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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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était telle que je faillis
rejeter le repas que je venais de manger. J’éternuai pour bien me dégager le
nez, puis je le serrai bien fort entre mes doigts en m’aplatissant contre le
mur de la maison. J’entendis un murmure de voix et je me rapprochai de la porte
pour tenter de distinguer des mots intelligibles. Vous pensez bien qu’en ce
temps-là, les sons de la langue espagnole n’avaient aucun sens pour moi ;
néanmoins, j’avais conscience que c’était un moment historique et je fus saisi
d’une sorte d’éblouissement en entendant telles que je me les rappelle encore
aujourd’hui, les paroles emphatiques prononcées par cette étrange créature qui
était peut-être un dieu :
    « Par Santiago, je te jure que j’en ai marre de baiser ces cons
chauves ! »
    Et l’autre voix répondit…
    Ayya  !
    Vous m’avez fait peur, Excellence. Quelle agilité pour un homme qui est
entré depuis longtemps dans l’âge de jamais. Franchement, j’envie votre…
    Sauf votre respect, Excellence, je regrette de ne pouvoir retirer ces
paroles puisqu’elles ne sont pas de mon cru. Je les ai retenues comme un
perroquet, en les répétant. Il pourrait se faire qu’un perroquet se mette à
caqueter de la sorte au beau milieu de votre cathédrale, Excellence, sans
savoir ce qu’il dit. Même le perroquet le plus intelligent serait incapable de
comprendre le sens de ces mots, puisque sa femelle ne possède pas ce qu’on
appelle un…
    Bien, bien, Excellence, je n’évoquerai plus ce sujet et je ne vous
répéterai pas les sons émis par l’autre étranger. En d’autres termes, il avait
dit que lui aussi regrettait les services d’une bonne putain de Castille,
abondamment poilue sur ses parties intimes. Je n’ai pas pu en entendre
davantage car je dus me sauver à toutes jambes avant que l’odeur ne me rende
malade. Je me hâtai de retourner dans la salle du trône et je dis à Ah
Tutal :
    « En effet, Seigneur Mère, vous n’aviez pas surestimé leur
puanteur. Comme il faut que je les voie et que je tente de leur parler, je
préférerais que notre entrevue se déroule à l’extérieur.
    — Je peux faire mettre une drogue dans leur repas pour qu’on
puisse les tirer de leur antre pendant qu’ils seront endormis.
    — Ce n’est pas nécessaire. Mes gardes vont les sortir de là tout
de suite.
    — Quoi ! Vous porteriez la main sur des dieux !
    — S’ils déclenchent des éclairs et que nous tombons tous raides
morts, au moins nous serons assurés de leur divinité. »
    Rien de tel ne se produisit. Leur apparition ne donna lieu à aucun
fracas terrifiant, ni à aucun phénomène surnaturel. Ils tombèrent à genoux
devant moi en bafouillant pitoyablement. Ils faisaient des gestes bizarres avec
leurs mains. Je sais maintenant qu’ils récitaient des prières en latin et
qu’ils se signaient désespérément.
    Je ne fus pas long à comprendre que s’ils étaient restés tapis dans la
maison, c’est parce qu’ils avaient été épouvantés par la façon dont les Xiu
avaient disposé de leurs compagnons morts. Par conséquent, si ces créatures
avaient pu être terrorisées par les Xiu qui sont des gens à l’aspect
débonnaire, il semblait assez logique qu’ils fussent morts de peur en se
trouvant confrontés à mes guerriers mexica en tenue de combat, casqués,
emplumés et armés d’épées d’obsidienne.
    Je me contentai d’abord de les examiner à travers mon cristal, ce qui
fit redoubler leurs piaillements. Je suis depuis longtemps habitué à l’aspect
déplaisant des Blancs, mais à cet instant, je fus à la fois intrigué et rebuté
par leur visage blafard ; en effet, chez nous le blanc est la couleur de
la mort et du deuil. Jamais, je n’avais vu un être humain de cette couleur, à
part les monstres de la ménagerie. Cependant, ces deux-là avaient des yeux
sombres, des cheveux bruns anormalement bouclés et des poils qui leur
recouvraient la figure. Le reste de leur personne était dissimulé sous une
accumulation de vêtements qui me parut bien curieuse. Je connais maintenant
toutes ces chemises, ces pourpoints, ces chausses, ces gantelets, ces bottes et
autres, que je trouve bien mal commodes comparés à nos pagnes et à nos
manteaux.
    « Déshabillez-les », ordonnai-je aux gardes qui me lancèrent
des regards furibonds avant de s’exécuter. Les deux étrangers se débattirent et
hurlèrent de plus belle, comme si c’était leur peau qu’on leur retirait et

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