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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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petite sotte, taisez-vous,
répliqua-t-il en fronçant le sourcil avec colère ; non,
mademoiselle Haredale, je n'ai ni lettre ni gage d'aucune espèce
car, en vous montrant de la sympathie, à vous et à ceux d'entre
vous qui vous trouvez victimes d'un malheur si accablant et si peu
mérité, je ne me dissimule pas que j'expose ma vie ; et je
n'avais pas envie, par conséquent, d'apporter sur moi une lettre
qui m'aurait valu une mort certaine. Je n'ai pas songé un moment à
demander, ni M. Haredale à me proposer le moindre gage de la
fidélité de mon message… peut-être aussi n'en a-t-il pas eu l'idée,
se fiant à la parole, à la sincérité d'un homme à qui il devait la
vie. »
    Il y avait dans cette réponse un reproche qui
ne pouvait manquer son effet sur un caractère confiant et généreux
pomme celui de miss Haredale ; mais Dolly, qui n'était pas si
candide, n'en fut pas touchée le moins du monde, et continua de la
conjurer, dans les termes de l'affection et de rattachement les
plus tendres, de ne pas s'y laisser prendre.
    « Le temps presse, dit leur visiteur,
qui, malgré ses efforts pour leur témoigner le plus vif intérêt,
avait jusque dans son langage une certaine froideur qui glaçait
l'oreille, et le danger nous menace. Si je m'y suis exposé pour
vous en vain, à la bonne heure ; seulement promettez-moi, si
nous nous retrouvons jamais, de me rendre témoignage. Si vous êtes
décidée à rester, comme je le suppose, rappelez-vous, mademoiselle
Haredale, que je n'ai pas voulu vous quitter sans vous donner un
avertissement solennel, sans me laver les mains de toutes les
conséquences dont vous voulez courir les risques.
    – Arrêtez, monsieur, cria Emma… encore un
moment, je vous prie. Ne pouvez-vous pas, et elle tenait Dolly
serrée plus près encore de son cœur, ne pouvez-vous pas nous
emmener ensemble ?
    – C'est déjà une tâche assez difficile,
répondit-il, d'emmener une femme en toute sûreté, au milieu des
scènes que nous allons rencontrer, sans compter que nous devons
éviter d'attirer l'attention de la foule rassemblée dans les rues.
Je vous ai dit qu'elle sera rendue cette nuit à ses parents. Si
vous acceptez mon offre de services, mademoiselle Haredale, je vais
la faire à l'instant placer sous bonne garde pour acquitter ma
promesse. Êtes-vous décidée à rester ? Il y a, en ce moment,
des gens de tout rang et de toute religion qui cherchent à se
sauver de la ville, saccagée d'un bout à l'autre. Permettez-moi
d'aller voir si je ne puis pas me rendre utile à quelques autres.
Partez-vous ou restez-vous ?
    – Dolly, dit Emma d'un ton précipité, ma
chère enfant, nous n'avons plus que cette seule espérance. Si nous
nous séparons à présent, c'est seulement pour nous retrouver plus
tard heureuses et honorées. Je me confie à ce gentleman.
    – Non… non… non, criait Dolly, qui ne
voulait pas la lâcher ; je vous en prie, je vous en supplie,
n'en faites rien.
    – Vous l'entendez, dit Emma ; cette
nuit… cette nuit même… dans quelques heures… songez-y… vous allez
être au milieu de ceux qui mourraient de chagrin loin de vous, et
que votre absence plonge en ce moment dans le plus profond
désespoir. Vous prierez pour moi, chère enfant comme je prierai de
mon côté pour vous ; n'oubliez jamais les heures de douce paix
que nous avons passées ensemble. Dites-moi : « Que Dieu
vous bénisse ! » et séparons-nous avec ce
souhait. »
    Mais Dolly ne voulut rien dire : non,
malgré tous les baisers qu'Emma déposait sur sa joue, qu'elle
couvrait en même temps de ses larmes, tout ce que Dolly pouvait
faire, c'était de se pendre à son col, de sangloter, de l'étreindre
sans vouloir la lâcher.
    « Voyons ! nous n'avons plus de
temps pour tout cela, cria l'homme en lui desserrant les mains et
la repoussant rudement, en même temps qu'il attirait Emma Haredale
du côté de la porte. À présent, dehors, vite. Sommes-nous
prêts ?
    – Oui-da, cria une voix retentissante qui
le fit tressaillir, tout prêts. Arrière, ou vous êtes
mort. »
    Et au même instant il fut jeté par terre comme
un bœuf dans l'abattoir ; il fut terrassé du coup, comme si un
bloc de marbre venait de se détacher du toit pour l'écraser sur la
place ; puis on vit entrer à la fois une lumière éclatante et
des visages rayonnants… et Emma se sentit étreindre dans les
embrassements de son oncle, et Dolly avec un cri qui perça l'air,
tomba dans les

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