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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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faire divorcer le ménage Fourès et proposera même à sa maîtresse de l’épouser si elle lui donnait un enfant. Car Bonaparte se désolait :
    — La petite sotte n’en peut pas faire !
    — Ma foi, répondait-elle en riant, ce n’est pas de ma faute !
    On traitera Pauline de « souveraine de l’Orient », et nombreux alors sont ceux qui la croient prête à succéder à Joséphine. Du moins, Bonaparte avec cette liaison n’est pas mécontent de faire oublier son emploi de mari trompé, qui ne lui plaît guère.
    De leur côté, nombreux sont les soldats qui, mariés en France – et à la stupéfaction des Égyptiens, qui préfèrent les jeunes garçons – prennent « légalement » une concubine, puisque les cheiks ont décrété tout mariage valable si le marié voulait bien déclarer :
    — Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète.
    Cette profession de foi ne peut guère gêner les anciens soldats de l’an II – puisque les femmes demandées en France par leur général tardent à être expédiées !

    Administrer le pays conquis fut, dès l’arrivée de Napoléon au Caire, son souci majeur. Il avait tout d’abord posé cette question :
    — Quelle est en Égypte la situation de la jurisprudence, de l’ordre judiciaire civil et criminel et de l’enseignement, et qu’elles améliorations pourrait-on y porter, que la population désirât ou acceptât ?
    Dès le lendemain de son entrée dans la ville, il crée à son tour un diwan, ou – moins joliment dit – un Conseil de gouvernement. Son but ? Rendre légale la politique française. « En captivant l’opinion des grands cheiks du Caire, mande-t-il à Kléber, on a l’opinion de toute l’Égypte et de tous les chefs que ce peuple peut avoir. Il n’y en a aucun moins dangereux pour nous que des cheiks, qui sont peureux, ne savent pas se battre et qui, comme tous les prêtres, inspirent le fanatisme sans être fanatiques. »
    Si les Français apportent aux Égyptiens certaines inventions qui leur manquent – aussi simples que la brouette ou le moulin à vent – il n’est nullement question de gouverner à l’Occidentale, et les bourreaux ne chôment point.
    Pour commander la police, Bonaparte choisit un personnage extravagant, un chrétien grec du nom de Barthélémy. Toujours flanqué de sa femme galopant à ses côtés, suivi d’une bande d’estafiers-janissaires, faisant sauter les têtes avec entrain, il inspire la terreur. « Quand on le voyait marcher vers la citadelle, le cimeterre nu, dira Belliard, suivi de ses patients garrottés, c’était un spectacle à refouler au fond de bien des coeurs toute intention mauvaise. » C’était bien, là aussi, suivre la tradition en vigueur dans le pays...
    Bonaparte, le 18 septembre, quitte Le Caire pour Gizeh et inspecte les troupes et les fortifications. Le lendemain, il se dirige vers les Pyramides. Il est accompagné dans sa visite de quelques officiers et généraux, dont Berthier. Personne n’ignore plus à l’armée d’Égypte l’amour passionné, pour ne pas dire l’adoration, que le chef d’état-major porte à la belle Mme Visconti qu’il a laissée en France... Or, Berthier, ce jour-là, tombe en arrêt devant la Grande Pyramide et, tout en hochant sa grosse tête et en bafouillant un peu, comme à son ordinaire, il se penche vers son voisin :
    — Est-il bien nécessaire d’aller jusque-là haut ? murmure-t-il. Moi, je vois très bien d’ici. Si nous restions là ?
    Bonaparte entend la phrase lancée à Geoffroy Saint-Hilaire. Avec malice, il se retourne :
    — Ah ! mon pauvre Berthier, lui dit-il, si seulement Elle était au sommet de la Pyramide, vous y seriez déjà ! Hélas, Elle n’y est pas...
    On organise ensuite pour la troupe des excursions et – fâcheuse manie – certains, tel le sergent fourrier François, graveront leur nom sur les monuments.
    Les Égyptiens semblent séduits par l’intérêt que Bonaparte porte à leurs coutumes et à leur histoire. Ils paraissent avoir accepté leur nouveau maître. « Les soldats français, rapporte le grave El Djabarti, se promenaient dans les rues du Caire sans armes et n’y inquiétaient personne. Ils plaisantaient avec le peuple et achetaient, à des prix très élevés, tout ce dont ils avaient besoin. Ainsi ils payaient une poule un talaro, un oeuf quatorze paras, c’est-à-dire ce que coûtaient ces choses dans leur pays... De sorte que les boutiques et les cafés se rouvraient

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