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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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se tournaient vers lui ; on ne pouvait se méprendre sur le rôle immense qu’il allait jouer. Aux yeux de tout homme sensé, il ne devait pas se borner au commandement des armées, mais une grande part à la direction des affaires devait lui être accordée, et il ne fit aucun mystère de ses intentions à cet égard. »
    Comment agir ? Quel plan choisir ? Essayer d’entrer dans le Directoire ? Ou plutôt créer un nouveau gouvernement ? Cependant, il fallait « se décider pour le plus sûr, tout peser, tout balancer, tout maîtriser au milieu de tant d’intérêts et de passions contraires, et tout cela en vingt-cinq jours ». Fouché avait raison de dire que parvenir à un tel but supposait « une grande habileté, un caractère tenace, une décision prompte ».
    Mais à quelle porte faut-il tout d’abord s’adresser ? À celle de Barras, bien sûr ! Elle est à première vue la plus attirante. Et Fouché le lui conseille. Barras – ce panache du Directoire, selon la si juste expression d’Albert Vandal – déployait un luxe de l’Ancien Régime. Il habitait et recevait dans ses salons dorés du Luxembourg, alors que certains de ses prédécesseurs – tels La Révellière ou Carnot – vivaient, le premier dans la cuisine d’un ami, le second se contentait de lancer des invitations « à manger la soupe ». Barras adorait mentir pour le plaisir et tromper par bassesse. Sa veulerie dépassait l’entendement. Une âme de fille dans un corps de bel homme – l’expression est encore de Vandal. Bonaparte ne l’ignore point, mais le roi des pourris n’en est pas moins celui qui lui a mis le pied à l’étrier et l’a en quelque sorte « découvert ».
    Et puis – et puis surtout – que faire ? Aussi Bonaparte commence-t-il des visites d’information.
    « C’est à cette perplexité des premiers moments de Bonaparte à son arrivée à Paris, expliquera plus tard Barras, que j’ai dû certainement l’espèce de priorité qu’il m’a donnée pour accourir chez moi de suite et sans étiquette, aussitôt qu’il a mis le pied à Paris. Il vient accompagné de Marmont, qui semble lui tenir lieu de tout, même de valet de chambre en ces premiers moments car il en remplit tout à fait l’office envers le général Bonaparte quand ils vinrent au Luxembourg. Marmont soutient son maître descendant de sa voiture, il l’aide quand il monte l’escalier ; il lui ôte sa redingote quand il entre, la lui remet quand il sort... »
    L’ironie dédaigneuse, presque la condescendance, que Barras emploie vis-à-vis de lui n’échappe pas à Bonaparte. De plus, il se rend vite compte que le trop pourri Barras, le trop repu, le trop honni Barras, a trop servi – surtout lui-même – et est devenu inutilisable tout en se croyant indispensable. Aussi le général décide-t-il de réserver peut-être pour plus tard son ancien protecteur et de poursuivre son tour de piste afin de s’informer – tout en jouant avec adresse le rôle du soldat « qui n’aspire plus qu’au repos »...
    Il n’en était pas moins nécessaire, si l’on voulait prendre le pouvoir, « d’organiser le coup d’État de l’intérieur » et d’avoir, par conséquent, dans la place – c’est-à-dire parmi les gouvernants – un ou deux complices – ou plutôt un ou deux meneurs. Le peu malin Gohier, qui était tombé amoureux de Joséphine, pourrait peut-être suivre mais non prendre le commandement. Il en était de même de l’insignifiant Roger Ducos.
    Dès le 23 octobre, Bonaparte va voir le général Moulins, alors lui aussi Directeur. Sans doute ce nom ne dit-il rien aujourd’hui à personne ; il ne disait pas davantage en 1799... Chacun savait que, seule, la politique lui avait valu un grade, mais peut-être pourrait-il jouer un rôle de second ?
    — Il faut, lui affirme Bonaparte, un gouvernement ferme et qui ait la confiance de tous ceux qui sont intéressés à maintenir la République ; et je me flatte que, si j’étais à la place de Sieyès, le Directoire retrouverait tout à la fois et la force et la confiance dont il a besoin. Gohier, à qui j’en ai parlé, m’y verrait avec plaisir ; mais un seul scrupule l’arrête : la Constitution exige quarante ans pour entrer au Directoire...
    Peu intelligent, Moulins se garde bien de mordre à l’hameçon qui lui est tendu. Il ne peut changer la Constitution, n’est-ce pas ? Bonaparte n’a pas l’âge requis ! Il n’y a qu’à le laisser vieillir un peu... Mais

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