Au Coeur Du Troisième Reich
mètres de diamètre, des tribunes s’élevaient sur trois rangs jusqu’à une hauteur de 30 mètres. 100 piliers rectangulaires en marbre, qui, avec leurs 24 mètres de haut, avaient des proportions encore presque humaines, formaient une couronne interrompue, du côté opposé à l’entrée, par une niche haute de 50 mètres et large de 28, dont le fond devait être recouvert d’une mosaïque d’or. Devant la niche se dressait, sur un socle de marbre haut de 14 mètres, un aigle impérial doré tenant dans ses serres la croix gammée couronnée de feuilles de chêne. C’était là le seul ornement figuratif. Ainsi cet emblème de majesté constituait à la fois le terme de cette avenue d’apparat et le but vers lequel elle tendait. Quelque part au-dessous de cet emblème se trouvait la place du Führer de la nation qui, de là, adresserait ses messages aux peuples du futur empire. Je tentai par des artifices architecturaux de mettre cette place en valeur ; mais c’est là que se révélaient les inconvénients d’une architecture qui n’était plus à l’échelle humaine : Hitler disparaissait au point de devenir parfaitement invisible.
De l’extérieur, le Dôme aurait eu l’apparence d’une montagne verte de 230 mètres de haut, car il aurait été recouvert de plaques de cuivre patinées. Au sommet était prévue une lanterne vitrée de 40 mètres de haut, réalisée dans une construction métallique aussi légère que possible. Au-dessus de cette lanterne se tenait un aigle avec une croix gammée.
Pour l’œil, la masse de ce dôme aurait été soutenue par une rangée continue de piliers hauts de 20 mètres. Par cette mise en relief, j’espérais introduire des proportions encore sensibles à l’œil humain, vain espoir certainement. La voûte du dôme reposait sur un bloc carré de granit clair, qui aurait dû avoir 315 mètres de long et 74 mètres de hauteur. Une frise finement articulée, quatre piliers cannelés en faisceau aux quatre coins et un portique à colonnes avançant vers la place devaient souligner la taille du gigantesque cube 3 . Ce portique devait être flanqué de deux sculptures hautes de 15 mètres. Hitler avait fixé leur contenu allégorique au moment où nous établissions les premières esquisses du projet ; l’une représenterait Atlas soutenant la voûte céleste, l’autre Tellus portant le globe. Terre et firmament auraient été recouverts d’émail, les contours et les constellations incrustés d’or.
Le volume extérieur de cet édifice aurait atteint 21 millions de mètres cubes 4 , représentant plusieurs fois la masse du Capitole de Washington ; ces chiffres et ces dimensions avaient un caractère nettement inflationniste.
Mais ce dôme n’était nullement une chimère, n’ayant aucune chance de devenir jamais réalité. Nos projets n’étaient pas à classer dans la catégorie de ceux, pareillement fastueux et hors de dimensions, conçus par exemple par les architectes Claude-Nicolas Ledoux et Étienne-L. Boullée comme chant funèbre du royaume des Bourbons ou comme glorification de la Révolution. Leurs plans aussi prévoyaient des ordres de grandeur qui ne le cédaient en rien à ceux de Hitler 5 , mais la réalisation n’en avait jamais été envisagée, alors que pour permettre la construction de notre Grand Dôme et des autres bâtiments qui devaient border la future « place Adolf-Hitler », nous fîmes démolir dès avant 1939, au voisinage du Reichstag, de nombreux bâtiments anciens qui nous gênaient ; nous fîmes de même procéder à des sondages de terrain ; des dessins détaillés furent établis, des maquettes grandeur nature construites. Des millions avaient déjà été dépensés pour acheter le granit de la façade extérieure, non seulement en Allemagne, mais aussi, malgré la pénurie de devises et sur ordre exprès de Hitler, en Suède méridionale et en Finlande. Comme les autres édifices de l’avenue d’apparat de Hitler, longue de cinq kilomètres, cette construction devait, elle aussi, être terminée onze ans plus tard, en 1950. Comme c’est ce dôme qui demandait les plus longs délais de construction, la pose solennelle de la première pierre avait été prévue pour l’année 1940.
Du point de vue technique, couvrir d’une voûte une enceinte de 250 mètres de diamètre ne posait aucun problème 6 . Les constructeurs de ponts des années 30 n’avaient aucune difficulté à réaliser une
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