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Bombay, Maximum City

Titel: Bombay, Maximum City Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suketu Mehta
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malchance, car son second premier rôle se volatilisa dans la nature. Entré dans la secte de Rajneesh, Khanna avait disparu à Pune, dans l’ashram du gourou. Ses secrétaires n’avaient aucun moyen de le joindre. Voyant à nouveau les sommes qu’il avait investies fondre comme neige au soleil, le producteur eut une deuxième attaque.
    « J’adorais mon père, dit Ajay. J’avais pris l’habitude de me réveiller à trois heures du matin, et quand je voyais qu’il n’était pas dans son lit j’allais le retrouver dans le jardin où il était sorti fumer une cigarette. Je lui demandais ce qui n’allait pas. Accablé, il m’expliquait qu’il avait emprunté à trente-six pour cent d’intérêts. Il a perdu vingt-cinq lakhs, avec ces histoires. Je déteste le cinéma, c’est un milieu dégueulasse. Je me suis juré de choisir un métier qui me donne tout pouvoir sur ces gens qui ont ruiné mon père. » Raison pour laquelle il est devenu policier plutôt qu’avocat, médecin, homme d’affaires – ou producteur de films. « L’uniforme donne du pouvoir. »
    À son poste de commissaire en chef suppléant de la région Nord-Ouest, il a la haute main sur les fiefs de Bandra et de Juhu, le Beverly Hills de Bombay où vivent et travaillent les gens de cinéma. Chaque fois que la pègre les menace, ils foncent dans son bureau, y compris les acteurs qu’il tient pour responsables de la mort de son père. « Ils ont débarqué ici en prétendant qu’ils étaient de très bons amis à lui. Je leur ai sorti ce que mon père m’avait dit et je ne leur ai pas caché ce qu’on pensait d’eux dans la famille. Ils ne savaient plus où se mettre. J’avais à moitié envie de les foutre dehors, mais la réputation du service aurait pu en souffrir. » Il choisit donc de les aider, passe les coups de fil qu’il estime nécessaires, rappelle à l’ordre les maîtres chanteurs qui dépassent les bornes, fait en sorte que les stars puissent dormir sur leurs deux oreilles. Il y a toutefois une différence entre Ajay et son père : aujourd’hui, c’est lui qui fixe aux stars la date et l’heure des rendez-vous.
     
    Ajay est venu dîner à la maison avec sa femme, Ritu. Tout naturellement je lui ai proposé un verre, mais ce flic est décidément un phénomène : il ne boit pas. « J’ai vu tellement d’alcool, à la maison, quand j’étais gosse. Je ne supportais pas que mon père boive. Un type qui boit ne sait plus se contrôler. Je ne touche ni à l’alcool ni au tabac. Je n’y toucherai jamais. Jamais », répète-t-il à mi-voix, sans doute plus pour lui que pour nous.
    C’est également un phénomène pour une autre raison : il n’accepte pas de pots-de-vin. Il plaisante en disant qu’il doit être le seul fonctionnaire indien à payer les factures de téléphone de sa ligne privée – dans les deux mille roupies par mois. Cet incorruptible issu d’un milieu aisé a peu de points communs avec ses collègues. « La plupart des policiers sont jaloux. Les autres, mes supérieurs, j’imagine, ont peur de moi. » Résultat, il n’a pas d’amis parmi les gens avec qui il travaille.
    Durant les dix jours qui précèdent Diwali {104} , les haut gradés de la police qui résident à Worli voient défiler toute une procession de gens venus leur apporter de coûteux paniers de fruits et de confiseries. Ritu refuse en bloc tous ces présents – la bouteille de champagne offerte par un réalisateur de cinéma, par exemple. L’honnêteté d’Ajay tracasse ses collègues, en particulier ses pairs ; craignant de paraître bien complaisants en regard de son intransigeance, ils lui prodiguent des conseils paternels : « Sois réaliste », prêchent-ils à qui mieux mieux.
    Je lui demande si les gangs ont déjà essayé de l’acheter.
    « Après les attentats, mon supérieur m’a proposé cinquante lakhs pour que je n’amoche pas un truand. “Ne le maltraite pas, il m’a dit, il a des tas de contacts. Je connais quelqu’un qui est prêt à donner cinquante lakhs. Comprends-moi bien, il ne s’agit pas de faire quelque chose d’illégal, simplement ne t’acharne pas.” Je lui ai répondu du tac au tac : “Monsieur, c’est vous qui m’avez formé. Si vous n’étiez pas mon supérieur, c’est sur vous que je m’acharnerais.” Mon problème, c’est que je suis hypersensible sur la question de l’intégrité. »
    À son grade d’inspecteur général de police, il touche un

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