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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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car ils vont très loin dans cette répulsion qui n’est autre qu’une fascination. Tertullien, après avoir dit que la femme était « la porte du diable », la définit encore comme « un temple édifié au-dessus de l’égout ». On ne peut pas mieux dire. Quant à saint Augustin, il déclare gravement que « nous naissons inter faeces et urinam  », réflexion qui constitue une terrifiante approche du sexe, et qui peut donner raison aux interprétations psychanalytiques les plus hardies et les plus controversées.
    On est ici au cœur du problème soulevé par la Sheela-na-Gig . La femme est réellement un temple, comme le dit Tertullien, mais pour accéder à ce temple, donc en un endroit sacré, il faut passer par des chemins qui, pour reprendre les termes d’une phrase de Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe , sont « cachés, tourmentés, muqueux, humides, pleins de sang, souillés d’humeurs ». Et si la femme est solaire, dispensatrice de lumière, il faut ramper dans de sinistres souterrains pour accéder à sa demeure. Ces souterrains, ceux qui s’ouvrent entre les cuisses de la Sheela-na-Gig , sont si secrets, si dangereux, si hérissés de monstres, au milieu de marécages, de fondrières et de torrents infernaux, qu’ils inspirent une terreur bien compréhensible. Et pourtant, peu d’hommes hésitent à s’y engouffrer.
    « Le corps réceptacle de la femme, c’est l’expérience vécue par elle lorsqu’elle porte intérieurement son enfant ou lorsque l’homme entre en elle lors de l’acte sexuel. Elle est l’urne de vie dont naît la vie, qui porte tout ce qui vit, pour ensuite le libérer, l’expulser et le répandre sur le monde. […] Toutes les fonctions vitales de base se produisent dans le cadre de ce vase dont l’intérieur représente l’inconnu. Sa sortie et son entrée ont une signification spéciale. La boisson et la nourriture qu’absorbe ce vase déclenchent toutes les fonctions créatrices. […] Tous les orifices naturels, yeux, oreilles, bouche, nez, rectum et zone génitale, ainsi que la peau, ont exercé en tant que lieux d’échange entre l’extérieur et l’intérieur une fascination extraordinaire sur les premiers hommes (138) . » Et comme la mémoire des hommes est des plus tenaces, on retrouve cette trouble fascination, frappée de honte, évidemment, dans toutes les pratiques amoureuses plus ou moins interdites. En effet, le baiser buccal, le baiser sur les yeux, la langue dans l’oreille, la pénétration vaginale dite normale ( in vas naturale ), les différents actes classés comme « perversions » (cunnilingus, anilingus, coït anal, goût pour la sueur, les sécrétions intimes, l’urine, les matières fécales, les linges souillés, etc.) ne sont pas autre chose, en définitive, malgré la répugnance avec laquelle ils s’accomplissent, que le désir de retrouver le chemin perdu pour parvenir à l’extrême, cette fameuse « entrée ouverte au palais fermé » dont parlent les textes alchimiques.
    Cette présentation de l’ouverture béante du sexe de la femme évoque à n’en pas douter toutes les histoires qu’on raconte à propos d’une caverne qui contient de grandes richesses et dans laquelle seul un héros sans peur peut pénétrer. Il n’est point besoin d’insister sur la signification utérine et vaginale des grottes sacrées telles qu’elles sont décrites dans les traditions religieuses ou mythologiques du monde entier, y compris dans les récits hagiographiques chrétiens. Ce n’est pas par hasard que la Vierge Marie se manifeste dans des grottes comme celle de Lourdes. Ce n’est pas non plus par hasard que la tradition localise la naissance du Christ dans une grotte servant d’étable. Les églises romanes et surtout les cryptes qui les ont précédées ne font que perpétuer cette idée qui est un héritage des temps paléolithiques, où les existants humains vivaient plus ou moins dans des cavernes et en tous cas y enterraient leurs défunts et y honoraient les divinités.
    Chez les Celtes, l’héritage est encore plus direct et remonte à l’époque mégalithique, c’est-à-dire de 5000 à 2000 avant notre ère   : ce sont d’abord les grottes naturelles ou aménagées comme celles de la vallée du Petit Morin, près de Coizard (Marne), où la Femme divine attend ses adorateurs. Elle y est figurée en déesse funéraire, munie de seins parfois plantureux, sur les parois de craie de ces chambres

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