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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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introduisit avec une courbette élaborée.
    — Révérende mère, dame Elicsenda, mes sœurs, dit Don Sancho.
    Les femmes s’avancèrent au milieu de la pièce richement meublée et baissèrent la tête en signe de soumission.
    — Quelle chance de pouvoir enfin nous rencontrer pour évoquer les difficultés surgies à Sant Daniel ! ajouta-t-il.
    — Quelle chance, effectivement ! renchérit la révérende mère d’un ton un peu acide. Votre Excellence, dame Elicsenda demande l’autorisation de parler.
    L’archevêque prit son temps avant de répondre. Il sourit.
    — Dame Elicsenda, dit-il enfin, vous pouvez parler.
    Elle tomba à genoux et baissa les yeux.
    — Votre Excellence, je me suis cruellement mise en tort. Je suis coupable de désobéissance pour ne pas m’être pliée aux ordres de Votre Excellence dès qu’ils me furent signifiés. Je ne peux que dire, non pas pour m’excuser, mais pour m’expliquer, que j’ai placé les soucis infimes du couvent avant le devoir supérieur que j’ai envers l’Église, mon ordre et mon archevêque. Je supplie Votre Excellence de me croire quand je dis que je n’ai jamais toléré les transgressions de Sor Agnete, mais ai au contraire prié pour son amendement spirituel.
    — Vos prières ont-elles été entendues ?
    — Non, Votre Excellence, malgré toutes mes supplications et mes exhortations, elle s’accroche à son péché.
    — Dieu n’écoute peut-être pas volontiers une sœur désobéissante, précisa-t-il.
    — Votre Excellence est très sage. Je n’avais pas l’intention de désobéir, mais je fus négligente.
    — Cela suffira, dit l’archevêque. Levez-vous, dame Elicsenda. Vous êtes libre de retourner à Sant Daniel. Confessez vos fautes à vos sœurs, et vous pourrez reprendre vos devoirs. À une exception près : Sor Marta sera désormais responsable de l’ordre fiscal au sein de votre couvent. Elle est capable et avisée, et je suis persuadé qu’elle assume déjà semblable tâche.
    — Depuis longtemps, Votre Excellence.
    — Deux fois par an, elle adressera un rapport à…
    Son hésitation fut si longue que les quatre religieuses craignirent qu’il eût oublié ce qu’il voulait dire.
    — À qui, Votre Excellence ? osa enfin demander Elicsenda.
    — À Son Excellence l’évêque de Gérone, bien évidemment.
    Il sourit.
    — Et Sor Agnete demeurera à la maison mère pour y vivre la pénitence que vous voudrez bien lui préciser, révérende mère, et ce jusqu’à son procès.
     
    — Elicsenda, ma fille, vous vous en tirez bien, dit la révérende mère dès qu’elles se retrouvèrent à l’abri des murs du couvent, loin des regards inquisiteurs et des langues bavardes.
    — Oui, ma mère, dit l’abbesse dont le visage était aussi blanc que le lin qui le ceignait. Très bien, même. Je m’étais préparée au pire. Je suis très reconnaissante à Son Excellence, ajouta-t-elle sagement, bien que cela lui coûtât beaucoup.
    — Je lui ferai part de votre gratitude en temps voulu. Moi aussi, je suis satisfaite.
     
    Cette matinée de mai était chaude et paisible, tout emplie de la lourde fragrance des roses. La maison de Joshua somnolait dans le calme du sabbat. Isaac n’était pas utile en cet instant au palais, et il était revenu à pied pour prendre un déjeuner tardif avec sa famille avant de sortir avec son beau-frère. Ruben avait disparu. Dinah et Judith bavardaient, et Raquel, assise sous un oranger de la cour, jouissait du plaisir d’être seule. Elle s’adossa à l’arbre et leva les yeux en se demandant si elle pourrait y grimper et s’y cacher pour le reste de la journée. Avec l’aide d’un banc, peut-être…
    Ses songeries furent interrompues par des coups frappés au portail, puis par une cloche actionnée si violemment qu’elle retentit avec fracas. Qui que ce fût, elle décida immédiatement qu’elle n’apprécierait pas cette compagnie. Que quelqu’un d’autre ouvre la porte.
    Derrière elle, un escalier étroit menait à une porte basse. Il n’y avait là qu’une mansarde où l’on entreposait des réserves. Elle grimpa, poussa la porte, se baissa pour entrer et se retrouva dans une pièce où des fruits secs et des légumes, ainsi que de la viande et du poisson séchés, étaient disposés sur des planches. Les volets – des persiennes – étaient tirés ; des rideaux de cuir pouvaient être abaissés en cas de mauvais temps. Raquel prit un abricot, mordit

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