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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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de sagesse. Ici, chaque homme – même les prêtres – a les yeux posés sur elle. Je les observe parfois pour aider à passer le temps.
    — Vous êtes un cavalier émérite, dit Yusuf. Je n’ai jamais vu un blessé monter ou maîtriser si bien un cheval tel que celui-ci.
    — Tu me flattes, jeune Yusuf. Je monte de manière honorable et, au cours de ces dernières années, pour une raison ou une autre, je suis souvent allé à cheval. C’est une vie bien agitée que celle que j’ai menée.
    Il se tut un instant.
    — Pourrais-tu demander à Son Excellence qu’il daigne m’accorder un entretien ? reprit-il. Je le ferais bien moi-même mais, vois-tu, je ne suis pas aussi vif que toi.
    — Je vais le lui demander, dit Yusuf avant de s’esquiver.
     
    — Je suis désolé de déranger Votre Excellence, dit Gilabert.
    — Ce n’est rien, répondit Berenguer. C’est une plaisante soirée, et la cour du château est tout à fait hospitalière. Voyez-vous une objection à la présence de mon médecin ?
    — Nullement. Il peut entendre tout ce que j’ai à dire.
    — Vous avez toute mon attention, fit Isaac d’un air grave.
    — À une heure d’ici, sur la route de Tarragone, expliqua Gilabert, se trouve la modeste finca de mon père. Avec votre permission et votre aide gracieuse, Votre Excellence, je quitterai demain votre escorte. Quand j’aurai recouvré forces et santé, je vous retrouverai à Tarragone. Dans quelques jours, je l’espère.
    — Désirez-vous que nous vous ramenions chez votre père ?
    — Non, ce serait trop demander. Je sollicite seulement une mule pour me conduire à la finca et un homme pour vous la ramener. Dès mon arrivée, mon oncle me donnera un cheval.
    — Votre oncle ?
    — C’est un homme très généreux. Ou mon père, bien entendu, ajouta-t-il. Cela ne posera aucun problème. J’ai des affaires à Tarragone, et j’espère vous y retrouver, Votre Excellence, avant la fin du conseil général.
    — Qu’en pense mon médecin ?
    — C’est chose possible, dit Isaac. Mais si Votre Excellence n’y voit pas d’inconvénient, j’aimerais l’accompagner et emmener ma fille avec moi. Je pense qu’il trouvera cet exercice bien plus pénible qu’il ne se l’imagine, et je tiens à examiner ses blessures dès son arrivée. Ainsi qu’à bander une fois encore sa main avant qu’il n’échappe à mes soins.
    — Est-ce acceptable ?
    — Ça l’est, répondit Gilabert.
    — Bien. Le capitaine va arranger cela. Je vous souhaite de joyeuses retrouvailles avec votre père, et je prie pour que vous n’arriviez pas trop tard pour le voir.
    — Pour le voir ? Ah oui, bien sûr. Je m’efforce de ne pas trop penser à cela. Mais mon oncle sera là, même si mon père n’y est pas.
    — Vous disposerez d’une mule et d’une escorte pour vous ramener dans votre famille. Pour l’heure, je vous dis adieu. À l’aube, je partirai pour Tarragone. Francesc et Bernat m’accompagneront. Jeune Gilabert, et peu importe qui vous êtes, de tout mon cœur je vous souhaite plus de bonheur que vous n’en avez eu jusqu’à présent.
    — Qui croyez-vous que je suis, Votre Excellence ?
    — Je l’ignore, dit Berenguer, mais que Dieu vous assiste, demain et toujours. Irons-nous souper ?
    Suivis de Yusuf, les trois hommes empruntèrent l’escalier puis la galerie qui menait à la grande salle à manger, où tout le monde se retrouvait déjà pour le repas du soir.

CHAPITRE VI
     
     
    Mercredi 30 avril
     
    La salle était quasiment vide le lendemain matin quand le capitaine entra.
    — Holà, señor ! lança-t-il. Je suis heureux de vous voir réveillé et à table. Cela signifie-t-il que vous pouvez monter ?
    — Tout à fait, répondit Gilabert, occupé à déjeuner.
    — Bien. Son Excellence et ses prêtres sont partis à l’aube. Vous prendrez la mule de l’évêque. C’est une bête docile – enfin, autant que peut l’être une mule. Et j’aurai l’honneur de vous escorter.
    — Je vous en suis très reconnaissant. Avez-vous vu le médecin ? Est-il prêt ?
    — Il l’est, capitaine, s’éleva une voix depuis le pas de la porte.
    — Vous êtes parfaitement ponctuel, maître Isaac, dit le capitaine en se tournant vers le médecin et sa fille. Si nous partons sur l’heure, nous pourrons rejoindre le reste de la troupe sans les retarder. L’étape d’aujourd’hui est un peu longue.
    — Dans ce cas, allons-y sans

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