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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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et attentionné avec Winifred Wagner. Sans son aide financière, il n’aurait sans doute pas été possible de maintenir le festival. Bormann préleva chaque année sur ses fonds des centaines de milliers de marks pour en faire le point culminant de la saison d’opéra allemande. Être le mécène de ce festival et l’ami de la famille Wagner représentait sans doute pour Hitler, en ces journées de Bayreuth, la réalisation d’un rêve qu’il n’aurait probablement pas osé faire dans sa jeunesse.
    Goebbels et sa femme étaient arrivés à Bayreuth le même jour que moi et s’étaient installés, comme Hitler, dans l’annexe de la maison Wahnfried. M me  Goebbels, très abattue, s’ouvrit à moi avec la plus grande franchise : « C’est épouvantable, la façon dont mon mari m’a menacée. J’étais à Gastein et je commençais à me remettre, quand il est arrivé à mon hôtel tout à fait à l’improviste. Pendant trois jours, sans interruption, il a cherché à me convaincre ; je n’en pouvais plus. Il s’est livré au chantage, menaçant de m’enlever nos enfants. Que pouvais-je faire ? Notre réconciliation n’est qu’apparente. C’est terrible ! J’ai dû lui promettre de ne plus jamais revoir Karl en privé. Je suis si malheureuse, mais je n’ai pas le choix. »
    Pouvait-on trouver meilleure toile de fond à ce drame conjugal que Tristan et Yseult auquel nous assistions justement, Hitler, le couple Goebbels, M me  Winifried Wagner et moi-même dans la grande loge centrale ? Pendant la représentation, M me  Goebbels, assise à ma droite, ne cessa de pleurer doucement. A l’entracte elle resta assise, brisée et, perdant toute contenance, pleura dans un coin du salon, pendant que Hitler et Goebbels se montraient au public, à la fenêtre, s’efforçant, le reste du temps, d’ignorer cette scène pénible.
    Le lendemain matin je pus expliquer à Hitler, qui ne comprenait rien au comportement de M me  Goebbels, les dessous de cette réconciliation. En tant que chef d’État il fut satisfait de ce dénouement mais il fit immédiatement appeler Goebbels et, en ma présence, lui notifia, en quelques mots très secs, qu’il était préférable qu’il quitte Bayreuth le jour même en compagnie de sa femme. Sans lui laisser le temps de répondre et sans même lui serrer la main, il congédia le ministre et me déclara : « Avec les femmes, Goebbels est un cynique. » Lui aussi en était un, mais d’une autre façon.

11.
    Le globe terrestre
    Lorsque Hitler venait examiner mes maquettes de Berlin, une partie du projet l’attirait irrésistiblement, celle du futur centre gouvernemental du Reich, qui devait, dans les siècles à venir, témoigner de la puissance conquise à l’époque de Hitler. De même que la résidence des rois de France constitue l’aboutissement architectural des Champs-Élysées, de même ce centre gouvernemental devait être la conclusion de l’avenue d’apparat, et grouper les édifices que Hitler voulait avoir dans son voisinage immédiat comme manifestation de sa puissance politique : la Chancellerie du Reich pour la direction de l’État, le Haut Commandement de la Wehrmacht pour l’exercice du commandement dans les trois armes, une chancellerie pour le parti (Bormann), une pour le Protocole (Meissner), et une pour les Affaires privées (Bouhler). Le fait que le bâtiment du Reichstag, lui aussi, fît partie, dans notre projet, du centre architectural du Reich ne voulait pas dire que le Parlement se verrait attribuer un rôle important dans l’exercice du pouvoir ; c’est uniquement le fait du hasard si le vieux bâtiment du Reichstag se trouvait à cet emplacement.
    Je proposai à Hitler de démolir le bâtiment wilhelminien de Paul Wallot, mais je me heurtai à une résistance dont la violence m’étonna : le bâtiment lui plaisait. Toutefois il ne le destinait plus qu’à des fins non politiques. D’ordinaire, Hitler était plutôt avare de précisions sur la finalité de ses projets. S’il n’hésitait pas à s’ouvrir à moi des raisons de ses projets de constructions, ce n’est qu’à cause de cette familiarité qui caractérise presque toujours les rapports entre maître d’ouvrage et architecte. « Dans le vieux bâtiment, nous pourrons aménager pour les députés des salles de lecture et des salles de repos. Je veux bien que la salle des séances devienne une bibliothèque ! avec ses 580 places, elle est beaucoup trop

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