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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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moins quarante millions ». Enfin, il demande de pouvoir émettre « un emprunt de cent millions gagé tant sur le produit de ces impôts que sur les arrérages et rachat des rentes dues à la République ».
    Bonaparte comptant sur le retour de la confiance pour faire revenir l’or dans les caisses – on sait que l’or, cette manière de « personnage », défiant, timide et timoré, se cache au moindre danger – refuse ces moyens rappelant par trop les expédients d’autrefois. Gaudin offre alors sa démission.
    — C’est parce que nos besoins sont grands, et notre position délicate, répond Bonaparte, que vos talents, votre probité et votre zèle pour le bien public sont nécessaires. Vous avez déjà beaucoup fait. Il vous reste sans doute bien des obstacles à franchir, et quelques dégoûts à essuyer ; mais les beaux jours viendront ! Il faut que tout le bien qui reste encore à faire soit fait sous votre ministère.
    Et, afin de ramener la confiance – afin d’avoir un établissement de crédit presque officiel sinon indépendant – Bonaparte crée, ou plutôt transforme l’ex-caisse des comptes courants, en Banque de France.
    Pour arriver à cette résurrection, pour revenir à l’oeuvre de la première Assemblée révolutionnaire, il fallait aller prudemment – et même avec calcul.
    — Si je donnais trop d’élan, trop d’influence à vos constitutionnels de 1791, à ceux que vous appelez exclusivement le parti des gens de bien, dira Napoléon à Mathieu Dumas, je ne tarderais pas à produire une réaction embarrassante. J’ai bientôt appris, en m’asseyant ici, qu’il faut bien se garder de vouloir tout le bien qu’on pourrait faire ; l’opinion me dépasserait ; le cheval amaigri bondirait bientôt dans la bonne pâture et deviendrait indomptable.
    Sans doute l’herbe n’était-elle pas encore grasse et belle, mais la « pâture », bien ensemencée, allait lever. Déjà on pouvait dresser le bilan. « Ainsi, en moins de trois mois, comme à l’appel d’un magicien, écrira Louis Madelin, un énorme monument était sorti de terre, et d’une terre naguère bouleversée, encombrée de ruines. Cela paraissait presque un « miracle » – le mot fut maintes fois écrit – et le grand miracle, cependant, pour nous, n’est pas là ; il serait dans la durée singulière qu’allait connaître une oeuvre construite dans de telles conditions, en quelques semaines et au milieu de ce qu’un tribun aura appelé « un tourbillon d’urgence ».
    Ce tribun se nommait Sedillez, et il ajoutait :
    — Ne vaut-il pas mieux céder à l’impétuosité de ce mouvement que de s’exposer à en entraver la marche ?
    Lorsque les Alsaciens, qui avaient fui vers la rive droite du Rhin, revinrent chez eux sans en avoir sollicité la permission, la gendarmerie les arrêta, mais, ainsi que l’annonçait le préfet du Bas-Rhin : « ils invoquent la justice et la loyauté du gouvernement actuel ; des femmes, des enfants, des vieillards sont avec eux et déclarent qu’on pourra les faire fusiller, mais non les forcer à quitter de nouveau la France : Qu’on nous conduise au grand Bonaparte, disent quelques-uns, il verra que nous sommes de bons citoyens. »
    Tel est le résultat obtenu en ces premiers mois de l’année 1800.
    Cependant, à cette France qui sortait à peine de ses ruines, à cette France encore exsangue, il fallait demander de nouveaux sacrifices – et d’argent et d’hommes puisque la guerre était là avec ses exigences – et ce sont les préfets qui y parviendront :
    — Si nous sommes toujours cette nation qui a étonné l’Europe de son audace et de son succès, leur dira Bonaparte, si une juste confiance ranime nos forces et nos moyens, nous n’avons qu’à nous montrer et le continent aura la paix. C’est là ce qu’il faut faire sentir aux Français, c’est à un généreux et dernier effort qu’il faut appeler tous ceux qui ont une patrie et l’honneur à défendre.
    Et au peuple – il ne dit pas encore : « mon peuple » – il déclare :
    — Français, vous désirez la paix, votre gouvernement la désire avec plus d’ardeur encore. Le ministère anglais a trahi le secret de son horrible politique. Déchirer la France, détruire sa marine et ses ports ; l’effacer du tableau de l’Europe, ou l’abaisser au rang des puissances secondaires... Que les jeunes citoyens se lèvent. Ce n’est plus pour des factions, ce n’est plus pour le choix des tyrans

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