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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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mais
est-ce une excuse à la sévérité et à la solennité ? Les historiens sont
des gens sérieux et l’Histoire est parfois bien sombre. Mais c’est le peuple
qui fabrique l’histoire, et il fait parfois des siennes. La véritable histoire
des Mexica en est la preuve. »
    Il s’adressa directement à moi. « Vos ancêtres Azteca, Tête Haute,
n’ont rien amené avec eux dans cette vallée : aucune sagesse, aucun art,
aucune science, aucune culture. Ils n’apportèrent rien qu’eux-mêmes : des
nomades ignorants et arriérés vêtus de peaux de bêtes grouillantes de vermine
et qui adoraient un dieu de massacre, terrible et vengeur. Ils étaient méprisés
et rejetés par les peuples déjà civilisés qui les entouraient et qui ne
pouvaient accepter l’invasion de mendiants barbares. Les Azteca ne
s’installèrent pas sur cette île marécageuse, dans l’allégresse et sous la
conduite de leur dieu, mais parce qu’ils ne savaient pas où aller, et que
personne n’avait encore voulu s’approprier ce bout de terre au milieu des
marais. »
    Mes camarades me regardèrent du coin de l’œil. J’essayai de ne pas
broncher devant les révélations de Neltitica.
    « Ils n’entreprirent pas tout de suite la construction de grandes
villes ; il leur fallut d’abord consacrer toutes leurs forces à trouver de
quoi manger. Ils ne pouvaient pas pêcher, car les droits de pêche appartenaient
aux peuples qui bordaient le lac. Pendant longtemps, vos ancêtres survécurent –
survécurent simplement – en se nourrissant de choses dégoûtantes, comme des
vers, des insectes aquatiques et de leurs œufs minuscules et de la seule plante
comestible qui poussât dans ce marécage désolé. C’était le mexixin, ce cresson
ordinaire au goût acre et amer. Toutefois, Tête Haute, si vos ancêtres étaient
dépourvus de tout, ils ne manquaient pas d’humour et avec une ironie mordante,
ils se donnèrent à eux-mêmes le nom de Mexica. »
    La seule mention de ce nom souleva de nouveaux ricanements. Neltitica
poursuivit :
    « Les Mexica finirent par obtenir des récoltes à peu près
correctes grâce au système du chinamitl, mais ils ne cultivaient pour leur
usage personnel que le strict minimum de maïs et de haricots. Les chinampa
étaient presque exclusivement réservés à la culture des légumes et des plantes
plus rares – tomates, sauge, coriandre, patates douces – que leurs voisins ne
prenaient pas la peine de faire pousser. Les Mexica échangeaient ces denrées
contre des produits de première nécessité : outils, matériaux de
construction, tissus et armes que les pays de la terre ferme ne leur auraient
jamais cédés sans cela. A partir de ce moment, leur civilisation, leur culture
et leur puissance militaire progressèrent rapidement. Cependant, jamais ils
n’oublièrent l’humble plante qui les avait nourris au début et ils gardèrent
toujours le nom qu’ils s’étaient donné et qui est maintenant connu, respecté et
craint partout, mais qui veut simplement dire…»
    Il se tut et sourit. Mon visage s’empourpra à nouveau, tandis que toute
la classe s’écriait en chœur : « Les Mangeurs d’herbe ! »
    « Je me suis laissé dire, mon jeune seigneur, que vous avez essayé
d’apprendre tout seul à lire et à écrire », me dit le professeur de la
Connaissance des Mots, sur un ton un peu sarcastique, comme s’il pensait que
c’était impossible. « Il paraît que vous avez apporté des témoignages de
votre travail. »
    Je lui tendis respectueusement la longue bande de papier d’écorce
repliée dont j’étais si fier. J’avais tracé les signes avec le plus grand soin
et je les avais peints avec les rutilantes couleurs que m’avait données
Chimali. Le professeur prit le cahier et commença lentement à en déplier les
pages.
    C’était le récit d’un épisode célèbre dans l’histoire des Mexica, à
leur arrivée dans la vallée. Le peuple le plus puissant de l’endroit était
alors les Culhua et leur chef, Coxcox, ayant déclaré la guerre aux gens de
Xochi-milco, avait demandé aux Mexica, fraîchement arrivés, de se joindre à
lui. Quand ils eurent gagné la guerre, les Culhua ramenèrent chez eux leurs
prisonniers, mais les Mexica revinrent bredouilles. Alors, les Culhua les
traitèrent de lâches. A ces mots, les guerriers Mexica ouvrirent les sacs
qu’ils avaient avec eux et déversèrent une montagne d’oreilles gauches qu’ils
avaient coupées aux

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