Avec Eux...
lève à quatre heures pour rejoindre le desk de la rue Bayard, et je mây colle⦠Un boulottrès éloigné de lâidée que je me faisais dâun média, quel quâil soit. Mais jâavais fait lâécole de journalisme, je savais que le traitement de lâinformation était une noble mission, alors jâétais fière de lâaccomplir, cette mission, dans la quiétude de bureaux déserts, à lâheure où les vedettes du micro sont encore dans les bras de Morphée.
Très vite, jâai envie de monter des petits sujets par moi-même, je propose des idées, et si elles sont parfois suivies, ce nâest jamais moi qui les réalise. Câest normal puisque je suis en stage, je suis là essentiellement pour aller chercher le café ! Câétait déjà bien quâon me laisse le soin de lire les dépêches et de les passer au Stabilo. Je mâacquitte de mon mieux de ce travail que lâon mâa confié, bien que je me lève à quatre heures tous les matins, et comme je suis accro au métier, je ne dors quasiment plus. Jâai fini à huit de tension, envoyée quasiment de force vers je ne sais plus quel hôpital, Bichat peut-être⦠Soit je faisais autre chose, soit ma carrière sâarrêtait là , faute de combattant !
Je finis donc par demander lâautorisation de poursuivre mon stage aux variétés. Faveur accordée : on me fait rejoindre un concept qui était en fin de parcours, mais qui était intéressant, et qui sâappelait WRTL (quâon prononçait alors à lâanglo-saxonne : deubeulyou RTL). Câétait une série dâémissions du week-end, animées par Jean-Bernard Hebey, Bernard Schu, Dominique Farran et Georges Lang, qui transformaient la vénérable RTL des familles en pétulante radio américaine, avec du rock à foison, des jingles importés de Californie, et un ton évidemment très différent de, au hasard, Philippe Bouvard !
Jâadore mes nouvelles attributions. Jâécris les fiches des gens qui présentent ces émissions de nuit, tous les week-ends, et je me sens enfin dans mon élément. Je considèreque jâai commencé réellement ma carrière avec WRTL . Dâailleurs, Michel Drucker, que je croise souvent puisquâil anime alors La Grande Parade , une émission phare de lâantenne, me répète sans arrêt : « Tu es vraiment faite pour ce métier ! »
« Il y a un petit mec qui monte, qui sâappelle Sabatier, me confie-t-il un jour. Tu devrais essayer de travailler avec lui. » Jâai suivi son conseil, et je suis entrée à la télévision avec Patrick Sabatier, qui lui aussi y débutait, avec lâémission Atout CÅur . Michel Drucker, par la suite, ne mâa jamais lâché la main. Chaque fois que câétait possible, il mâa mise sur les coups. Jâétais bonne, quoi ! Jâétais dans mon élément ! Jâavais trouvé ce que Nicolas Hulot appelle le « biotope », jâétais dans MON biotope ! Et je ne lâchais jamais ma proie. Câétait la réputation que je mâétais forgée à RTL. Câest à moi quâon fixait les missions impossibles, et câétaient justement mes préférées.
Travolta, par exemple, en visite au Festival du film américain de Deauville. Je ne suis personne, juste une pauvre petite fille de province, une petite Chti, mais pendant le festival, je me débrouille pour me glisser dans son hôtel et je poireaute toute la nuit dans le couloir, devant la chambre de la star de Saturday Night Fever . Oui, eh bien lâinterview exclusive de Travolta, câest moi qui lâai eue ! Plus les missions étaient difficiles, plus je me répétais : « Elle ne savait pas que câétait impossible, alors elle lâa fait ! » Je crois que câest Mark Twain qui a écrit ça, jâen ai fait ma devise, mon slogan personnel. Câest dans le risque que je trouve ma force, câest mon carburant, alors les missions de folie, câest à moi quâon les donne à partir de ce moment-là , dâabord à la radio, puis à la télévision.
3. La reine de la ruche
Nicolas Hulot, quand il était à Paris, habitait
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