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Bombay, Maximum City

Titel: Bombay, Maximum City Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suketu Mehta
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peu moins de vingt mille roupies par mois, un salaire inférieur à celui d’une secrétaire de direction dans une multinationale.
    « Ils pourraient t’augmenter, non ?
    — Je l’ai été. L’an dernier je plafonnais à sept mille roupies.
    — Sept mille roupies par mois ?
    — En 1981, j’ai débuté à sept cent cinquante roupies (soit moins de soixante euros) en tant qu’inspecteur adjoint. »
    Ritu qui vient d’une riche famille de Delhi fut atterrée de découvrir le logement dans lequel ils allaient vivre. Il n’y avait pas un meuble. Ajay ne boit pas, mais il apprécie la viande, saignante de préférence. Chez ses parents, il ne mangeait que ça à table. Quand il est entré dans la police, pendant un an il n’a pas eu les moyens d’en acheter. Il s’est rattrapé après avoir été muté en zone rurale : les bouchers locaux étant trop chers pour lui, il allait à la chasse au sanglier. Il a d’ailleurs accroché deux trophées aux murs de son appartement : une tête de tigre et une tête de cerf.
    Il caresse le projet de partir à l’étranger suivre une formation sur le terrorisme. La police de Bombay n’a selon lui que des connaissances superficielles et éparses sur les liens internationaux existant entre les syndicats du crime et les groupes terroristes. De plus, même avec la meilleure volonté du monde, une force de police locale ne saurait à elle seule combattre l’hydre du terrorisme : quand on croit l’avoir décapité à Bombay, il lui pousse une nouvelle tête à Delhi ou à Dubaï. Les policiers n’ont toutefois que des contacts très limités avec leurs homologues étrangers, et Ajay qui souhaite se constituer un réseau de relations efficace envisage donc de quitter le pays un temps, en demandant un congé sans solde. Il a envie d’apprendre comment les autres démocraties luttent contre l’ennemi intérieur.
    En 1999, on a découvert que le détournement d’un appareil d’Indian Airlines par des séparatistes kashmiris avait été organisé à partir de Bombay. Les faux passeports de certains des pirates avaient été fabriqués ici. Dans l’avion cloué au sol sur une piste de l’aéroport de Kandahar, en Afghanistan, les indépendantistes étaient régulièrement informés au téléphone par une partie de leur groupe, basé à Jogeshwari, et ils suivaient par le menu les commentaires de la presse indienne sur leur coup de force. Les images retransmises par les télévisions du monde entier témoignaient d’ailleurs de l’état de surexcitation des parents et amis des otages. Le gouvernement indien subit alors des pressions très fortes pour accéder à leurs revendications, et il finit effectivement par plier et par relâcher plusieurs moudjahidin – dont Sheikh Omar qui, trois ans plus tard, devait assassiner le journaliste Daniel Pearl. Les complices des pirates appréhendés par la suite étaient également en possession de listes de personnalités politiques hindoues qu’il s’agissait d’éliminer.
    Ajay prévoit que tôt ou tard les organisations de combattants musulmans constituées en Afghanistan, en Tchétchénie et ailleurs s’allieront aux mafias criminelles qui sévissent à Bombay et en Russie. « Bombay est très important pour ces gens-là, explique-t-il. Pour frapper l’Inde économiquement, l’idéal est de paralyser Bombay. Ils veulent faire trembler la ville, y semer la terreur. » Il sait de source sûre que Dawood et son principal bras droit, Chotta Shakeel, ont rencontré Oussama ben Laden au mois d’août 1999 dans les environs de Kaboul, pour négocier une vente d’armes et envisager leur collaboration future. Kamal, le trésorier de la Compagnie-D pour la région de Bombay, m’a de fait déclaré que « la communauté musulmane ne prend pas Oussama ben Laden pour un terroriste mais pour un messie. Il ne pense pas qu’à lui. C’est la deuxième fortune d’Arabie Saoudite, une économie à lui tout seul. On l’admire parce qu’il a renoncé à son mode de vie luxueux pour vivre comme un va-nu-pieds. C’est pour ça que des tas de gens sont prêts à le suivre. »
    Ajay est persuadé que de vastes réseaux étrangers surveillent les activités de la police, à l’affût de la moindre brèche pour s’introduire dans sa ville bien-aimée. Les bombes qui ont explosé le 12 mars 1993 ne contenaient qu’une quantité somme toute dérisoire d’hexogène (seize kilos), mais Ajay en a saisi au total près de

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