Avec Eux...
la télévision
 et des paillettes
1. Claude François
 et la gifle de mon père
Jâai seize ans. Je suis fan de Claude François et je sais je que vais le rencontrer, ce qui est a priori impossible, ou pour le moins improbable. Cette rencontre a certainement déterminé ma conviction quâil ne faut jamais renoncer à ses rêves et que tout est possible. Peut-être est-ce cette histoire qui a fait de moi un petit soldat que désormais rien nâallait pouvoir arrêter. Ce fut probablement ma première bataille personnelle, mais en tout cas je lâai gagnée.
Toute petite, jâécoutais les disques de Clo-Clo. à cette époque, comment pouvait-on faire lâimpasse sur celui qui avait eu le génie dâadapter les chansons du label Tamla Motown ? Plus tard, à la période disco, qui nâa pas dansé au moins une fois sur Alexandrie, Alexandra  ? Jâadorais tout de lui : sa manière de bouger, sa façon de parler, mais également son exigence extrême dans la maîtrise des moindres détails, ce qui mâapparaissait comme un véritable signe de professionnalisme. Je pense quâil avait compris avant tout le monde le fonctionnement de ce monde impitoyable quâest le show-business. Il inventait le rêve, en tout cas les miens, et ceux de milliers de fans. à peine rentrée du collège, je me précipitais sur mes 45-tours, il représentait pour la petitejeune fille de province que jâétais un accès à un autre monde. Je lâécoutais en boucle. Il me faisait mâenvoler. Câétait mon oxygène, ma bulle de légèreté dans cet univers un peu oppressant de la bourgeoisie provinciale. Une chanson me touchait particulièrement : lâhistoire dâun petit garçon que sa mère ramène à la pension le soir et qui fait semblant dâaller bien alors quâil est dans le désarroi le plus total. Et puis la berceuse que lui chantait sa maman quand il était petit, Donna, Donna . Bien des années plus tard, jâai été très émue lorsque jâai enfin eu la chance de la rencontrer, cette vraie mamma italienne, quâil appelait Chouffa. Jâai compris pourquoi Claude ne pouvait pas se passer dâelle. Nous avons été présentées après lâun de ses concerts, dans le cadre dâun dîner avec ses musiciens, organisé au restaurant La Calavados, à Paris, peu de temps avant quâil meure⦠Je lâai recroisée après le drame, mais nous nâavons jamais parlé de mon histoire de cÅur avec son fils. Câétait un secret entre lui et moi, jusquâà aujourdâhuiâ¦
Â
Adolescente, je mâétais donc fixé cet objectif très précis : rencontrer Claude François ! Cette obsession faisait sourire mes parents, à qui je ne cessais de répéter quâil était impératif que je le rejoigne coûte que coûte. Un jour, tandis que nous rentrons dâEspagne en famille, à la fin des vacances, jâaperçois des affiches sur le trajet : Claude François chante aux Arènes de Céret. Nous ne sommes pas loin de Perpignan, câest à deux pas. Jây vois là un signe du destin et jâentreprends un travail de sape auprès de mon père. Celui-ci finit par céder devant ma détermination : nous irons donc au concert de Céret, et passerons la nuit sur place. Jâai remporté ma première victoire. Jâignore encore ce qui va mâarriverâ¦
Le spectacle est tel que je me lâimaginais : de la pyrotechnie, une véritable hystérie collective, presque religieuse tant le pouvoir de fascination de Claude sur ses fans ne connaît pas de limites. Le show terminé, encore tout emplie de sa force de vivre et de la démesure qui a plané sur les Arènes, il me semble impossible dâen rester là . Je supplie mes parents de mâautoriser à lâattendre à la sortie des coulisses. Comprenant lâimportance capitale que cela revêt pour moi, ils finissent par lâcher prise, une fois de plus. Tandis quâils repartent vers la voiture pour mây attendre, pensant que je nâen aurai pas pour très longtemps, je me rue vers lâentrée des coulisses. Pas facile de se frayer un chemin au milieu des centaines de fans échevelées qui comme
Weitere Kostenlose Bücher