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Au Fond Des Ténèbres

Au Fond Des Ténèbres

Titel: Au Fond Des Ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gitta Sereny
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affiliation à l’Église. »
    Qu’avez-vous éprouvé en le signant ? De quelle force était votre attachement à l’Église ?
    « Eh bien… naturellement, j’avais toujours été catholique… »
    Mais ?
    Il ne répondit pas.
    Vous étiez pratiquant ?
    « Ma femme et mes enfants pratiquent toujours. »
    Mais vous ?
    « Non, finit-il par dire. J’ai toujours été à l’église à Noël, naturellement, et à Pâques. »
    Donc, ça ne vous était pas tellement difficile de signer cette déclaration ?
    « Ça m’a été désagréable. »
    Pour un homme du caractère de Stangl, quels qu’aient pu être ses sentiments religieux, l’Église a une immense signification en tant que symbole de respectabilité et de stabilité. Mais un document officiel revêt aussi une très grande importance. Il est hors de doute que le fait d’avoir signé cette déclaration représenta un pas décisif sur la voie de la corruption. Frau Stangl devait me le confirmer plus tard. Je demandai à Stangl s’il avait considéré cette signature comme un simple compromis en vue de garder son emploi. « Pas seulement mon emploi, dit-il. C’était bien plus grave, je vous l’ai dit. J’avais appris à cette époque que mon nom avait figuré sur une liste de fonctionnaires à exécuter après l’Anschluss. Il y a pis : juste à ce moment-là, une procédure disciplinaire était intentée contre moi parce que j’avais été pour l’arrestation d’un braconnier qui s’était révélé être un membre influent du parti. »
    En quoi était-ce du ressort de la police politique ?
    « La police politique de Güsen – où s’était produite l’affaire – avait avisé la police d’État que beaucoup d’habitants de la ville accusaient ce leader local de pratiquer le braconnage à grande échelle et, comme il était membre du parti, elle ne s’estimait pas compétente pour engager des poursuites. Ça voulait dire, en réalité, qu’ils crevaient de peur. Toujours est-il que je suis allé le voir pour lui parler et jeter un coup d’œil sur sa maison. Il y avait là tout le bataclan : pièges, etc. et je l’ai fait arrêter. Pas plutôt fait, je me suis trouvé dans le bain jusqu’au cou, avec Prohaska à Linz. Il m’a mis sur la sellette : comme est-ce que j’osais accuser un membre du parti ? Je lui ai répondu que pour moi un coquin était un coquin, quelle que puisse être sa position. C’est ainsi que la procédure a commencé. Tout ça, c’était Prohaska – il m’aurait étripé… » Il s’arrêtait souvent au milieu d’une phrase, se fiant à son intonation pour exprimer ses sentiments.
    Il n’existe que de maigres preuves à l’appui des affirmations de Stangl sur le rôle majeure qu’il attribue à Prohaska. Frau Stangl se rappelle nettement qu’ « à Linz, il y avait évidemment ce Prohaska avec qui il a eu des ennuis dès le début » ; mais le collègue et « ami » de Stangl, Ludwig Werner tout en disant qu’il n’aimait pas Prohaska qui était « une brute de Bavarois » n’est pas arrivé à se souvenir s’il avait persécuté Stangl. Un témoin de la défense au procès de Stangl, Hélène de Lorenzo, à qui Stangl avait rendu service en 1938-1939 à Linz, alors qu’elle avait des ennuis avec les autorités nazies, avait gardé une très bonne impression de lui et s’était rendu compte que Prohaska avait à Linz la réputation d’être un des membres les plus redoutables de la Gestapo. Prohaska lui-même qui, au moment du procès, était voyageur de commerce à Münich, eut une défaillance partielle de mémoire (ce qui n’était pas rare) et ne put que dire : « Je ne saurais affirmer aujourd’hui avec certitude que l’accusé ait été sous mes ordres dans la police. Je sais que je ne l’aimais pas parce qu’on ne pouvait pas se fier à lui. »
    « Après notre transfert à Linz, dit Stangl toute l’atmosphère a changé dans les bureaux et dans nos rapports. »
    De quelle façon ? des méfiances ? des jalousies ?
    « Cela et plus encore. Des bruits alarmistes à tout moment. Toujours du genre « Untel a été arrêté, Untel abattu, un autre est sur une liste noire, un autre est sur la corde raide ». J’étais moi-même persuadé qu’on préparait quelque chose contre moi à cause de mon Aigle. Et puis, le ton, « le genre de toutes les conversations, c’était… c’était devenu… – Il pataugeait – Comment vous

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