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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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des vivres et des chariots pour transporter provisions et tentes,
ainsi que flèches et chênes abattus afin de fabriquer des catapultes. Des
boulets furent également apportés. Enfin, toute l’armée et son matériel furent
installés et par un bel après-midi ensoleillé, les chariots furent alignés sur
la route du monastère avec l’armée anglaise, bannières claquant au vent. Il y avait
neuf mille archers et trois mille hommes d’armes, tous montés ; et des
chevaux, pages, écuyers, femmes, serviteurs et prêtres. Le roi, monté sur un
hongre blanc, passa en revue son armée, sa couronne scintillant dans le soleil.
Arrivé en haut de la crête, il contempla la cité un moment, puis fit signe à
sir John Holland qui aurait l’honneur de mener l’avant-garde.
    — Avec la bénédiction de Dieu,
sir John ! cria-t-il. Sus à Harfleur !
    Les trompettes sonnèrent, les
tambours roulèrent et les cavaliers d’Angleterre dévalèrent la colline. Ils
portaient la croix de saint George, et au-dessus de leurs têtes flottaient les
étendards multicolores de leurs seigneurs.
    — Combien vivent dans cette
cité ? demanda Mélisande à Hook, qu’elle accompagnait, son arbalète à son
côté.
    — Selon sir John, ils n’ont
qu’une centaine de soldats.
    — C’est tout ?
    — Mais il y a aussi les
habitants, qui doivent être deux ou trois mille.
    — Mais tous ces hommes… dit
Mélisande en contemplant l’armée qui se déployait de toutes parts, tandis que
le grondement des tambours annonçait à Harfleur que son roi légitime laissait
fondre sur elle son courroux.
    Cependant, Henry d’Angleterre
n’était pas le seul à avancer sur la cité. Alors que les Anglais descendaient
vers la bande de terre à l’ouest d’Harfleur, d’autres troupes arrivaient de
l’est. Ils étaient encore loin, mais déjà visibles : une colonne d’hommes
d’armes, de cavaliers et de chariots se dirigeaient vers les remparts.
    — Voilà bien une pitié, dit sir
John Cornewaille en contemplant la troupe.
    — Ils amènent des pièces
d’artillerie, remarqua Goddington.
    — Comme je disais, reprit sir
John Cornewaille sans plus s’émouvoir, voilà bien une pitié.
    Il éperonna Lucifer et remonta en
tête de colonne, suivi par les autres seigneurs qui voulaient tous être les
premiers à affronter la ville. Hook les regarda galoper à flanc de colline,
puis il vit un grand panache de fumée noire s’élever au-dessus de la muraille.
Un instant plus tard, le fracas de la bombarde déchira l’air. Le boulet
s’abattit dans la prairie où se trouvaient les cavaliers, rebondit dans une
gerbe de terre et retomba dans les arbres sans toucher personne.
    Et c’est ainsi que commença le siège
d’Harfleur.
     
     
    Hook eut l’impression de ne cesser
de creuser durant les premiers jours. D’abord, des fossés pour le fumier.
    — Un jour, notre mère est
tombée dans une fosse à purin, raconta Tom Scarlet. Elle était saoule. Elle y
avait fait tomber des perles et essayait de les récupérer avec un râteau.
    — Elles étaient belles,
renchérit son frère Matthew. D’argent, je crois, non ?
    — Des pièces, oui, que notre
père avait trouvées dans une jarre enfouie. Il les avait percées et enfilées
sur un bout de corde d’arc.
    — Qui se rompit, dit Matt.
    — Et en cherchant à les
ramasser, elle est tombée dedans, la tête la première !
    — Mais elle les a récupérées.
    — Elle s’est bien vite
dégrisée, continua Tom, mais elle riait et riait. Notre père l’a menée à la
mare et l’a poussée dedans. Il lui a fait ôter tous ses vêtements et les
canards se sont enfuis. Rien d’étonnant : une femme nue qui gigote en
riant. Tout le village s’esclaffait !
    Le roi avait d’abord ordonné que
soient incendiées les maisons au pied des murailles, afin qu’il n’y ait nul
obstacle pour ses bombardes. Ce fut fait de nuit et les flammes éclairèrent les
bannières d’Harfleur. Le lendemain, la fumée des ruines qui s’attardait sur les
alentours rappela à Hook celle qui voilait les terres autour de Soissons.
    — Bien sûr, le prêtre était
fort mécontent, continua Matthew, mais c’était un pisse-froid. Il a fait comparaître
notre mère au tribunal, pour troubles publics, mais notre Seigneurie lui a
donné trois shillings pour acheter de quoi se coudre de nouveaux vêtements et
un baiser pour la récompenser d’être si heureuse. Et il a dit qu’elle

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