Avec Eux...
été celui-là , de montrer une planète magnifique, mais dont les heures et les jours sont comptés. Nicolas a une relation si forte à la Terre, à la planète, aux grands animaux, à lâorigine de lâhomme, à lâAfrique en particulier, que lorsquâon a la chance de vivre avec lui, on est porté par cette force. Câétait formidable de partager notre vie privée dans un projet commun sur une chaîne qui était, et qui reste, la plus grande chaîne de télévision française, et de transmettre à des millions de téléspectateurs cette conscience écologique.
Câétait sans doute un plus que nous soyons ensemble dans le travail comme sur le plan privé. Câétait sûrement un moins concernant le rôle qui mâavait été confié à TF1, parce que je nâétais pas totalement disponible pour le reste de ma tâche. Et si je nâavais pas été aussi protégée par Francis Bouygues et Patrick Le Lay⦠Il y a certainement certains sujets que jâai un peu moins bien traités que dâautres, mais jâai eu cette chance dâavoir eu plus de collaborateurs que personne nâen aura jamais, et donc je déléguais à des gens qui me ressemblaient. Jâai engagé beaucoup de monde pour travailler avec moi. On a réussi un pari pendant dix ans, et on nâa jamais â ou très rarement â été en dessous de la barre des 35 % de parts de marché.
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Il faut bien comprendre quâun producteur en télévision nâa rien à voir avec un producteur de cinéma. Il ne met pas dâargent. Lâargent est donné par la chaîne. Le producteur alâidée, il construit lâémission, il décide de lâendroit du tournage, il décide de ce quâon appelle un « conducteur », qui est le « menu » de lâémission. Il écrit lâémission, puis il choisit un réalisateur pour filmer les différents sujets. Pour Ushuaïa , Nicolas et moi produisions ensemble puisque nous étions ensemble. Sinon, il aurait été mon présentateur. Lâidée dâ Ushuaïa , on lâa eue en commun. Nicolas portait lâémission en lui, comme un bébé. On écrivait tous les deux les sujets, on choisissait les destinations, en fonction de ce qui sây passait. Les baleines ne mettent pas bas à nâimporte quelle période de lâannée, donc il faut aller tourner à ce moment précis. De même, on détermine toujours le tournage en fonction des événements climatiques dâun pays, de la nature, par exemple de la naissance des bébés tortues de merâ¦
Il y avait des choses auxquelles Nicolas attachait beaucoup dâimportance, comme les gorilles au Rwanda. Il voulait absolument aller dormir dans la petite cabane où avait vécu Dian Fossey. Il a voulu vivre seul dans cette cabane, revivre comme elle avec les gorilles. Dian Fossey a fait avancer la connaissance sur notre relation à lâanimal. Elle gênait beaucoup les chasseurs rwandais, qui nâavaient pas dâétats dââme, la préservation des grands gorilles du Rwanda nâétait pas leur souci, câest peut-être une préoccupation dâEuropéen, dâOccidental⦠Il y avait beaucoup de braconniers au Rwanda, et Dian Fossey les mettait en position de ne pas pouvoir accomplir leurs tueries systématiques. Elle a fini par être elle-même « braconnée », câest-à -dire tout simplement assassinée. Nicolas connaissait tout de cette femme, il était très admiratif de cette scientifique qui est allée au bout de sa recherche et de son implication intime dans son travail. On a tourné un Ushuaïa là -bas. Nicolas était donc seul dans cette cabane, enprésence des grands gorilles (avec des cadreurs évidemment, câétait quand même une équipe de télévision).
Câétait avant les événements dramatiques du Rwanda. Il nây avait pas encore eu la guerre dramatique entre Hutus et Tutsis, mais on sentait bien chez les hommes de ce pays une lutte fratricide endémique. Peu importait alors, le sujet était les gorilles. Nicolas voulait absolument approcher ces grands singes, ces animaux les plus proches de lâêtre humain, avec qui on peut établir un
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