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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Même lorsqu’il donna l’ordre de procéder à une conscription, peu de
citoyens s’y rendirent ou ils le firent de si mauvais gré qu’ils se battirent
avec bien peu de conviction. Certains Acolhua, qui, dans d’autres
circonstances, auraient volontiers pris les armes, arguèrent qu’ils étaient
trop vieux, ou trop malades, ou qu’ils ne pouvaient abandonner leur famille. En
réalité, c’est parce qu’ils étaient restés fidèles au prince héritier qui
aurait dû être leur Orateur Vénéré.
    Fleur Noire s’était retiré dans une résidence de campagne de la famille
royale, quelque part au nord-est, dans les montagnes et il avait entrepris
l’installation d’une garnison fortifiée. Outre les nobles et leurs familles qui
s’étaient exilés avec lui, nombreux furent ceux qui allèrent le rejoindre,
parmi les chevaliers et les soldats qui avaient servi sous son père. D’autres
encore, qui ne pouvaient pas quitter leur demeure ou leur emploi sur les terres
de Cacama, venaient clandestinement s’entraîner avec les troupes, de temps à
autre, dans le repaire montagneux de Fleur Noire. A l’époque, j’ignorais tout
cela, comme la plupart des gens. Le fait que Fleur Noire se préparait
tranquillement, mais soigneusement, à reprendre son trône à l’usurpateur resta
un secret bien gardé.
    Pendant ce temps, le caractère de Motecuzoma ne s’améliorait pas. Il se
doutait bien qu’il avait perdu l’estime des autres dirigeants par son
intervention intempestive dans les affaires de Texcoco. Il se sentait humilié
par son dernier échec contre Texcala. Il n’était pas satisfait de son neveu
Cacama et, comme si tout cela n’était pas suffisant, des événements encore plus
contrariants commencèrent à se produire.
    On aurait dit que la mort de Nezahualpilli avait été le signal pour que
ses prédictions les plus sombres se réalisent. Peu après ses funérailles, un
messager arriva du pays maya avec l’inquiétante nouvelle que les étranges
hommes blancs étaient revenus à Uluùmil Kutz. Cette fois, ils n’étaient pas
deux, mais cent. Ils avaient ancré leurs trois navires au large du port de
Kimpéch, sur la côte ouest de la péninsule, puis ils avaient gagné le rivage à
la rame, sur de gros canots. Les habitants de Kimpéch, du moins ceux qui
avaient survécu à l’épidémie de petite vérole, les avaient laissés accoster
sans leur opposer de résistance. Mais les Blancs avaient alors pénétré dans un
temple et, sans demander la moindre permission, ils en avaient arraché tout le
décor d’or. Devant cela, la population s’était rebellée.
    Ou du moins, elle avait essayé. En effet, les armes des Kimpéch avaient
volé en éclats contre les corps de métal des hommes blancs qui, en lançant leur
cri de guerre : « Santiago ! » avaient contre-attaque avec
leurs bâtons. Ces bâtons crachaient du tonnerre et des éclairs comme le dieu
Chac au plus fort de sa colère et beaucoup de Maya succombèrent sous leurs
coups alors qu’ils en étaient très loin. Nous savons tous maintenant que le
messager avait tenté de décrire ainsi les armures de fer et les arquebuses de
vos soldats, mais à cette époque son récit nous avait paru incompréhensible.
    Toutefois, il avait apporté deux témoignages pour appuyer ses dires. Le
premier était la liste des morts inscrite sur du papier d’écorce : plus de
deux cents Kimpéch et quarante-deux étrangers avaient péri dans la bataille.
Les envahisseurs avaient été repoussés et ils avaient regagné leurs canots,
puis leurs navires qui, après avoir déployé leurs ailes, avaient disparu à
l’horizon. L’autre témoignage était une figure d’homme blanc écorchée, avec ses
cheveux et sa barbe, tendue sur un cercle de bois. Le jour où je pus la voir,
je me rendis compte qu’elle ressemblait beaucoup à celle des deux Blancs que
j’avais connus, mais je m’étonnai fort de constater que les cheveux et la barbe
étaient jaunes comme de l’or.
    Motecuzoma récompensa le messager pour lui avoir apporté ce trophée,
mais après son départ, il paraît qu’il tempêta après les Maya. « Pensez,
attaquer des visiteurs qui sont peut-être des dieux ! » Puis, en
proie à une violente agitation il s’enferma avec son Conseil, ses sages et ses
devins. Comme on ne me pria pas de me joindre à la réunion, j’ignore quel en
fut le résultat, si toutefois, il y en eut un.
    Un peu plus d’un an après, pendant l’année

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