Avec Eux...
dâinformation précise sur son état de santé. Je me souviens encore du frisson qui mâa parcourue à ce moment-là . Un frisson indicible. La mort envisagée⦠De retour dans la propriété, je me suis jetée sur le téléphone pour joindre lâofficier de sécurité de Philippe. Je voulais prendre un avion dans lâheure, mais il mâen avait dissuadée : « Philippe est conscient, il va sâen sortir. Il est transporté à Toulouse pour faire des examens plus précis. Il sait que tu es au courant. Ne tâinquiète pas. Il tâappellera dès quâil le pourra. » Philippe était séparé de sa femme, mais toujours légalement marié. Il voulait préserver tout le monde.
Jâai raccroché et je me suis précipitée devant la télévision qui me donnait plus de nouvelles que je nâen avais par le circuit privé. à cet instant, jâavais reçu un coup de téléphone dâÃtienne Mougeotte, vice-président du groupe TF1. « Dis-moi juste un truc, Dominique, le poumon est-il atteint ? »
Jâétais hors de moi : « Comment tu peux me dire une chose pareille, Ãtienne ? » Cela mâexaspérait que dans ce cas extrême on mâappelle simplement pour chercher à obtenir un scoop en off. Il nâétait pas le seul⦠Je me suis retrouvée inondée dâappels. Jâai dû couper mon téléphone. Je savais que le coup de couteau était passé à quelques millimètres du poumon de Philippe. Le pronostic vital était peut-être engagé. Scotchée devant ma télé, je voyais lâambulance se diriger vers lâhôpital Purpan de Toulouse. Je ne pouvais rien faire. Impuissance insoutenable. Jâai rappelé lâofficier de sécurité.
â Serge, je tâen supplie, dis-moi comment il va.
â Dominique, ne tâinquiète pas pour lâinstant, il me voit, il me parle, il respire, il est juste intubé.
â Je veux juste lâentendre sâil te plaît. Mets ton portable contre son visage.
Il sâétait exécuté et jâavais entendu le souffle de Philippe, de lâautre côté de lâappareil. Je ne pouvais plus mâarrêter : « Serge, est-ce quâil peut juste dire âDomâ ou nâimporte quoi dâautre, ce quâil peut, je veux simplement entendre le son de sa voixâ¦Â ». Lâoreille collée sur lâécouteur jâai saisi « tâin⦠quiète⦠pasâ¦Â », et puis plus rien. Jâai aperçu sur lâécran la haie de journalistes qui accueillait Philippe à Toulouse. La ronde des ministres à son chevet mâa plongée dans une anxiété dévorante.
Le lendemain, jâatterrissais à Toulouse. On mâa fait passer par des sous-sols et conduit jusquâà la chambre de Philippe, pour éviter de croiser les journalistes qui faisaient le pied de grue dans le hall. Jâai bénéficié de certaines complicités dans lâhôpital â oh merci encore, à tous ceux qui mâont aidée ! On mâa ouvert la porte de la chambre et jâai découvert un Philippe endormi, blanc comme un linge, sous intubation. Je lui ai caressé doucement la main et glissé un petit mot contre sa poitrine. Nous avions un signe de reconnaissance : un petit cÅur avec un rotor dâhélicoptère. Cela signifiait que nos cÅurs voleraient toujours plus haut. Il me le dessinait partout sur les nappes, dans mon agenda, sur des Post-it quâil collait un peu partout⦠Il lâavait tracé un jour sur le miroir de mon ancien appartement et je ne lâai jamais effacé depuis. Lorsque jâai déménagé, jâai emporté la glace. Encore aujourdâhui, chaque fois que je suis devant un miroir de salle de bains, jâimagine ce dessin. Je ne me suis jamais guérie de mon histoire dâamour avec Philippe⦠Elle était unique, hors temps, passionnée et fatale.
Peu de temps après, Philippe sâest réveillé. Nous avons pu regagner sa maison de Lourdes, accompagnés de deux officiers de sécurité, qui sont restés postés en permanence devant notre porte pendant quinze jours, durant lesquels il adû affronter de nombreuses complications, un
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