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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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l’est, sur le front. C’était trois jours après le début de l’offensive contre la Pologne : son aide de camp m’avait demandé de venir à la Chancellerie saluer Hitler avant son départ ; dans l’appartement provisoirement black-outé, je rencontrai un homme que les choses les plus insignifiantes irritaient. Les voitures s’avançaient et, rapidement, il prit congé de sa cour qui restait là. Personne dans la rue ne prit acte de cet événement historique : Hitler partant pour une guerre qu’il avait mise en scène. Bien sûr Goebbels aurait pu organiser une manifestation d’allégresse qui aurait eu l’intensité voulue, mais apparemment lui non plus ne se sentait pas d’humeur à pavoiser.
     
    Même pendant la mobilisation, Hitler n’avait pas oublié ses artistes. A la fin de l’été 1939, son aide de camp pour l’armée de terre se fit remettre leurs papiers par les commandements des régions militaires, puis il les déchira et les jeta ; de cette façon originale et grotesque, ces artistes n’existaient plus pour les bureaux de recrutement militaires. Sur la liste établie par Hitler et par Goebbels, ses architectes et ses sculpteurs occupaient peu de place, il est vrai ; la plupart des exemptés étaient des chanteurs et des acteurs. Que les jeunes savants aient eu eux aussi leur importance pour l’avenir ne se découvrit qu’en 1942 avec mon aide.
    Alors que j’étais encore à l’Obersalzberg, j’avais demandé par téléphone à Will Nagel, mon ancien supérieur devenu mon chef de réception, de préparer la formation d’un groupe d’intervention technique placé sous ma direction. Nous voulions utiliser l’appareil bien rodé de nos services de grands chantiers pour reconstruire des ponts, des routes ou intervenir dans d’autres secteurs. Il est vrai que dans ce domaine nos idées étaient plutôt floues. Et toute l’entreprise consista d’abord à préparer tentes et sacs de couchage et à peindre en gris vert ma B.M.W. Le jour de la mobilisation générale, je me rendis au Haut Commandement de l’armée de terre, situé dans la Bendlerstrasse. Le général Fromm, responsable du déroulement de la mobilisation de l’armée de terre, était assis dans son bureau, inactif comme il se doit dans une organisation germano-prussienne, pendant que la machine fonctionnait selon le plan établi. Il accepta volontiers mon offre de collaboration ; ma voiture se vit attribuer un numéro minéralogique de l’armée de terre et je reçus une carte d’identité militaire. Là pour le moment s’arrêta, il est vrai, mon activité guerrière.
    Car Hitler lui-même m’interdit, sans autre formalité, de travailler pour l’armée ; il me fit obligation de continuer à travailler à ses projets. Je décidai néanmoins de mettre à la disposition des services d’armement des armées de terre et de l’air les ouvriers et les cadres techniques travaillant sur mes chantiers de Berlin et de Nuremberg. Nous prîmes en charge le chantier du centre de recherches sur les fusées à Peenemünde et les constructions dont l’industrie aéronautique avait un besoin urgent.
    Je fis informer Hitler de ces initiatives qui me semblaient toutes naturelles. Ce faisant je croyais être sûr de son approbation. Pourtant, à ma grande surprise, je reçus bientôt une lettre de Bormann d’une grossièreté extraordinaire : qu’est-ce qui m’avait pris d’entreprendre de nouvelles tâches, il n’y avait pas eu d’instructions dans ce sens, Hitler l’avait chargé de me transmettre l’ordre de continuer toutes les constructions sans restrictions.
    Cet ordre montre à quel point Hitler faisait preuve d’irréalisme et d’inconséquence : d’un côté, il ne cessait de répéter que l’Allemagne avait maintenant lancé un défi au destin et qu’il lui fallait soutenir une lutte à la vie à la mort, de l’autre il ne voulait pas, lui, renoncer à son jouet grandiose. Il ne tenait pas non plus compte de l’état d’esprit des masses qui pouvaient d’autant moins comprendre qu’on continue à construire des bâtiments de luxe que, pour la première fois, la politique expansionniste de Hitler commençait à exiger d’elles des sacrifices. Ce fut le premier ordre que je tournai. Certes, pendant cette première année de guerre, je vis Hitler bien moins souvent qu’avant ; mais lorsqu’il venait pour quelques jours à Berlin ou pour quelques semaines à l’Obersalzberg, il demandait

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