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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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toute aptitude à négocier, cachaient tout un arrière-plan sur lequel le procès de Nuremberg devait faire la lumière.
     
    Je vis à l’époque dans le surmenage continuel auquel Hitler était soumis l’une des causes de ces changements qui affectèrent sa personnalité. Ce surmenage provenait de ce qu’il avait adopté une méthode de travail qui lui était inhabituelle. Depuis le début de la campagne de Russie, il avait renoncé à son ancienne pratique consistant à travailler par à-coups et à faire alterner les moments où il gérait les affaires avec des périodes d’inaction. Maintenant il s’imposait un copieux pensum quotidien. Lui qui, autrefois, avait su admirablement faire travailler les autres à sa place s’occupait, maintenant que les soucis s’accumulaient, toujours plus des détails. Il s’imposa une sévère discipline de travail et, comme cela n’était pas dans sa nature, les décisions qu’il prenait ne pouvaient qu’en souffrir.
    Il est vrai que même avant la guerre, Hitler était déjà passé par des phases d’épuisement, qui se caractérisaient par une surprenante irrésolution, par des moments d’absence ou une propension aux monologues tourmentés. Il restait alors sans rien dire, se contentant simplement de temps à autre de répondre par « Oui » ou par « Non » et on ne pouvait pas savoir s’il suivait encore le sujet de la conversation ou s’il ruminait d’autres pensées. Mais ces états d’épuisement ne duraient généralement pas. Après quelques semaines passées à l’Obersalzberg, il paraissait plus détendu, avait l’œil plus reposé, réagissait de nouveau et retrouvait son esprit de décision.
    En 1943 son entourage l’exhorta souvent à partir se reposer. Il changeait alors de résidence ou bien allait passer quelques semaines, parfois même plusieurs mois, à l’Obersalzberg 1  . Mais le programme de la journée nes’en trouvait pas pour autant modifié. Bormann ne cessait de lui soumettre des questions de détail à régler, les visiteurs se succédaient sans arrêt, soucieux de profiter de sa présence au Berghof ou à la Chancellerie du Reich ; certains Gauleiter et certains ministres, qui n’avaient pas le droit de le déranger au quartier général, demandaient à lui parler. D’autre part les longues conférences d’état-major continuaient d’avoir lieu tous les jours ; en effet, l’état-major militaire au complet l’accompagnait où qu’il allât. Souvent Hitler nous disait, lorsque nous nous inquiétions de sa santé : « C’est facile de me conseiller de prendre du repos. Mais cela est impossible. Je ne peux laisser à personne la responsabilité des affaires militaires courantes, même pas pour vingt-quatre heures. »
    Les militaires de l’entourage de Hitler étaient habitués depuis leur jeunesse à effectuer un dur labeur quotidien, il leur aurait été difficile de se rendre compte que Hitler était surchargé de travail. Bormann n’était pas davantage capable de comprendre qu’il en demandait trop à Hitler. Mais quand bien même tout le monde aurait fait preuve de bonne volonté, Hitler se refusait à faire ce à quoi n’importe quel chef d’entreprise doit veiller, c’est-à-dire mettre à la tête de chaque secteur important un adjoint compétent. Il lui manquait non seulement un homme de valeur pour diriger le gouvernement, mais aussi un chef énergique à la tête de la Wehrmacht et un commandant en chef compétent à la tête de l’armée de terre. Hitler dérogeait perpétuellement à cette vieille règle qui veut que, plus on occupe un poste élevé, plus il faut se ménager de temps libre. Autrefois il s’y était tenu.
    Sclérose et rigidité intellectuelles, irrésolution douloureuse, agressivité et irritabilité permanentes étaient les aspects caractéristiques de cet étrange état où le réduisirent le surmenage et la réclusion dans laquelle il se murait. Il devait maintenant se torturer le cerveau pour prendre des décisions qui, autrefois, ne lui coûtaient aucun effort  2  . Moi qui avais fait du sport, je connaissais bien le phénomène du surentraînement. Lorsque nous en arrivions là, nos performances baissaient, nous perdions tout influx, toute souplesse, tout sang-froid, nous devenions de véritables automates, au point que, loin de vouloir nous reposer, nous n’avions qu’une idée : poursuivre coûte que coûte l’entraînement. Le surmenage intellectuel peut

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