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Avec Eux...

Avec Eux...

Titel: Avec Eux... Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Cantien
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dans un chalet en bois qui ressemblait à une datcha russe, niché en plein cœur de la forêt de Rambouillet. Un endroit totalement calme et serein, avec des chevaux, loin de tout. Je vivais alors avec lui, et bien entendu nous travaillions également ensemble. Nicolas était un fou d’hélicoptère et il possédait un Robinson, le plus petit modèle d’hélicoptère, qui ressemble à un petit moustique transparent, maniable comme un oiseau, avec seulement la place pour deux personnes : le pilote et le passager. Rambouillet, c’est quand même loin de Paris si on veut s’y rendre en voiture, il faut passer par des heures d’embouteillage. Donc j’avoue : il m’est arrivé très souvent de venir travailler à TF1, à Paris, en Robinson.
    Oui, bon, je sais : raconté comme ça, je donne sans doute l’impression d’être au sommet des clichés de ce qu’on appelle aujourd’hui le « bling bling », de m’assimiler à la jet-society américaine, un genre de Donald Trump qui se pose sur les toits des gratte-ciel pour rejoindre son bureau de maître du monde ! En réalité, c’était juste un moyen pratique d’être à l’heure pour travailler, sinon il fallait que je me lève à cinq heures du matin (ce que j’ai fait parfois, quandl’hélico ne pouvait pas se déplacer à cause des conditions météo ou d’autres basses contingences). J’atterrissais à la base d’Issy-les-Moulineaux, d’où je gagnais mon bureau à TF1, qui se trouve presque en face, de l’autre côté de la Seine. Pour moi, c’était naturel. Cet hélico était comme notre berline familiale. Mais pour les gens, chez TF1, qui apprenaient l’existence de ce moyen de locomotion pour un trajet quotidien lié au travail, c’était impensable, fou, invraisemblable… Ils imaginaient à partir de ce détail simplement pratique une personnalité fictive qui n’était pas la mienne, du genre : « Cette fille vient travailler en hélico privé ! Comment veux-tu parler avec cette fille-là puisque de toute façon elle vient travailler en hélico chaque matin, et elle rentre le soir en hélico chez elle ? On n’est pas du même monde ! »
    C’était une condamnation de fait, sans que personne puisse admettre que l’engin en question n’était pas un simple signe extérieur de richesse, même si Nicolas l’utilisait, même si c’était sympa de venir travailler en hélico, de survoler la forêt majestueuse de Rambouillet au petit matin, figée par la fraîcheur de la nuit finissante, et même si toutes les filles de Paris rêvaient de pouvoir dire « Je viens travailler en hélico, avec Nicolas Hulot comme pilote » ! Pour moi, c’était juste une manière d’être à l’heure, et je le dis très sincèrement. D’ailleurs je n’avais pas une passion folle pour cet hélico. C’était un appareil dangereux, qui détient encore le record des accidents et des pannes. En général je n’ai pas du tout peur des avions et autre objets volants, mais là, c’était parfois limite, et puis il fallait jongler avec les horaires et la météo. Je devais repartir à une heure précise à certaines périodes de l’année, pour bénéficier des autorisations de décollage. Ça peut paraître évidemment bizarre, voire exotique, pour des Français que de lier ses horaires de travail auxplages horaires de l’aviation privée, à la lumière ou à la météo. Pour moi, c’était juste un synonyme de rapidité et surtout d’efficacité. Je perdais moins de temps. Mais je me suis aperçue assez vite que cela me desservait. Je n’aurais surtout jamais dû le dire ; mais pourquoi le dissimuler ? J’étais assez transparente sur ces choses, ce n’était pas insolent que de le révéler, ce n’était pas… de la frime !
    Je n’avais aucun désir d’en mettre plein la vue aux gens qui, eux, prenaient leur rame de métro bondé chaque matin, je disais juste : « Ce matin, on a failli avoir un problème d’hélico », et puis je me mettais au travail… C’est

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