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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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ministre de la Propagande avait préparé un plan d’organisation pour ces manifestations de masse. En 1939, Karl Hanke m’exposa quels étaient les divers degrés de la mobilisation des masses répondant aux exigences de la politique et de la propagande. De la mobilisation des écoliers allant acclamer un hôte étranger éminent, au rassemblement de millions d’ouvriers, on disposait chaque fois d’un canevas adapté aux fins recherchées. Ironique, le secrétaire d’État parla de « mobilisation de l’allégresse ». Pour remplir cette place il aurait fallu recourir au degré suprême de la « mobilisation de l’allégresse », puisqu’elle pouvait contenir un million d’hommes.
    On délimita le côté faisant face au Grand Dôme d’une part par le nouveau haut commandement de la Wehrmacht, de l’autre par le bâtiment administratif de la Chancellerie du Reich ; le milieu restait dégagé pour que, de l’avenue, on ait vue sur le Dôme. Hormis cette unique ouverture, la gigantesque place était entourée de bâtiments.
    Avec l’immense hall de réunion, l’édifice le plus important et le plus intéressant du point de vue psychologique était le palais de Hitler. En effet il n’est pas exagéré de parler dans ce cas, non pas des appartements du chancelier, mais d’un palais. Hitler commença à y penser sérieusement dès novembre 1938, comme le prouvent les esquisses conservées 9  . Le nouveau palais du Führer révélait un besoin de s’affirmer qui n’avait fait que croître. Cette construction était 150 fois plus grande que les appartements du chancelier Bismarck, qui avaient servi à l’origine. Le palais de Hitler pouvait soutenir la comparaison même avec le légendaire palais de Néron, la « Maison dorée », d’une surface de plus d’un million de mètres carrés. Situé en plein centre de Berlin, le palais de Hitler, avec les jardins qui en constituaient le prolongement, aurait occupé deux millions de mètres carrés. Des pièces de réception conduisaient par plusieurs enfilades de salles à une salle à manger où des milliers de personnes auraient pu festoyer en même temps. Pour les réceptions de gala huit salles gigantesques étaient prévues  10  . La machinerie la plus moderne avait été conçue pour un théâtre de 400 places, imitation des théâtres princiers de l’époque baroque et rococo.
    De ses appartements privés Hitler pouvait, en empruntant une suite de galeries, parvenir jusqu’au Grand Dôme. De l’autre côté se trouvait l’aile réservée au travail. Le cabinet de travail devait en constituer le centre. Par ses dimensions il surpassait de loin la salle de réception des présidents américains  11  . Hitler appréciait tant la longue voie d’accès des diplomates dans la nouvelle Chancellerie récemment achevée, qu’il désirait voir retenue une solution analogue pour son nouveau bâtiment. Je doublai donc le chemin des diplomates, et le fis long d’un demi-kilomètre.
    Depuis qu’il avait occupé l’ancienne Chancellerie construite en 1931, ce bâtiment que Hitler avait qualifié d’immeuble administratif d’un trust du savon, ses prétentions s’étaient accrues de 70 fois  12  . Cela montre bien les proportions qu’avait prises la mégalomanie de Hitler.
    Et au milieu de ce faste, Hitler aurait placé dans sa chambre à coucher de dimensions relativement modestes un lit laqué blanc dont il me dit une fois : « Je hais toute magnificence dans une chambre à coucher. C’est dans un lit simple et modeste que je me sens le mieux. »
    En 1939, alors que ces projets prenaient une forme concrète, la propagande de Goebbels réussissait toujours à faire croire à la modestie et à la simplicité proverbiales de Hitler. Pour ne pas ébranler cette croyance, ce dernier n’initiait pour ainsi dire personne aux plans de son palais résidentiel et de la future Chancellerie du Reich. Alors que nous nous promenions un jour dans la neige, il m’expliqua ainsi ses exigences : « Voyez-vous, je me contenterais d’une petite maison toute simple à Berlin. J’ai assez de puissance et jouis d’assez de considération ; pour ma part je n’ai pas besoin du soutien de ce luxe. Mais croyez-moi, ceux qui me succéderont un jour, ceux-là auront bien besoin d’un tel apparat. Pour beaucoup d’entre eux ce sera la seule façon de se maintenir. On ne saurait croire le pouvoir qu’acquiert sur ses contemporains un petit esprit quand

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