Avec Eux...
a un truc qui pend : lâétiquette du pressing ! Il est à côté de Mitterrand, et Philippe ne sait pas comment faire pour lui souffler : « Attention, il y a une étiquette de pressing derrière vous, et il y a des caméras de télévision partout. » Très discrètement, il va alors arracher lâétiquette fatale, dâun geste sec et précis. Câest quelque chose de tout à fait anecdotique, mais câest effectivement à mourir de rire.
Des situations comme celle-là , jâen ai connu bien dâautres dans des voyages officiels. Avec Philippe Douste-Blazy, jâai eu lâoccasion de rencontrer quantité de ministres des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux chefs dâÃtat, et quelques-uns des grands de ce monde. Cela faisait partie non pas de ma fonction, mais de mon rôle que de lâaccompagner, et jâai souvent assisté à des scènes de ce genre, qui relativisent un peu la notion de pouvoirâ¦
23. Les brochettes de poulet
Philippe Douste-Blazy est ministre de la Culture et mâa demandé de lâaccompagner à Cannes, pour le Festival international du film. Un rayon de soleil glisse à travers les rideaux de notre chambre à lâhôtel Majestic. Philippe est en conférence de presse. Nous avons eu un différend la veille, comme cela nous est trop souvent arrivé durant le temps de notre relation. Je suis songeuse, dans cette suite de palace. Le soleil et lâeffervescence habituelle du festival, ces fausses joies sur commande, la futilité de ces red carpets nâont aucun effet sur moi. Après tout, je nâai rien à faire là , au Festival de Cannes, je suis illégitime ici. Alors pour me conformer à un cliché bien connu, digne dâune pièce de boulevard, je refais ma valiseâ¦
Lâair frais du mois de mai sur la Croisette me surprend. Comment dissimuler mes larmes dans ces rues de mensonge où tout le monde est star, attaché de presse ou journaliste ? Toute cette population qui se montre et qui pétille ne saurait sortir sans arborer ses lunettes de soleil. Les miennes ne me servent à rien : on ne voit que les larmes qui coulent par-dessous. Jâappelle un de mes amis, John Pigozzi, pour lui demander si je peux le rejoindre dans sa villa du CapdâAntibes : « Je nâai pas dormi de la nuit, nous nous sommes disputés avec Philippe. Puis-je passer chez toi ? Je suis tellement fatiguée, je voudrais me reposer dans un endroit calme. » Je le connais depuis longtemps et je sais quâil répondra oui. Mieux encore : John a la délicatesse dâenvoyer une voiture me chercher.
Sa maison est sublime. Câest dâailleurs lâune des plus spectaculaires du Cap dâAntibes. Il mâattend dans le salon, me rassure, me console : « Prends ton temps, repose-toiâ¦Â »
Il me montre ensuite « ma » chambre, située au rez-de-chaussée. Elle est immense, très belle et très chic, comme le reste de la maison, avec de magnifiques tableaux dâart contemporain qui enrichissent les murs. Une oasis de paix, enfin. Je tombe sur le dessus-de-lit blanc, je mâenfouis dans les oreillers de satin assortis⦠Et je dors toute la matinée. à quatorze heures, je suis réveillée par John qui tape à la porte tout doucement, pour me demander si je souhaite déjeuner. Une délicate attention de plus⦠Je me sens bien, en sécurité, protégée dans ce refuge de luxe, sans efforts à fournir pour donner le change. Je suis libre. Je me lève et me prépare tranquillement dans ce cocon baigné du fier soleil de la Côte dâAzur. Jâignore encore sâil y a dâautres invités dans cette sublime demeure, dont je sais quâelle est toujours remplie dâamis.
Je traverse le salon et me retrouve dans le parc. Le temps est magnifique, avec un ciel dâun intense bleu de porcelaine. Je respire lâair chaud, parfumé des senteurs sensuelles de la végétation méditerranéenne. Comme il nây a pas un bruit alentour, je me promène en rêvassant. Le soleil sur ma peau prend toute sa valeur, il me soigne, il panse mes plaies. Je passe devant lâimmense piscine en mosaïque, je contourne la demeure et jâarrive dans un petit coin du jardin, tout simple,avec des
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