Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
souterraines. Mais ce sont ensuite les grottes artificielles que sont certains monuments mégalithiques, dolmens et allées couvertes, autrement dit des cairns , qui sont non pas creusés dans la terre, mais dans tous les cas bâtis au-dessus de la surface du sol.
    La référence sexuelle de ces tertres est évidente. Le cairn est à l’image d’un ventre féminin. L’entrée est plus ou moins dissimulée, de toute façon de dimension très restreinte. Elle donne accès à un couloir très étroit et bas qui monte légèrement et qui devient de plus en plus haut au fur et à mesure qu’on y pénètre, pour déboucher dans une chambre funéraire qui n’est jamais au centre du tertre, mais environ au tiers, évoquant incontestablement une matrice, celle-ci étant précédée par un conduit vaginal. C’est là que, si l’on en croit les traditions irlandaises, les anciens Celtes faisaient résider non seulement les défunts, mais les dieux et les héros, dans le fabuleux univers du sidh , domaine des non moins fabuleux Tuatha Dé Danann.
    Et cela se répercute dans les traditions populaires de toute l’Europe occidentale où les déesses d’autrefois sont devenues des fées, bonnes ou mauvaises, dont le souvenir n’est certes pas perdu dans la mémoire paysanne de l’époque dite industrielle.
    C’est ainsi qu’à la fin du XIX e  siècle, Paul Sébillot, le grand défricheur de la tradition autochtone, a pu recueillir quantité d’informations sur l’impact qu’avaient les grottes sur l’imaginaire. « Dans la baie de Yaudet en Ploulec’h, sur les bords de la Manche bretonnante, tout le monde parlait autrefois d’une grotte peu profonde où se trouvait non une fée, mais une princesse qui y avait été enchantée avec d’immenses trésors. Elle doit rester endormie jusqu’au jour où un célibataire, insensible à la peur, sera venu la délivrer » ( Folklore de la France , II, p. 121). Car les grottes recèlent de mystérieux trésors dont la possession excite considérablement l’audace de ceux qui recherchent la communion avec l’invisible, cet invisible étant confondu avec l’image toute puissante de la femme, cachée et inaccessible.
    Mais d’autres exemples sont aussi révélateurs. Il existe une grotte des fées dans l’île de Guernesey, où l’on ne peut pénétrer qu’à marée basse – au moment où l’odeur des algues est la plus forte, et où elle rappelle irrésistiblement celle du sexe féminin –, en grimpant sur de grosses masses de rochers à l’entrée ( Ibid. II, p. 116). Et ce n’est pas seulement près de la mer que de telles aventures se profilent. Près de Lourbières (Ardèche), un chasseur pénètre dans une grotte et s’aperçoit que celle-ci est illuminée, la mousse étant changée en or, et au milieu une table bien servie. Le chasseur mange les mets qui y sont préparés. Alors, il voit tomber des quilles en or, puis une boule du même métal, mais s’aperçoit finalement que c’était le corps d’une fée qui se mit à chanter pour lui des chants merveilleux ( Ibid. I, p. 437). Dans les Pyrénées, des fées noires emportaient les jeunes vachers qui abandonnaient ainsi la surveillance des troupeaux pour aller chercher des nids de perdrix blanches, ce qui, symboliquement, indique que les vachers faisaient l’amour avec les fées noires pour les rendre blanches, donc pour leur redonner l’aspect de tous les humains. D’ailleurs, ces vachers n’étaient pas retenus contre leur volonté dans ces grottes   : « ils s’y plaisaient tellement que le temps leur semblait moins long qu’il ne l’était réellement » ( Ibid. I, p. 442).
    Dans ces croyances, l’accent est en effet mis sur la perte de la notion de temps et d’espace. Sur la côte de la Manche, de Saint-Brieuc à Dinard, les fées qu’on appelle des houles habitent dans des grottes qui « se prolongeaient bien avant dans les terres, jusque sous les bourgs, d’où l’on entendait chanter les coqs des fées   : l’une d’elles aboutissait à Notre-Dame de Lamballe, à quarante kilomètres de son entrée. Suivant quelques récits, quand on avait franchi une sorte de tunnel, on voyait un monde pareil au nôtre, qui avait son ciel, son soleil, sa terre et ses arbres, et même de beaux châteaux au bout de longues avenues » ( Ibid. II, p. 108). Cette dernière superstition se rapporte curieusement à la croyance irlandaise selon laquelle, dès qu’on a pénétré à

Weitere Kostenlose Bücher