Avec Eux...
moi vont tenter leur chance aujourdâhui. Pourtant je le sais : je DOIS rencontrer Claude François. Je nâen aurai peut-être plus lâoccasion, alors câest maintenant ou jamais. Je me souviens dâêtre vêtue ce soir-là dâune robe blanche brodée à lâindienne, anodine, quelconque parmi ces filles qui hurlent, mais il ne peut en être autrement : Claude François est tout proche, quelque part dans le dédale des loges, et je dois lui parler.
Où ai-je puisé le courage de lancer au garde du corps qui sâinterpose : « Jâai un pli très important à remettre à M. Claude François. Un pli privé. » ? Le gars hésite. Je ne me comporte pas comme une fan. Peut-être ai-je lâair dâune attachée de presse sérieuse ? Il y a tant de folie et de bruit alentour que je finis par réussir à passer les différents agents de sécurité. Je dois décidément être très convaincante ! En fait jâai dans les mains un petit poème que jâai écrit pour lui, comme toutes les fans du monde. Je finis par aboutir dans ma quête épique, devant la loge de lâidole ! Jây pénètre, morte de peur, mais farouchement déterminée. Je ne sais plus où je me trouve, mais en même temps jâai lâimpression de connaîtreparfaitement tout ce qui mâentoure : les profonds et cossus fauteuils club en cuir blanc, les éléments de décoration flashy violet, mauve et rose, les bouteilles dâeau minérale et de jus dâorange qui traînent à côté des plats de moussaka, lâodeur dâun purificateur dâatmosphère⦠Le parfum de la pièce est unique. Câest son parfum italien qui ne me quittera plus par la suite. Tout le monde parle fort, rit et boit du champagne. Je mâassieds dans un coin, mon poème calligraphié serré dans ma main. Jâentends Claude François rabrouer ses musiciens, câest pour moi une scène irréelle, une réunion de débriefing du concert à laquelle jâai lâhonneur (et lâhorreur) dâassister. Quâest-ce que je fais là  ? On va forcément mâéjecter. Qui suis-je ? Flottant dans mon rêve éveillé, je vois soudain Claude se diriger vers moi, me prendre par la main et mâemmener vers le fond de la pièce. Câest à peine si je suis étonnée lorsquâil mâembrasse, comme si câétait écrit⦠Je lui tends mon papier. Il le prend et me dit de lâattendre. Puis, changeant dâavis, il me donne lâadresse de lâhôtel où il est descendu, tout en jouant avec sa gourmette. Imaginant le désarroi de mes parents qui mâattendent dehors, je fais un pas en arrière, arguant du fait que je nâai pas de voiture. Mais la star a réponse à tout : « Tu repars avec moiâ¦Â » Je nâai plus le choix, je lui évoque ma famille, dans la voiture, sur le parking, certainement furieuse de ne pas me voir revenir après tant de temps. à regret, il me demande une adresse où il peut me joindre, mais je nâen ai pas dâautre que celle de mes parents. Inimaginable. Mon départ furtif le surprend. Il lance à son secrétaire : « Guy, tu peux prendre les coordonnées de Dominique ? Câest important ! », et puis il disparaît au fond de la loge après un baiser complice.
Mes parents mâont guettée dehors, des heures durant. Lorsque jâémerge de mon rêve, leur engueulade est mémorable. Mon frère et mes deux sÅurs eux-mêmes sây mettent : « Mais pour qui tu te prends ? » Personne ne parle dans la voiture tandis que nous rentrons à lâhôtel. à qui pourrais-je raconter cette expérience impossible à partager ?
Â
Après cette parenthèse improbable, la vie sâétire et reprend son cours à Dunkerque, jusquâau moment où je pars vivre pendant deux ans en Angleterre, pour faire un stage à la British Airways et obtenir un diplôme à Cambridge. Toujours pas dâappel de Claude. Je ne cesse pourtant de penser à lui. Je cherche même à le joindre, mais sans succès. Il est redevenu inaccessible, ce qui est somme toute assez normal de la part de lâune des trois plus grandes stars de
Weitere Kostenlose Bücher