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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dragon rentrer dans sa caverne. Il rencontre alors le roi Arthur qui pourchasse le monstre, mais ne peut l’atteindre. Efflam guide le roi vers la caverne. Arthur se bat contre le dragon, mais en vain   : il doit abandonner la lutte. Alors, le lendemain, par la puissance de ses prières, Efflam oblige le monstre à quitter son antre et à s’engloutir dans la mer où il disparaît définitivement (142) .
    À l’analyse, on comprend que si Efflam s’enfuit pendant sa nuit de noces, ce n’est pas pour respecter un vœu de chasteté, comme le prétendent les pieux hagiographes, c’est parce qu’il ne peut franchir l’entrée de la grotte, son épouse lui apparaissant alors comme une Sheela-na-Gig . Il est « inhibé » au sens psychanalytique du terme. Ce n’est que plus tard qu’il vaincra ses répulsions, encouragé en cela par l’attitude courageuse du roi Arthur, mais de façon symbolique. Efflam ayant vaincu le dragon et l’ayant précipité dans les eaux, l’accès de la caverne est désormais libre.
    Il y a d’ailleurs équivalence entre la caverne et la forteresse. L’entrée de celle-ci est toujours sévèrement protégée et l’on ne peut y faire irruption qu’en ayant lutté contre les gardiens du seuil. Mais l’analogie va encore plus loin quand on considère le sens exact du mot latin arx (génitif arcis ), probablement d’origine étrusque et désignant le point le plus central d’une citadelle, dont l’équivalent médiéval est le « donjon ». Or, bâti sur la même racine, le mot arca veut dire « coffre », « cercueil », et aussi « matrice », dont le dérivé arcanum a le sens de « mystère », « secret » et bien entendu « arcane ». Il ne faut pas oublier que l’arche de Noé est avant tout un « abri », un « refuge », soigneusement clos et à l’abri des dangers extérieurs, permettant ainsi à l’humanité d’échapper au déluge dévastateur, c’est-à-dire à toute agression venue de l’extérieur.
    Si l’entrée de la caverne, ou d’un tertre mégalithique, est obstruée, celle de la forteresse également, par des pieux acérés ou des herses de fer. On pense évidemment à Lancelot qui, pour rejoindre Guenièvre dans sa chambre, doit tordre, en se blessant abominablement, les barreaux métalliques qui le séparent de la femme aimée. Dans cet ordre d’idées, il est bon de signaler un curieux conte populaire poitevin recueilli en 1888 à Lussac-les-Châteaux (Vienne) et intitulé Finon-Finette , du nom de l’héroïne. Celle-ci est la plus jeune de trois sœurs que leur père, devant s’absenter plusieurs mois, laisse à la maison en leur recommandant de veiller sur leur « vertu ». Bien entendu, il n’a pas plus tôt disparu qu’un beau jeune homme se présente et fait la cour aux trois sœurs. Les deux aînées succombent à la tentation, mais la cadette y met certaines conditions.
    « — Je veux bien, dit Finon-Finette. Mais elle avait fait faire des clous bien longs qu’elle avait fixés à l’intérieur d’une barrique, et la barrique était percée par un bout. Finon-Finette dit au jeune homme   : – Tenez, pour entrer dans ma chambre, il faut passer par cette barrique. Allons, entrez… Il entra dans la barrique. Alors elle roula la barrique pendant un long moment. Et le jeune homme se plaignait. Il était tout meurtri, tout blessé par les clous, et il demandait grâce. Finon-Finette lui rendit sa liberté et il partit sans demander son reste (143) . » L’allusion à la vagina dentata est parfaitement claire, et tout commentaire sur ce conte devient inutile.
    De toute façon, le héros qui, après avoir surmonté ses terreurs, pénètre dans la caverne, ou dans la forteresse, réactualise sa propre naissance, mais en sens inverse . C’est ce qu’enseignent de nombreux contes de fées. « Les difficultés et les dangers qui guettent l’enfant naissant lors de sa sortie (de l’utérus maternel) sont remplacés par les difficultés et les dangers qui s’opposent à la pénétration du Prince charmant auprès de la Belle au Bois dormant (plantes épineuses, chemins glissants, rochers parsemés de trappes) tandis que la délivrance définitive de la bien-aimée est représentée par la destruction de la cuirasse, l’ouverture du cercueil, la déchirure de la chemise, toutes enveloppes qui rendaient la vierge inaccessible. » Cela fait ressortir la double qualité de l’acte sexuel, agréable et pénible,

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