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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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de laisser notre pauvre curé sans meubles.
    Le curé Lanctôt ne dit rien, attendant la suite avec une impatience mal déguisée.
    — Ça fait que la fabrique a décidé de faire le tour des presbytères de la région pour voir si on nous donnerait pas quelques vieux meubles qui servent plus et qui sont entreposés dans le grenier, dit Donat.
    — Ah oui !
    — Jusqu’à présent, les curés des paroisses ont été plutôt charitables, mentit Hormidas sans vergogne, mais il nous manque encore pas mal d’affaires.
    — Bon, fit le prêtre en se levant. Il sera pas dit qu’à Sainte-Monique on a moins de cœur qu’ailleurs. Allez rejoindre mon bedeau à côté et demandez-lui de vous montrer les meubles qui sont en haut de la remise. Si vous pensez qu’il y en a qui peuvent faire l’affaire de mon confrère Désilets, vous avez ma permission de les emporter.
    Meilleur et Beauchemin remercièrent le curé Lanctôt et s’empressèrent de quitter le presbytère pour aller rejoindre le bedeau en train de fendre du bois devant la remise.
    Planté devant une fenêtre de son bureau, Louis-Georges Lanctôt secoua doucement la tête en murmurant :
    — Je me demande encore à quoi monseigneur a pensé quand il a permis la fondation de cette paroisse-là, une paroisse de quêteux où le curé va toujours tirer le diable par la queue. Comme je connais Josaphat Désilets, il va être content encore d’avoir les cochonneries de tout un chacun.
    Le bedeau Octave Gendron entraîna les deux hommes à l’étage de la remise en repoussant les toiles d’araignée.
    — Il y a ben de la poussière, mais vous allez peut-être trouver quelque chose là-dedans. Je vous laisse prendre ce que vous voulez, si c’est ce que monsieur le curé vous a dit.
    — Il y a pas mal de meubles qui vont faire notre affaire, père Meilleur, déclara Donat en se frottant les mains dès que le bedeau eut disparu.
    En fait, les deux marguilliers transportèrent dans leur charrette un vieux secrétaire éraflé, deux commodes qui avaient connu de meilleurs jours, un coffre et deux lits.
    — Il manquera juste la paillasse, dit Hormidas en déposant les montants d’un lit dans la voiture. Mais ça, ce sera pas un problème. Toutes les femmes de la paroisse sont capables d’en faire.
    Au moment de partir, les deux marguilliers de Saint-Bernard-Abbé virent le curé Lanctôt en train de faire les cent pas sur la large galerie de son presbytère en lisant son bréviaire. Ils prirent la peine de descendre de voiture et de s’avancer pour le remercier à distance.
    — Il y a pas de quoi, répondit le prêtre. Tant mieux s’il y a quelque chose qui fait votre affaire.
    Les deux hommes le saluèrent et remontèrent dans la charrette.
    — Sais-tu qu’il est pas si détestable qu’on le dit, le jeune, fit Hormidas au moment où la charrette s’éloignait du presbytère.
    — Avec lui, on sait jamais à quoi s’attendre, répliqua son compagnon. Là, il est presque l’heure de dîner. On peut tout de même pas arriver trop de bonne heure à Saint-Zéphirin. Je pense qu’on va s’arrêter chez mon oncle Armand, à la sortie du village. Ma tante Amanda est pas ben recevante, mais ça me surprendrait qu’elle nous serve pas un bol de soupe.
    Quelques minutes plus tard, les deux hommes vinrent frapper à la porte de la maison ancestrale des Beauchemin. Armand, le dernier des frères Beauchemin encore vivant, habitait cette grande maison en pierre avec sa femme Amanda, une hypocondriaque peu hospitalière. À la plus grande surprise de Donat, ce fut sa tante Mathilde qui vint leur ouvrir.
    — Tiens, du monde de Saint-Bernard ! s’exclama l’imposante sœur Grise en leur faisant signe d’entrer.
    — Entrez, entrez ! leur ordonna son oncle Armand avec bonne humeur en quittant la chaise berçante dans laquelle il était assis.
    Le gros homme serra la main de son neveu ainsi que celle d’Hormidas Meilleur qu’il connaissait. La tante Amanda déposa un plat sur la table et vint embrasser son neveu sans grand entrain et saluer le facteur. La compagne de Mathilde Beauchemin, sœur Sainte-Anne, une petite religieuse toujours aussi effacée, salua de la tête les visiteurs.
    — Quel mauvais coup vous êtes venus faire à Sainte-Monique ? plaisanta Armand Beauchemin.
    Son neveu lui expliqua en quelques mots sa mission en prenant soin toutefois de préciser avoir été très bien reçu par le curé Lanctôt.
    — C’est normal,

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