que la liqueur vaginale secrétée sous l’effet des excitations érotiques a une odeur de poisson caractéristique, due à la présence de trimétylamine, substance qu’on retrouve dans le poisson qui commence à se décomposer. On comprend alors pourquoi les abords de la grotte, au milieu des marécages, exhalent une odeur qui fait fuir les délicats, mais qui les attire inexorablement. Les mythes ne sont jamais des inventions d’intellectuels, ils traduisent, sous une forme imagée et symbolique, les réalités les plus profondes de la vie (146) .
    De plus, ce qui peut sortir de la caverne n’est pas moins inquiétant, sinon répugnant. Lorsque, dans le récit irlandais de Diarmaid et Grainné , les deux amants sont réfugiés dans une caverne, leur présence est signalée – traîtreusement d’ailleurs, par une sorcière qui prétend les héberger – par des copeaux de bois flottant dans le ruisseau qui s’en échappe. Cet écoulement des eaux encombrées de copeaux est le symbole évident du flux menstruel. Mais dans la version allemande de Tristan , due à Gottfried de Strasbourg, les deux amants

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