Avec Eux...
insoutenableâ¦
Deux mondes opposés. Une traversée du miroir, une fois encore.
La fin du dîner fut particulièrement envoûtante parce que, à la fin de chaque dîner au Qatar, de la même façon quâici en France on vous propose le chariot des desserts, on vous amène là -bas le chariot des parfums. Vous choisissez vos parfums, on vous les fait humer, puis on vous parfume. Jâadore les parfums dâOrient. Câest ce que jâappelle lâArabie heureuse : ce mélange de parfums capiteux avec cette chaleur, passer du froid avec les étoles de fourrure à la chaleur au-dehors, dans des jardins luxuriants remplis de senteurs florales inconnues. Lâivresse dâaprès dîner était non pas liée à lâalcool (puisque nous ne buvions évidemment pas dâalcool), mais aux effluves des parfums. Jâétais comme ivre de parfums. Jâavais presque lâimpression dâen avoir avalé.
Â
Ma vie nâa été faite que de chocs de cultures, de chocs dâatmosphères.
Il fallait pouvoir à chaque fois se glisser dans ces histoires, ces univers, sans commettre dâimpairs culturels ou diplomatiques.
Je me souviens dâavoir assisté à lâÃlysée au dîner donné en lâhonneur de la reine dâAngleterre, du temps de Jacques Chirac. Il ne fallait pas sâhabiller dâune certaine couleur (je ne me rappelle plus laquelle), réservée à la reine. Câest comme ça : les femmes invitées étaient prévenues de ne surtout pas porter la même couleur que la Queen. Sinon, ça aurait été lâincident diplomatique, ou tout du moins une grave désobligeanceenvers la souveraine. Jâai appris pendant des heures, des heures, et encore des heures à faire la fameuse révérence, pour ne pas commettre dâerreur au moment fatidique où je devrais lâeffectuer devant Elisabeth II ! Câétait un dîner tellement millimétré, on devait tellement se tenir⦠Le protocole anglais est le plus contraignant du monde, et il faut sây plier, même dans le salon dâhonneur de lâÃlysée.
Ce soir-là , je nâarrêtais pas de me dire que câétait quand même incroyable, pour moi, petite fille de Rosendaël, au nord de la France, dâêtre là , au dîner de la reine dâAngleterre, assis à côté de M. de Rothschild et de je ne sais quelle princesse britannique. Dans ce type de circonstance, je mâenvolais souvent, je rêvais, jâétais comme en décalage psychologique.
Maintenant, à lâheure où jâécris ces lignes, je ressens comme un pur bonheur dâavoir pu vivre toutes ces choses, aussi bien dans les médias que dans la politique, dans la nature sauvage ou dans mes relations privées, dâavoir pu nouer des liens avec tous ces gens extraordinaires.
Et pourtant, les personnes les plus extraordinaires, stars, ministres, présidents, sont également des êtres humains avec qui, parfois, le vernis craque. Ce qui donne parfois des anecdotes plutôt rigolotesâ¦
25. Trois ministres et leurs femmes,
 perdus dans la nuit basque
En août 2001, je passe des vacances avec Philippe Douste-Blazy à Biarritz. Alain Juppé vient nous rejoindre pour la soirée, venant de Bordeaux avec son épouse Isabelle. François Fillon et sa femme Pénélope, de passage dans le Pays basque, nous retrouvent également dans ce creux du golfe de Gascogne. La journée a été douce et ensoleillée et nous décidons de la poursuivre tous ensemble dans un petit restaurant dont on nous a beaucoup parlé, le « must » du moment paraît-il, non loin dâIrun.
Trois ministres copains et leurs femmes qui décident dâaller dîner au restaurant, ça devrait être une histoire simple, mais le statut de chacun dâentre eux fait que rien nâest tout à fait ordinaire. Les ministres ne se déplacent en principe jamais sans leurs officiers de sécurité, qui sâassurent de leur protection rapprochée. Mais ce soir-là , nous avions envie dâêtre libres, de profiter dâune soirée entre amis, comme des adolescents ! Les fameux officiers de sécurité sont donc libérés de leurs obligations.
Dans le calme du Pays basque et de la maison de Philippe, aucun
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