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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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rempli d’eau
fumante, aussi je me mis rapidement de côté. Il le porta dans le cabinet de
toilette et le versa dans le bac. Il m’épargna la honte d’avoir à demander
comment on se servait des aménagements du cabinet, car même s’il me prenait
pour un véritable noble, il pouvait penser qu’un gentilhomme de province
n’était pas habitué à un tel luxe – et il aurait eu raison. Aussi, sans
attendre mes questions, il me dit :
    « Vous pouvez refroidir votre bain à votre guise, Seigneur, comme
ça. » Il me montra le tuyau de terre qui sortait du mur. A son extrémité,
il y avait un tuyau plus petit qui le traversait verticalement. Il le tourna et
de l’eau fraîche en jaillit.
    « Le grand tuyau amène l’eau de la conduite principale. Le petit
est percé sur le côté et si on le tourne de façon que le trou se trouve dans
l’axe du grand tuyau, l’eau se met à couler. Lorsque vous aurez terminé votre
bain, Seigneur, vous n’aurez qu’à ôter cette plaque d’oli qui est dans le fond
et l’eau s’écoulera par un autre tuyau. »
    Ensuite il me désigna la curieuse bassine fixe et me dit :
« L’axixcalli fonctionne de la même façon. Quand vous avez terminé,
tournez simplement ce petit tuyau-là et un jet d’eau emportera tout dans le
trou qui est en dessous. »
    Je n’avais pas encore remarqué ce trou et je demandai, horrifié :
« Mais alors, les excréments tombent dans la pièce du dessous ?
    — Mais non, Seigneur, c’est la même chose que pour le bain. Tout
va dans un tuyau qui l’emporte loin, dans un étang où on vient prendre de
l’engrais pour fertiliser les champs. Maintenant, Seigneur, je vais aller faire
préparer votre dîner, pour qu’il soit prêt quand vous aurez pris votre
bain. »
    Attablé dans ma propre chambre, devant un repas de lapin grillé, de
haricots, de tortillas, de beignets de fleurs de courgettes et avec, comme
boisson, du chocolat, je me pris à penser qu’il me faudrait du temps pour
perdre mes habitudes rustiques et apprendre celles de la noblesse. Chez moi, le
chocolat était un luxe qu’on ne s’octroyait qu’une ou deux fois par an et de
plus, il était très léger. Ici, cette boisson mousseuse – composée du meilleur
cacao, de miel, de vanille et de graines écarlates d’achiyotl, le tout moulu,
puis énergiquement battu – était prodiguée aussi largement que de l’eau de
source. Je me demandais combien de temps il me faudrait pour perdre mon accent
de Xaltocán pour parler le pur nahuatl de Texcoco et pour « m’habituer au
confort » comme l’avait dit la Première Dame.
    Par la suite, je me rendis compte que pas un seul noble, même honoraire
ou temporaire comme moi, ne faisait jamais quoi que ce soit par lui-même. Quand
un gentilhomme levait la main pour défaire l’attache de son magnifique manteau
de plumes, il laissait simplement glisser son vêtement qui, jamais, n’allait
toucher le sol. Il y avait toujours un esclave pour le retirer de ses épaules
et le noble savait qu’il y aurait toujours quelqu’un. S’il croisait les jambes
pour s’asseoir, il ne jetait pas un coup d’œil derrière lui – même s’il
s’effondrait brutalement et involontairement à cause d’un excès de boisson – et
jamais il ne tombait par terre. Il y avait toujours quelqu’un pour glisser une
chaise icpalli sous lui, et il savait que la chaise serait là.
    Les nobles naissaient-ils avec cette hautaine assurance et me serait-il
possible de l’acquérir à la longue ? Il n’y avait qu’une seule manière de
le savoir. A la première occasion – je ne me rappelle plus laquelle – j’entrai
dans une pièce pleine de seigneurs et de dames, je saluai tout le monde, et
m’assis avec assurance sans regarder derrière moi. L’icpalli était bien là. Je
ne jetai même pas un regard pour voir d’où il venait. C’est alors que je
compris que la chaise – ou toute autre chose exigée et attendue de la part de
mes inférieurs – ne pouvait manquer d’être là. Cette petite expérience m’apprit
une chose que je n’oubliai jamais : pour bénéficier du respect et des
privilèges réservés aux nobles, il fallait oser se comporter en noble.
    Le lendemain de mon arrivée, Cozcatl m’apporta mon petit déjeuner en
même temps que toute une collection de vêtements, plus nombreux que je n’en
avais porté et usé pendant toute mon existence précédente. C’étaient des pagnes
et des manteaux de coton blanc

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