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André Breton, quelques aspects de l’écrivain

André Breton, quelques aspects de l’écrivain

Titel: André Breton, quelques aspects de l’écrivain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Julien Gracq
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ressort commun de cette aimantation irrésistible de la pensée, que Breton «communique» — il préférerait sans doute dire «communie » — d'une certaine manière avec Hegel, réfractant à travers sa nature intime ce qui s'est voulu consciemment être une chaîne de pensées logiques en un système subconscient de fidélité imaginative — poétique.
    On demandera un plus grand crédit au lecteur en ce qui concerne les affinités internes du freudisme avec le schéma générateur des images chez Breton. Ce qui peut presque se prouver pour Hegel ne peut guère que se pressentir pour Freud, et l'on craint de faire état de remarques où dans une certaine mesure l'accent tente de remplacer la preuve. Essayons cependant de retrouver quel langage — en tous les sens du mot sympathique — le freudisme a pu, selon l'expression magnifique, parler à l'imagination de Breton, et nous pressentirons là encore que les terres découvertes par Freud avaient toutes les qualités requises pour se transformer pour lui en champs magnétiques. L'image si attirante, si parlante en effet, des figures inexplicables soudain dessinées à même le tissu de la vie consciente sous la forme de rêves, lapsus, actes manques, par l'action occulte des tendances refoulées dans un inconscient inaccessible qui ne se laisse entrevoir qu'à travers elles, appelle par préférence à l'imagination qui cherche à l'appréhender le schème abstrait d'une expérience entre toutes éloquente pour elle : celle de l'aimant invisible qui groupe en aigrettes et en rosaces la limaille de fer agitée sur une feuille de papier. De toutes les images qu'elles peuvent appeler à elles pour forcer la conviction, celle qui sous-tend le mieux d'efficacité les théories de Freud est bien incontestablement l'image du séparateur magnétique triant sans trêve son butin dans la masse de matériaux charriés en vrac par la vie consciente. On ne peut pas ne pas se dire que cette manière tentante de transposer sur le plan d'une attraction de nature magnétique le problème passionnant de la clé des songes a dû être pour Breton particulièrement fascinatrice. Et lorsqu'il nous fait part dans Les Vases communicants de ce que «tout ce qu'il lui paraît nécessaire de retenir de l'œuvre de Freud est la méthode d'interprétation des rêves... de beaucoup latrouvaille la plus originale que cet auteur ait faite...» nous le comprenons aisément de plaider (si l'on ose dire) pour son saint. Sous le langage qu'il emploie pour nous entretenir de Freud dans le Premier manifeste court à fleur de peau la tentation qui s'ébauche d'une lointaine assimilation aux phénomènes magnétiques.
     
    «Si les profondeurs de notre esprit recèlent d' étranges forces capables d'augmenter celles de la surface, ou de lutter victorieusement contre elles, il y a tout intérêt à les capter...
    «Je prends, encore une fois, l'état de veille. Je suis obligé de le tenir pour un phénomène d'interférence. Non seulement l'esprit témoigne dans ces conditions d'une étrange tendance à la désorientation (c'est l'histoire des lapsus et méprises de toute sorte dont le secret commence à nous être livré), mais encore il ne semble pas que dans son fonctionnement normal il obéisse à bien autre chose qu'à des suggestions qui lui viennent de cette nuit profonde dont je le recommande...»
     
    Rien d'étonnant, par un mouvement qui n'est déroutant que pour qui n'en a pas saisi la nécessité profonde, à ce que soudain la dialectique hégélienne relaye Freud :
     
    «...Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité si l'on peut dire.»
     
    La plus étrange parenté s'établit ici, dans l'esprit de Breton, entre les deux systèmes, et l'on ne peut la saisir dans son intégrité que si l'on se place maintenant au foyer, au «point de vue» unique d'où il souhaite les embrasser tous deux. Cette idée d'un point de vue à conquérir d'où tout s'unifierait pour l'œil, d'où se résorberaient miraculeusement les contraires, règne à la façon d'une véritable hantise dans l'esprit de Breton. Aussi fallacieux que désirable, il est sans cesse «en avant », il se révèle aussi inaccessible que le point de fuite où se nouent les lignes de la perspective. Breton l'a parfaitement compris ainsi...
     
    «J'ai parlé d'un certain point sublime dans la

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