Avec Eux...
vous ne pouvez pas le voir ! » Il a forcé le passage. Finalement, comme le garçon ne voulait pas venir seul, il a emmené toute la famille, et notre contact nous les a ramenés dans lâavion. Rust a fait le 20 heures, il a tourné lâémission, on a fait ouvrir Le Bourget pour quâil puisse repartir et on lâa ramené chez lui ; il était, comme promis, dans son lit à minuit et demi !
Câétait comme ça. Je fixais des objectifs et on mettait tout en Åuvre pour que cela marche. On avait vraiment beaucoup de moyens. Le simple mot « TF1 » était un sésame qui ouvrait à peu près toutes les portes.
Câest impensable de nos jours. On nâimagine même pas que ça pouvait se passer ainsi. Les gens qui bâtissent les programmes aujourdâhui ont trente ans, comme moi à lâépoque et comme nous tous dans lâéquipe. Mais ils nâont pas le même pouvoir. Nous, nous avions TOUS les pouvoirs. Câest dâailleurs pour cela que beaucoup de producteurs nous détestaient.
Les chaînes de télévision ne peuvent fonctionner quâavec cette génération, parce quâon a une manière de voir et de penser qui est la seule manière de penser à la télé. Nous nous entourions aussi de gens plus jeunes que nous, ils étaient souvent de simples assistants, mais dans ces métiers nous sommes des éponges et, à leur contact, nous comprenionsles aspirations dâune jeunesse que nous avions assez de recul pour analyser, comprendre, et finir par séduire. Quand tu es entouré de vieux cons, des « petits hommes gris » comme je les appelle, avec leurs costumes gris et leurs cravates grises, à leur contact tu deviens toi aussi tout gris !
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Notre génération, câest aussi celle qui a explosé avec le lancement de Canal Plus, à la fin 1984. Mais ce nâétait pas exactement la même chose, Canal Plus est une chaîne cryptée, une chaîne un peu snob. Leur ligne éditoriale, au début, câétait de « faire différent », à tout prix. Câétait la même génération, mais une autre catégorie de personnes, des rockers, des jeunes rockers. Entre nous, on appelait Canal Plus « la boîte à coke » ! à croire quâils en prenaient tous ! Eux, ils pouvaient tout oser parce quâil leur fallait se faire remarquer. On ne jouait pas dans la même cour, parce quâon avait quand même une grosse responsabilité institutionnelle. Ce nâest pas un hasard si le gouvernement avait choisi TF1 pour devenir une chaîne privée. Ils auraient pu vendre Antenne 2 à la place ! Ãa paraît loin aujourdâhui, mais à lâépoque, lorsquâon allumait le poste de télévision, il sâouvrait par défaut sur TF1. Et dans les familles de France, il nây avait en général quâun seul poste⦠TF1 donnait tous les pouvoirs créatifs à une équipe de jeunes, mais il faut comprendre que câétait aussi une puissance économique. Francis Bouygues ne rigolait pas avec cet aspect-là . Il en avait beaucoup, certes, mais il ne rigolait pas avec lâargent. On était quand même « condamnés » à faire de lâaudience.
Et on en faisait.
6. Arthur, un pari réussiâ¦
Un jour, jâarrive au bureau et je décide de partager mon enthousiasme à propos dâun jeune animateur que jâai entendu à la radio. Je leur dis : « Jâai écouté un mec qui est génial, il se fait passer pour lâanimateur le plus con de la bande FM ! » Il était alors sur Fun Radio. Jâai instantanément pensé : « Il me faut ce mec, on va lui faire faire de la télé. » Je lâappelle, parce que câest toujours moi qui appelais les gens au départ, même si câest mon équipe qui sâen occupait ensuite. Arthur vient me voir, mais je nâavais pas de concept précis à lui proposer, je ne savais pas sur quoi le mettre. Cependant jâétais sûre quâil possédait en lui le petit truc en plus, et quâil allait devenir une star si on lui trouvait la bonne émission.
Ãtienne Mougeotte ne partageait pas mon intuition, quand il lâa vu, il a dit : « Sâil devient une
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