Avec Eux...
variétés. On nâest plus jamais arrivé à cela depuis. Câétait Le Grand Bluff , un show où il se déguisait en individu ordinaire pour perturberles émissions des animateurs de la chaîne, qui nâétaient pas au courant et qui ne le reconnaissaient pas. Il avait ainsi piégé Drucker, Foucault, Sevran, Risoli, Morin, etc. Il était à chaque fois dans le public assistant aux shows ou aux jeux, et il semait le trouble. Ãa se terminait avec une séquence où il piégeait sa propre mère, qui ne le reconnaissait pas dans le rôle dâun gendarme ! Je crois quâon avait remporté 80 % de parts de marché, à une époque où TF1 en rassemblait en moyenne 45 %. Oui, 45 %⦠Il y avait dix millions de téléspectateurs en moyenne pour chacun de nos divertissements. Cela donnait à TF1 une puissance colossale. Mais il nây avait que six chaînes, et M6 commençait tout juste à prendre son essor. Il y avait donc une vraie pression, tout le monde voulait en être, dâautant que chaque émission pouvait donner une notoriété phénoménale à quelquâun, en un seul soir.
Avec Sébastien, la difficulté était de gérer un homme qui est plus un artiste quâun animateur. Même sâil est désormais perçu essentiellement comme un animateur, il est avant tout un homme de scène, avec son talent et ses doutes. Et qui nâacceptait aucune autorité (et surtout pas féminine), même pas celle de Patrick Le Lay, puisque de toute façon il refusait que lâon touche à ses émissions. En revanche, il allait très loin dans la provocation.
Il a même osé un truc énorme un jour : il est allé baisser sa culotte devant le président Mitterrand. Il sâétait colorié le sexe en bleu-blanc-rouge. Tout ça parce quâil a besoin de reconnaissance. Toute sa vie nâa été quâune recherche de reconnaissance dâun homme, quel que soit lâhomme. Alors pourquoi pas le président ? Il a alpagué Mitterrand à lâantenne, puis il sâest filmé devant lâÃlysée. Il a demandé un rendez-vous, il y allait tous les jours jusquâà ce quâil lâobtienne, et Mitterrand lâa finalement reçu. Mais commecela a pris du temps pour avoir ce rendez-vous, il sâest en effet déculotté devant lâÃlysée. Il a montré son machin tricolore à lâantenne, pas devant Mitterrand, mais devant lâÃlysée. Câest ensuite quâil a vu Mitterrand.
Donc à TF1 cela se traduisait par des conneries, des provocations, il allait très loin, par exemple quand il maquillait des hommes politiques. Ãtienne Mougeotte nâayant plus dâemprise sur lui, il fallut que ce soit Patrick Le Lay qui intervienne. Ensuite Le Lay nâeut plus dâautorité non plus sur lui, et il fallut que ce soit Martin Bouygues. Et quand Martin Bouygues lui-même ne pouvait plus le retenir, on ne savait plus quoi faire !
Alors il est parti à France Télévisionsâ¦
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On peut imaginer quâau départ ce métier dâanimateur repose sur un certain désir dâexhibitionnisme. Après tout, ce nâest pas naturel de vouloir se mettre en scène, de prétendre à être regardé par des milliers, des millions dâyeux. Chez chaque animateur, il y a obligatoirement une sorte de blessure intime qui se traduit par un exhibitionnisme, quel quâil soit, et par ce besoin absolu dâêtre aimé et adoré. Pour ces gens-là , une mauvaise audience, câest une plaie. Une critique, câest une blessure. Mais câest aussi vrai pour les gens comme nous, qui fabriquons ces animateurs, car cela signifie que nous nous sommes trompés si ça ne marche pas comme il faudrait.
Dans ma manière de fonctionner, les conseillers artistiques étaient des traits dâunion et suivaient des émissions. Je ne pouvais pas être sur dix émissions en même tempsâ¦
Pour en revenir à Patrick Sébastien et à Osons , il enregistrait le jeudi et on diffusait le samedi. Pour ma part, jâétais effectivement sur le plateau le jeudi, mais il donnait sa cassette au dernier moment, câest-à -dire le vendredi vers 20 h 30, pour, de façon induite, que lâon parte en week-end sans la
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