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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’homme, qui tomba à plat sur le dos. Le Sang gicla et je dus
prendre appui du pied sur lui pour parvenir à retirer mon javelot. Derrière
moi, s’éleva une rumeur unanime de consternation. Mes soldats avaient regroupé
les autres prêtres dans la grotte pour qu’ils assistent à la mort de leur chef.
Je n’eus pas à faire un seul signe à mes hommes ; avant que les prêtres
aient eu le temps de se remettre de leur stupéfaction et de lutter ou de fuir,
ils étaient déjà tous morts.
    « J’ai promis un sacrifice à ce tas de cailloux, leur dis-je.
Empilez les corps dessus. »
    Quand ils eurent terminé, le dieu n’était plus pourpre, du rouge
luisant qui recouvrait aussi le sol de la caverne.
    Je suppose que Tiat Ndik était satisfait de ce sacrifice, car aucun
tremblement de terre ne se produisit pendant que nous retournions vers les
canots. Rien ne vint, non plus, entraver la mise à flot de nos embarcations qui
étaient maintenant beaucoup plus pesantes. Le Dieu de la Mer ne souleva aucune
tempête pour nous empêcher de nous éloigner. Et jamais depuis, je n’ai remis le
pied ou posé les yeux sur la montagne qui marche dans l’eau.
    Malgré tout, nous continuâmes à porter nos tenues de guerre mexica
pendant que nous naviguions sur les eaux huave et zapoteca et que nous passions
au large de Nozibe et d’autres villages de la côte – et devant des bateaux de
pêche dont les équipages médusés nous saluaient timidement. Le soir, nous
accostâmes dans un endroit écarté ; nous y brûlâmes nos armures et nos
insignes, nous enterrâmes toutes nos armes, sauf les plus indispensables et
nous refîmes nos paquets.
    Le lendemain matin, lorsque nous repartîmes, nous avions de nouveau
l’air d’un groupe de porteurs conduit par pochtecatl. Dans la journée, nous
arrivâmes, sans nous dissimuler, dans le village marne de Pijijia, où je
revendis mes canots à un prix ridiculement bas, étant donné que les pêcheurs de
l’endroit, comme partout ailleurs sur la côte, avaient déjà ceux qu’il leur
fallait. Après avoir navigué si longtemps, nous avions l’impression que le sol
tanguait sous nos pas. Aussi, nous nous arrêtâmes deux jours à Pijijia pour
nous réhabituer à la terre ferme – ce qui me permit d’avoir des conversations
très intéressantes avec des vieillards marne – avant de reprendre nos ballots
et de nous enfoncer dans l’intérieur.
    J’entends, Fray Toribio, que vous demandez pourquoi nous nous sommes
donnés tant de mal à nous déguiser en marchands, puis en guerriers, puis à
nouveau en marchands.
    Les habitants d’Acamepulco savaient qu’un marchand avait acheté quatre
canots et ceux de Pijijia étaient au courant qu’un voyageur avait revendu des
canots semblables et toutes ces coïncidences auraient pu sembler bien étranges.
Mais ces deux villes étaient si distantes l’une de l’autre qu’il était fort peu
probable que les gens aient l’occasion de comparer leurs impressions et,
d’autre part, elles étaient toutes deux si éloignées des capitales zapotecatl
et mexicatl qu’il y avait peu de chances que ces rumeurs reviennent aux
oreilles de Kosi Yuela ou d’Ahuizotl. Par contre, les Zyù allaient
inévitablement très vite découvrir l’exécution en masse de leurs prêtres et la
disparition de la pourpre dans la caverne du dieu. Bien que nous ayons supprimé
tous les témoins directs du pillage, il était pratiquement certain que les Zyù
qui étaient sur la rive nous avaient vus nous approcher de la montagne sacrée,
puis en repartir quelque temps après. Leur tapage pourrait bien parvenir
jusqu’au palais de Kosi Yuela et d’Ahuizotl et les mettre tous deux en fureur.
Les Zyù, eux, mettraient obligatoirement ces atrocités au compte d’une poignée
de soldats mexica en tenue de combat. Kosi Yuela, pour sa part, risquerait de
soupçonner Ahuizotl de lui avoir joué un tour pour s’assurer de la possession
du trésor, mais Ahuizotl pourrait honnêtement prétendre qu’il ignorait tout de
l’existence de ces pillards. Je comptais que la confusion serait telle qu’on ne
ferait pas le rapprochement entre les marins-soldats et les marins-marchands et
que jamais, on ne verrait aucun rapport entre eux et moi.
    Pour suivre le plan que j’avais établi, il fallait que je traverse les
montagnes en partant de Pijijia, pour aller dans le pays des Chiapa. Mais comme
mes porteurs étaient très lourdement chargés, je ne voyais pas la

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