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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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bataille, jusqu’à la première cataracte, à neuf cents kilomètres du Caire.
    Ce fut une extraordinaire épopée.
    Pour s’en convaincre, il suffit de lire les lettres envoyées par Desaix à Bonaparte : « Les maux d’yeux sont vraiment un fléau effroyable, ils m’ont privé de quatorze cents hommes. J’ai traîné avec moi dans mes marches dernières, cent de ces malheureux aveugles, tout à fait... Nous sommes tout nus, sans souliers, sans rien ; en vérité, les troupes ont besoin de repos. Des subsistances et des moyens, et nous irons encore... Que voulez-vous que je fasse ? » Continuer, bien sûr ! Et ils continuèrent ! « Nous sommes harassés de fatigue, écrira encore Desaix, mais nous irons toujours, battant les gens de La Mecque, les Mameluks et les paysans. »
    Denon se trouvait avec ces héros méconnus et, grâce à ses talents de dessinateur et d’écrivain, nous possédons des croquis et des descriptions des monuments et paysages de l’Égypte depuis les Pyramides jusqu’à l’île Éléphantine d’Assouan et jusqu’au temple de Philae ! Si Desaix suppliait qu’on lui envoyât des objets de première nécessité, Denon – souffrant pourtant d’ophtalmie – ne demandait que des crayons !
    Le capitaine Desvernois était un extraordinaire combattant que dix-neuf blessures reçues au début d’un combat n’empêchèrent pas de continuer à se battre... Seul, il capturera un jour les huit cent quatre-vingt-dix-sept chameaux d’une caravane ! Il faut lire le texte par lequel il nous raconte l’émotion qui s’empara de la division – elle était forte alors de 4 000 hommes – lorsqu’elle découvrit le temple de Karnak à Thèbes, et, peu au-delà, celui de Louksor. « Sans qu’un ordre fût donné, rapporte-t-il, les hommes formèrent les rangs et présentèrent les armes, au son des tambours et des clairons. »
    Hors les dessins et les descriptions de Denon, les résultats de cette étonnante campagne furent négatifs. Mourad-Bey ne sera jamais atteint. Il reviendra de la Haute Égypte et pourra même, une nuit-de juillet 1799, douze jours avant Aboukir, échanger des signaux lumineux, du sommet de la pyramide de Chéops, avec sa femme installée sur le toit de leur maison du Caire.
    Sur les murs des temples, sur les falaises de granit bordant le Nil on peut toujours lire les noms gravés par les compagnons de Desaix et de Belliard. Ceux de Poudrât, de Tricot, de Guibourg, voisinent avec ceux de leurs « prédécesseurs » : Julius Tenax, Valerius Priscus ou Quintus Viator.

    « Un homme du nom de Buonaparte, qui se donne pour général français, a porté la guerre dans la province turque d’Égypte. » C’est en ces termes que le sultan Selim III {19} avait annoncé, à Constantinople, le débarquement de Napoléon à Alexandrie et la prise du Caire.
    Le 5 décembre, la Porte Ottomane, après avoir conclu une alliance avec la Russie, devenait l’alliée de l’Angleterre et se préparait à marcher contre les Français. Ce serait mal connaître Bonaparte que d’imaginer qu’il allait paisiblement attendre les Turcs à l’ombre des Pyramides...
    — Un général en chef, disait-il, ne doit jamais laisser se reposer ni les vainqueurs ni les vaincus.
    Aussi décide-t-il de se lancer dans une contre-offensive hardie et d’aller attaquer les Turcs et les Anglais au-delà de l’isthme de Suez, c’est-à-dire en Syrie, formée alors de cinq pachaliks : Alep, Damas, Tripoli, Saint-Jean-d’Acre et Jérusalem. Dès la fin du mois de janvier, il détache de son armée les divisions Kléber, Lannes et Reynier, ainsi qu’une partie de la cavalerie de Murat – soit treize mille hommes, dont quatre cents soldats montés sur dromadaires.
    Sans compter médecins, commissaires, interprètes et – nous sommes en Orient – une foule de serviteurs.
    Le 24 janvier 1799, les premières troupes de « l’armée de Syrie » – armée de Palestine eût été géographiquement plus juste – quittent Le Caire et retrouvent les mêmes difficultés qu’elles avaient supportées en traversant les plaines désertiques de Bahyreh : la soif se met de la partie et l’artillerie de siège s’enlise dans les sables. On décide de l’embarquer à Damiette vers Saint-Jean-d’Acre.
    Le 10 février, Bonaparte quitte Le Caire en annonçant qu’il reviendra dans un mois...
    Il demeurera en réalité quatre mois absent.
    Après être passé par Mesoudiak, où règne une chaleur infernale, le

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